En Jordanie avec le roi Philippe et les Forces spéciales belges – Paris Match Belgique
Découvrez le sommaire
Découvrez le sommaire
Publié le 16-06-2023 à 09h25
Nous avons pu observer, aux côtés de la délégation belge dont la ministre de la Défense Ludivine Dedonder, plusieurs «démonstrations dynamiques» des unités des Forces Spéciales belges et jordaniennes.
L’entraînement au long cours (jusqu’au 27 juin) de cinq cents militaires belges, principalement issus du régiment belge des Opérations spéciales (le SO Regt) se déroule entre le sud désertique de la Jordanie et le ‘King Abdullah Special Operations Training Center’ (KASOTC) à Amman. L’ensemble de l’exercice s’appelle Agile Apex 2023 et est appuyé par « des éléments médicaux et logistiques ainsi que des hélicoptères du 1er Wing de Beauvechain ». Les véhicules sont arrivés par voie maritime, précise la Défense.
13 juin. Dans l’avion qui emmène la délégation belge – dont un renfort de militaires belges qui partent rejoindre leurs pairs déjà présents sur le terrain jordanien – le roi Philippe vient saluer chacun. Il est en treillis. Béret bordeaux. La démarche souple. Détendu. Il est, comme on l’a constaté à plusieurs reprises dans le passé, particulièrement à l’aise dans l’univers militaire. Il a entamé des études à l’École Royale Militaire (ERM) en 1978. Passionné d’aviation, il opte pour la force aérienne et obtient son brevet de pilote de chasse. Il décrochera aussi le brevet de parachutiste et de commando. Dans l’avion, il nous dit son attachement pour ce type de formation, une vraie passion. Une fierté aussi, et une tradition, transmise notamment à ses deux aînés, Élisabeth et Gabriel. La princesse héritière a suivi un cursus d’un an à l’ERM – avec un mois de rappel annuel. Depuis le 22 août 2022, Gabriel y suit à son tour les cours de sciences sociales et militaires.
A Amman, le roi des Belges est reçu dans la soirée au Palais par le roi Abdallah. Les hommes se connaissent bien. Ils se sont vus récemment encore, pour le mariage du prince héritier, Hussein, événement fastueux qui a réuni la crème du gotha international.
Mercredi 14 juin. Banlieue de Hamman. Nous rejoignons le KASOTC (King Abdullah II Special Operations Training Center), centre d’entraînement pointu avec équipements dernier cri. Un site inauguré en 2009 et dans lequel auraient été investis plus de 200 millions de dollars. Fine technologie et décor imposant. Plaine aride, roches escarpées, falaises verticales formant une sorte de canyon géant aux tons ocre. Un village reconstitué permet de pratiquer les opérations en milieu urbain. Un terrain d’entraînement géant – 2,5 kilomètres carrés dans un climat et des conditions très différentes. Autant de points forts qui vont enrichir le know-how des soldats belges. Au-delà du partage et de l’échange de techniques, de cet enrichissement réciproque, c’est aussi une façon de se « challenger », nous dit un soldat belge.
L’infrastructure est unique. Elle permet un éventail de formations à des techniques de combat avec les forces armées jordaniennes : la libération d’otages, les actions directes en milieu urbain (dont les techniques d’entrée avec explosifs), les mouvements tactiques, le combat motorisé, la survie dans le désert, le maniement de certaines armes…
Derrière les gradins qui attendent les officiels, des affiches d’Abdallah et de son fils, le prince Hussein. Sourires amples, armes en main. Au loin, deux hélicoptères se posent. Le roi de Jordanie est dans l’un d’eux. Il rejoint la délégation belge en voiture. Arrive à pas de loup. Mouvements discrets, presque furtifs. Trajectoire dûment balisée en amont par des officiers de sécurité. Il apparaît au côté de Philippe. Silhouette trapue, regard intense, gestuelle directe.
