Trouble du déficit de l'attention : les enfants toujours privés de traitement, les parents montent au… – Le Matin
Hajjar El Haïti,
Portrait of a boy daydreaming in an elementary school class
Les parents des enfants atteints de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité au Maroc ont organisé un sit-in vendredi dernier devant le ministère de la Santé à Rabat pour protester contre la non-disponibilité de médicaments indispensables à la prise en charge du TDAH et appeler les responsables à agir pour le rendre accessible.
On estime que le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) touche entre 5 à 8% des enfants dans le monde. Il constitue un réel handicap cognitif et social sévère et persistant. Or des traitements médicamenteux existent et contribuent à améliorer considérablement le quotidien des patients et éviter des conséquences graves telles que l’échec scolaire, les addictions, la dépression, voire le suicide… Malheureusement, ces médicaments ne sont pas commercialisés au Maroc. Parents d’enfants atteints de TDAH et adultes souffrant de ce trouble, acteurs de la société civile, médecins, enseignants… appellent depuis des années à introduire ces traitements au Royaume et les rendre accessibles aux patients. Lassés d’attendre, ces derniers ont organisé, le 28 juillet dernier, un sit-in devant le ministère de la Santé à Rabat pour dénoncer la non-disponibilité de ces médicaments indispensables à la prise en charge du TDAH et appeler les responsables à agir rapidement.
>>Lire aussi : TDAH : L’école l’Escalade présente son programme scolaire de prise en charge
«Lorsqu’on souffre de TDAH, c’est pour la vie. Il faut apprendre à se débrouiller dans différentes situations avec ce trouble. Le traitement médicamenteux, qui a fait ses preuves à l’étranger dans la prise en charge du TDAH en particulier les formes sévères, n’est malheureusement pas commercialisé au Maroc. Cela prive les patients de mener une vie normale, d’exceller dans leurs études et parfois même de fonder une famille. Ils n’ont tout simplement pas accès à une véritable prise en charge faute de médicaments», déclare au «Matin» Malika Chammache, professeure universitaire spécialiste en TDAH. Cette dernière souligne que le TDAH est un trouble méconnu de l’opinion publique. «Les personnes souffrant de TDAH sont souvent mal vues par la société. Elles sont généralement traitées de fainéantes, capricieuses, mal éduquées… Cela cause une double souffrance pour les patients et leurs familles qui, en plus du handicap causé par le trouble, se sentent seuls et stigmatisés. Il est aujourd’hui grand temps de lever le voile sur le TDAH et éradiquer les stéréotypes qui l’accompagnent», déplore Mme Chammache.
La spécialiste a également souligné qu’avant la tenue du sit-in, de nombreuses lettres ont été adressées au ministère de la Santé, mais rien n’a été fait. «Malgré nos multiples correspondances avec le ministère, rien ne bouge. Tout ce que nous avons eu c’est des promesses qui n’ont pas été tenues. Mais aujourd’hui, il faut agir vite. Ce médicament permet aux patients d’éviter les comorbidités qui accompagnent le TDAH, telles que l’anxiété et la dépression… il est disponible dans plusieurs pays étrangers, même arabe… Nos enfants et les adultes souffrant de TDAH ont le droit d’accéder à ce médicament qui aura un impact considérable sur leur qualité de vie», insiste notre interlocutrice. «Nous ne demandons pas grand-chose ; simplement l’octroi de l’autorisation de mise sur le marché des différents médicaments de TDAH. Tout ce que nous souhaitons est que ces médicaments soient disponibles dans les pharmacies marocaines, car tout le monde n’a pas les moyens de les commander de l’étranger. Le Maroc dispose d’une industrie pharmaceutique développée avec un potentiel de production important. C’est vraiment dommage de ne pas disposer de ces traitements capables de changer la vie de nos enfants et leur avenir», poursuit-elle.
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Tout d’abord qu’est-ce que le TDAH ?
Le TDAH est un trouble neuro-développemental. Il s’agit, en effet, d’une atteinte du fonctionnement du cerveau qui démarre dès le début du développement du bébé. Il a trois composantes, à savoir les troubles attentionnels, l’hyperactivité et l’impulsivité. Ce trouble, dont les symptômes apparaissent très tôt, peut avoir un impact comportemental, mais également des conséquences sur la scolarité avec des difficultés d’apprentissage.
Quelle est l’importance du traitement médicamenteux pour les personnes atteintes de TDAH ?
Le traitement médicamenteux ne peut être démarré qu’à partir de l’âge de 6 ans. Avant cet âge, si l’enfant a de graves troubles comportementaux ou de grandes difficultés à suivre à l’école, on commence par faire de la psychomotricité en attendant d’atteindre l’âge idéal pour introduire le traitement médicamenteux. Ce dernier aura un effet immédiat. Dès la première semaine, on peut voir une amélioration notable que ce soit au niveau du comportement ou de la concentration. La durée du traitement dépend de l’amélioration des symptômes. C’est un traitement qui a plus de 60 ans d’expérience qui ne donne pas de dépendance. Il n’est pris que pendant les jours de l’école et on l’arrête généralement le week-end et les vacances. Il ne présente pas de graves effets secondaires. En complément du traitement médicamenteux, on peut faire de la thérapie comportementale.
Comment se débrouillent les patients au Maroc en l'absence du médicament ?
L’absence du traitement médicamenteux au Maroc est une grande souffrance pour les familles qui ont un enfant souffrant de TDAH et même pour nous, professionnels de la santé, car nous voyons toutes les difficultés auxquelles sont confrontés ces enfants alors que des solutions existent. Nous prescrivons tout de même ces médicaments pour les enfants dont les parents peuvent le commander de l’étranger, mais cela n’est pas à la portée de tout le monde surtout après la pandémie Covid-19. Il est grand temps de le rendre accessible au Maroc pour que nos patients marocains puissent être pris en charge convenablement.
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