Dialogue social : le gouvernement sur la corde raide ! – Ecoactu
L’accord social établi le 30 avril 2022 entre gouvernement, patronat et syndicats les plus représentatifs a été un soulagement et une prouesse pour l’exécutif après un statu quo qui n’avait qu’assez duré. Et ce quelques mois seulement après le démarrage de son mandat.
Outre les valorisations des salaires, le canal du dialogue désormais intentionnalisé (avec ratification de la charte nationale sur le dialogue social) était ouvert et devait s’attaquer à des questions épineuses particulièrement le droit de la grève, la réforme du code du travail et enfin, une question et pas des moindres, la réforme de la retraite.
Mais ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes attentions ? En effet, les vents ont bien tourné depuis début 2022 avec une conjoncture des plus difficiles exacerbée par le reliquat de la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, et une inflation qui a pris le monde en étau.
L’enthousiasme est vite tombé en 2023, exercice pénible pour l’exécutif dans un contexte de resserrement des conditions financières avec un impact sur la relance économique tant espérée, une érosion du pouvoir d’achat face à un renchérissement sans précédent du coût de la vie, que certains engagements s’avèrent désormais dépassés.
D’ailleurs, cela a bien été constaté lors du round d’avril 2023 avec un sérieux frein dans la mise en œuvre des accords conclus précédemment, et notamment ceux du 30 Avril 2022.
« Les principaux points de divergence entre partenaires sociaux concernent la revalorisation des salaires, la réforme du système de retraire, l’exercice du droit de grève et certaines dispositions du code de travail ainsi que la loi relative aux syndicats professionnels. S’agissant des revendications salariales, les syndicats, se référant à l’accord du 30 Avril 2022 où l’engagement d’amélioration des revenus est formellement consigné, réclament une augmentation générale des salaires. Les syndicats considèrent, de plus, que la deuxième tranche de revalorisation du SMIG fixée à 5 % en septembre prochain se trouve actuellement largement dépassée compte tenu de la persistance des tensions inflationnistes. Ils réclament en conséquence une hausse du salaire minimum entre 10 et 15 % pour un rattrapage de la perte de pouvoir d’achat des revenus des travailleurs », soutient le CMC.
Cette revalorisation devrait par ailleurs être soutenue, selon les syndicats, par une révision à la baisse des barèmes de l’impôt appliqué aux revenus modestes ainsi que des taux de la TVA sur les produits de grande consommation.
Ces revendications constituent pour les représentants des travailleurs un ensemble de mesures visant la protection du pouvoir d’achat et du niveau de vie des salariés qui ont été fortement éprouvés par la hausse des prix.
« Du côté du patronat, la hausse salariale portant notamment sur le SMIG ne peut aller au-delà de ce qui été consenti auparavant, au terme de l’accord du 30 avril 2022. La raison avancée en est que les entreprises font face à une forte montée des risques avec le repli du cycle des affaires, l’alourdissement des charges et la baisse de productivité dans un environnement fortement compétitif », selon le CMC.
Pour ce qui est du Gouvernement, il était très attendu sur le droit de grève et la modification de certaines dispositions du code de travail, avec un calendrier bien précis : janvier 2023 pour le 1e point et juillet 2023 pour le 2e. Et on y est presque, et sauf surprise de dernière minute, le gouvernement n’y pas.
Certes on parle d’un texte achevé mais qui doit recueillir l’aval des différentes parties. Autrement dit, retour à la case départ.
En effet, les employeurs vont même jusqu’à conditionner l’application de la seconde hausse du SMIG prévue pour septembre prochain par les progrès enregistrés sur les questions de l’exercice du droit de grève et de l’amendement du code du travail prévues dans l’accord du 30 avril 2022, explique le CMC.
Du côté des syndicats, les modifications envisagées que ce soit au niveau du code du travail ou en ce qui concerne l’exercice du droit de grève suscitent les réserves les plus expresses. S’agissant plus particulièrement du droit de grève, les représentants des travailleurs estiment que les dispositions proposées ont pour effet de restreindre les libertés syndicales, relève-t-il.
Ce qui n’est pas pour faciliter la tâche au gouvernement qui doit encore plancher sur le Code du travail. Mais pas seulement.
Ce qui rend la tâche encore plus ardue, cerise sur le gâteau, il faudra encore chercher un compromis sur la réforme de la retraite au Maroc. « Les propositions du gouvernement visant à retrouver, à terme, l’équilibre du système à travers le recul de l’âge de la retraite, la hausse des cotisations et la réduction des pensions, ne retiennent pas l’adhésion des syndicats. Des discussions doivent être approfondies à ce sujet pour aboutir à un accord acceptable pour toutes les parties prenantes. Il en est de même pour les questions ayant trait au code du travail et aux conditions d’exercice du droit de grève. Un consensus sur les nouvelles dispositions à mettre en œuvre dans ce domaine reste encore à trouver », relève le CMC.
Les différentes partis devraient se retrouver dans moins d’un mois (désormais institutionnalisé le dialogue social prévoit deux rounds par an), dans un climat tendu entre patronat et syndicats. Le gouvernement réussira-t-il à réunir les conditions (ou trouver de nouveaux moyens) pour faire tomber le climat de défiance qui prévaut actuellement ?
La question demeure posée.
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