Bilan Socio-économique 2022 du Maroc : entre crises successives … – Ecoactu
Et en référence aux données de l’OCED, l’économie américaine, à titre d’exemple, ralentirait à 1,8% au titre de l’année 2022, et connaitrait ainsi une sévère dégradation évaluée à 0,5% de la Valeur Ajoutée au titre de l’année 2023. Quant à la Zone Euro, Les perspectives économiques se sont dégradées aussi pour la prochaine année. En effet, la prévision de croissance de la zone euro pour l’an 2023 a été révisée à la baisse (à 0,5% contre 1,6% projeté en juin).
Pour ce qui est de l’économie marocaine, l’année 2022 s’est avéré par conséquent assez dure sur le plan socio-économique eu égard aux différents événements survenus courant ladite année : en l’occurrence la dégradation de la trésorerie des entreprises liée essentiellement aux effets post crise-sanitaire, le retard des précipitations et hausse du stress hydrique, la flambée des prix des matières à l’importation causée par le conflit armé russo-ukrainien, ainsi que la dégradation du pouvoir d’achat des classes moyenne et à faible revenu.
De ce fait, l’inflation a atteint à fin novembre 2022 le taux de 6,5% alors qu’elle ne dépassait pas en moyenne le taux de 2% auparavant, impactant sévèrement le pouvoir d’achat de la population. S’agissant de la défaillance d’entreprises, elle a connu une hausse flagrante depuis le début de la pandémie du Coronavirus. Des études estiment l’impact des défaillances d’entreprises à hauteur 40% entre les années 2020, 2021 et 2022.
Au niveau du Commercer Extérieur, le déficit commercial du Pays s’est établi à 260,8 milliards de dirhams, en augmentation de 56,4% par rapport à la même période de l’année précédente. Cette hausse est attribuée en effet à une augmentation des importations de +44,2%, et qui demeure plus importante que celle des exportations soit +36,4%, induisant un repli du taux de couverture de 3,3 points à 57,6%.
S’agissant des Finances Publiques, les recettes fiscales se sont améliorées de 17% comparativement à l’année 2021,en dépassant le chiffre prévu en Loi de Finances 2022 et à fin novembre, soit 225 Milliards de Dirhams (101,52% de réalisation). En dépit, le déficit budgétaire reste assez élevé soit 48 Milliards de Dirhams à Fin Novembre 2022.
Sur le plan de la croissance économique, et eu égard aux retards enregistrés au niveau des précipitations, le Maroc n’enregistrera même pas un taux d’évolution de 2% de la richesse nationale, malgré tous les efforts déployés dans les domaines de l’Industrie et des Services (Signature des conventions d’implémentation d’entreprises étrangères, concrétisation de partenariats PPP…), ce qui montre clairement la dépendance persistante de l’économie marocaine vis-à-vis du secteur agricole et des aléas climatiques. De ce fait, le taux de croissance de l’année 2022 restera mitigé et ne dépassera pas dans le meilleur des cas le taux de 1,5% du Produit Intérieur Brut.
Pour ce qui est de l’emploi, le taux de chômage demeure assez élevé (aux alentours de 11,5 % au niveau national), vu l’incapacité des acteurs publics-privés à satisfaire l’ensemble des demandes d’emploi, spécifiquement 200 000 nouveaux demandeurs de postes pour chaque année universitaire, lauréats d’écoles et d’universités publiques ou privées.
Quant au relèvement du taux directeur de la Banque Centrale de 50 Points, cette décision est considérée tardive puisqu’il fallait l’activer bien avant, et ce afin de favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix du Pays.
En revanche, l’année 2023 ne sera pas une année économique ordinaire. Les prévisions de croissance à l’échelle mondiale sont alarmantes, et on prévoit une récession générale post crise-sanitaire. Pour le cas du Maroc, et selon moi, le meilleur moyen de surpassé ladite conjoncture, est d’opérationnaliser le chantier du Modèle de Développement à travers, entre autres, une meilleure mise en œuvre de la nouvelle charte des investissements, en vue d’encourager les opérateurs à accélérer le rythme de l’investissement productif créateur de valeur ajoutée et générateur d’emplois.
Il est question aussi de préserver le pouvoir d’achat des citoyens des chocs extérieurs liés à l’inflation importée, moyennant des mesures de soutien étatiques, afin de favoriser la consommation intérieure et l’épargne nationale. En outre, il va falloir rafraîchir le cycle financier et économique des entreprises du tissu entrepreneurial marocain à travers la réduction significative des délais de paiement et la facilitation de l’octroi du financement, et plus particulièrement la simplification de l’accès aux marchés nationaux (appels d’offres, commandes publiques-privées, contrats-programmes…).
Par Youssef Guerraoui Filali
Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management
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