Les démonstrations auxquelles les deux souverains assistent comptent plusieurs étapes avec tirs à balles réelles. Dans le décor avec village reconstitué, on suit une simulation de libération d’otage plutôt sonore et très visuelle. Les troupes belges et jordaniennes s’y déploient dans une chorégraphie solidement orchestrée. Déplacements au millimètre, relais précis, tireurs planqués en amont, à plat ventre, soldats qui prêtent secours à des blessés. Déflagrations de grenades explosives. Nuages de poudre jaunâtre. Effets très spéciaux des forces spéciales. Réaliste et pétaradant.
Outre ses infrastructures « uniques » pour ce type d’exercice, la Jordanie offre des conditions de combat proches de la réalité. Elle a recréé dans un cadre naturel la toile de fond et le contexte des « stratégies urbaines » notamment. Le climat et la géographie du terrain permettent aussi de préparer les troupes à des interventions en zone désertique.
C’est par ailleurs un pays allié « hors sérail », une alliance en-dehors de l’Otan, ce qui, souligne un diplomate, est également porteur et précieux.
Les Forces spéciales doivent être constamment entraînées, sur des terrains variés. Les soldats belges, déjà présents dans divers pays sont soumis à une formation continue, des updates nécessaires sur des territoires étrangers. D’autres étapes sont prévues. Ils poursuivent ainsi leur « training » sur des terrains variés à un rythme soutenu – élément indispensable pour maintenir et accroître la performance de ces unités d’élite.
“En trois mois, nous pouvons transformer un civil en militaire”
Les « Forces spéciales royales », unité militaire anti-terroriste jordanienne, fut créée en 1963 sur ordre du roi Hussein. Figurant parmi les premiers pays à disposer d’une telle structure, la Jordanie a conclu des contrats avec d’autres Etats dont le Maroc, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Libye, l’Algérie, Oman, le Koweït, l’Irak, le Liban, le Qatar.
« Nous sommes moins nombreux qu’à une époque mais avons gagné en qualité », nous dit un membre des unités jordaniennes. « En trois mois, nous pouvons transformer un civil en militaire. Une série de critères sont pris en compte pour les candidatures aux Forces spéciales. Il faut mesurer au moins 1m70, être relativement « fit », du moins pas en surpoids. S’il y a un manque de condition physique, ce n’est pas un problème, nous allons y remédier, nous assurons la mise en forme. Les tests psychologiques sont cruciaux aussi. Il faut pouvoir avant tout démontrer sa détermination à rejoindre les Forces… Les manquements à la discipline excluent d’office les candidats ou trainees. Le diplôme d’enseignement secondaire est requis, une formation générale en histoire, géographie etc est nécessaire également. Il y a des tests de culture générale. Nous avons de plus en plus d’universitaires qui posent leur candidature. Il faut aussi des notions de technologie, d’optique car nous utilisons un matériel divers dont des drones etc. L’analyse de la sécurité digitale est essentielle également. Dans l’ensemble, c’est un « équilibre » de ces points parmi d’autres qui sera évalué et déterminera la sélection d’un candidat potentiel. Suivront bien sûr toutes les formations pour les qualifications de base et de pointe. Physiques, intellectuelles, psychologiques, techniques d’infiltration, d’exfiltration etc. La liste est longue.»
Par ailleurs, commente-t-il, les techniques des troupes jordanienne et belges sont souvent similaires à quelques détails près, comme certains positionnements des armes.
Elles se complètent aussi. C’est évidemment un des atouts de ce type d’opération.
Les dernières news
Conor McGregor accusé de viol pendant la finale NBA aux États-Unis
En Jordanie avec le roi Philippe et les Forces spéciales belges
La réponse du monde au réchauffement climatique est “pitoyable”, dénonce l’ONU
Marie-Ange Casta et Marc-Antoine Le Bret : Rares photos de leur mariage, 4 ans après
Un enfant meurt dans un accident de la route avec des Youtubers à Rome
Cette semaine dans ParisMatch
Les autres sites IPM
Contactez-nous
Mentions légales
Copyright © parismatch.be 1996-2023 Ipm sa – IPM | Ce site est protégé par le droit d'auteur