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Séisme au Maroc : pourquoi Rabat refuse la main tendue de la France – Sud Ouest

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« C’est une mauvaise querelle : le Maroc n’a refusé aucune aide, aucune proposition. Il est un pays souverain et il est seul en mesure de dire quels sont ses besoins et le rythme auquel il souhaite que des réponses soient apportées. » Catherine Colonna s’est évertuée lundi à dissiper le malaise perceptible depuis que le Maroc s’est abstenu, dans les premières heures après le séisme et depuis, de faire appel à la France pour participer aux secours.
Mais comment suivre la ministre des Affaires étrangères française lorsqu’elle minimise le camouflet infligé à Paris par le Maroc dont les liens…
« C’est une mauvaise querelle : le Maroc n’a refusé aucune aide, aucune proposition. Il est un pays souverain et il est seul en mesure de dire quels sont ses besoins et le rythme auquel il souhaite que des réponses soient apportées. » Catherine Colonna s’est évertuée lundi à dissiper le malaise perceptible depuis que le Maroc s’est abstenu, dans les premières heures après le séisme et depuis, de faire appel à la France pour participer aux secours.
Mais comment suivre la ministre des Affaires étrangères française lorsqu’elle minimise le camouflet infligé à Paris par le Maroc dont les liens économiques et humains avec l’Hexagone sont pourtant d’une ampleur sans équivalent ? Certes, des ONG françaises sont sur place, avec une aide de 5 millions d’euros délivrée par le gouvernement français, certes des échanges officiels ont lieu « à tous les niveaux ». Mais que la France ne fasse pas partie des pays appelés par le Maroc interroge.
Les Émirats arabes unis, le Qatar, l’Espagne et la Grande-Bretagne : voilà la liste réduite des pays dont l’aide a été acceptée par Rabat. « Les deux premiers sont des monarchies arabes prospères et amies du Maroc, l’Espagne est récompensée pour sa position pro marocaine sur le dossier du Sahara occidental, quant à la Grande-Bretagne, peu présente au Maroc, la choisir est un moyen de faire la nique aux Français », commente Pierre Vermeren, historien spécialiste du Maghreb (1).
Difficile en effet de comprendre qu’avec son expertise reconnue en matière de protection civile et sa proximité avec le peuple marocain, la France soit laissée sur la touche. « Le Maroc, attaché à sa souveraineté, saisit l’occasion pour dire aux Français qu’il n’a plus besoin d’eux, mais la raison essentielle tient bien sûr à la crise qui plombe depuis des années la relation franco-marocaine et dont l’Élysée et le Quai d’Orsay peinent à reconnaître la gravité », souligne un connaisseur du dossier.
Depuis des mois, le poste d’ambassadeur du Maroc à Paris est vacant. Une incongruité entre des pays dont les liens sont si denses avec 1,5 million de Marocains et binationaux installés en France et 55 000 Français installés au royaume chérifien. Le dernier voyage d’Emmanuel Macron au Maroc remonte à 2019 pour l’inauguration du TGV Tanger-Rabat. Depuis, aucune date n’a été fixée pour une nouvelle visite du Français. Et la présence à Paris de Mohammed VI juste avant le séisme n’a rien donné, même si le roi et le président se sont parlé.
Le contentieux est lourd. Celui sur les visas, dont la France avait réduit la distribution, a été en partie levé. Mais l’affaire de l’espionnage marocain en France, via le logiciel israélien Pegasus, a laissé des traces à Paris. Le Maroc, lui, n’a pas aimé voir dénoncer à Bruxelles et à Strasbourg l’intensité de son « lobbying », mâtiné de corruption, pour soutenir la revendication de Rabat sur le Sahara occidental : « Les Marocains sont persuadés que Paris a tiré les ficelles », témoigne Pierre Vermeren.
Mais c’est le refus de la France d’emboîter le pas aux États-Unis, à l’Espagne et à Israël et reconnaître la « marocanité » de l’ex-colonie espagnole du Sahara occidental qui exaspère les Marocains. « L’Espagne a fini par céder à une pression incessante et Rabat veut que Paris cède aussi », souligne le connaisseur du dossier. Les États-Unis, qui avaient lancé le mouvement sous Trump, n’ont pourtant pas été appelés par le Maroc. Curieux ? « Pas vraiment, car Joe Biden n’a repris la position de son devancier que du bout des lèvres. »
La France a aussi le grand tort, aux yeux de Rabat, de sembler privilégier la relation avec l’Algérie. La tentative de Macron d’apurer le contentieux avec Alger a beau être jusqu’ici un échec, cela ne calme pas le ressentiment du Maroc qui est d’autant plus enclin à vouloir se passer de la France que, malgré un bilan qui frise les 3 000 morts, le séisme du 9 septembre n’a pas la dimension apocalyptique de celui qui a affecté la Turquie et la Syrie le 6 février dernier.
En essor sur la scène africaine et mondiale, le Maroc songe de plus en plus à s’émanciper de la famille francophone et se diversifier en regardant vers le monde anglo-saxon et la langue anglaise. Il serait aussi, observe notre interlocuteur, sensible « à la petite musique antifrançaise » qui s’est répandue en Afrique. Une raison de plus pour prendre le risque d’aggraver le contentieux avec la France dont on voit mal, à ce stade, quand il va pouvoir se résorber.
(1) Pierre Vermeren est par ailleurs chroniqueur à « Sud Ouest Dimanche ».
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