Le concombre marocain indésirable en Europe ? – Jeune Afrique – Jeune Afrique
Par Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
© Damien Glez
« Oxamyl » : insecticide, acaricide et nématicide, qui peut entraîner, selon la dose ingérée et la fréquence d’exposition au produit chimique, des maux de tête, des vertiges, une gêne thoracique, de la confusion, une vision floue, de la transpiration, des nausées, des crampes, une constriction des pupilles, un pouls lent, la cécité et même la mort. Utilisée notamment pour le traitement du sol et sur le feuillage des plantes, en culture maraîchère, la substance a été détectée, en fin de semaine dernière, aux portes du Portugal et dans une proportion supérieure à 0,01 mg/kg, sur des concombres tout frais débarqués du Maroc…
Le 21 avril dernier, le système d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) est mis en branle. Jugés « en forte présence » par la notification 2023.2642, les résidus de pesticides dépassent largement le taux accepté par la législation européenne, la limite maximale de résidus (LMR). Le RASFF qualifie cette question de « potentiellement grave ». Sans états d’âmes, les autorités portugaises entreprennent alors de détruire le stock en voie d’importation, pour éviter que les concombres n’atteignent les marchés d’autres pays de l’Union européenne (UE)…
De récentes études de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ont tiré la sonnette d’alarme, à propos de l’utilisation de l’oxamyl, efficace contre les ravageurs, dans la culture des concombres, mais aussi des bananes, des pommes de terre, des melons, des carottes, des pastèques, des tomates, des salsifis, des courgettes ou des aubergines, et la Commission européenne vient d’acter son interdiction.
La mésaventure de cette récente cargaison de concombres augure donc d’autres difficultés pour la filière marocaine, qui exporte beaucoup de fruits et légumes à l’étranger, en dépit d’appels à l’arrêt des exportations pour réserver la production aux Marocains, dont le pouvoir d’achat s’est dégradé, depuis la forte inflation, notamment des denrées alimentaires.
Dans le seul secteur du concombre de serre, les exportations du Maroc ont plus que triplé au cours des cinq dernières années, atteignant 20 000 tonnes en 2022 : environ les deux tiers vers les pays européens, dont un tiers pour la seule péninsule ibérique. Le royaume devra-t-il se réserver la production – au risque de conséquences sanitaires – ou se résigner à aligner son niveau de pesticides accepté sur celui des pays de l’UE ?
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