Prospective – Nouveau Mémorandum économique de la Banque … – Article19.ma
Ce rapport de 360 pages est remarquable pour au moins trois motifs :
C’est avant tout un rapport de prospective. Considérant, comme Fernand Braudel, que « l’avenir ne se prévoit pas, mais se prépare ».
Le Mémorandum propose des pistes pour construire le Maroc de 2040, et favorise, pour cela, la convergence avec les pays du Sud de l’Europe, un scénario cher à l’IPEMED depuis son projet « Méditerranée 2030 ».
Et l’enjeu est de taille puisque le PIB par habitant du Maroc pourrait atteindre 45 % de celui des Européens du Sud en 2040 contre 22 % actuellement. C’est le scénario d’un pays émergent, stable politiquement, qui veut et peut jouer la carte de la jeunesse, du progrès et de la modernité en valorisant ses atouts et réduisant ses faiblesses, lit-on dans la préface de ce document.
Celui-ci est optimiste, mais les projections de la Banque mondiale s’appuient sur un diagnostic réaliste du Maroc en 2016. De plus, ce rapport a le mérite de ne privilégier qu’une variable stratégique :
l’accumulation du capital immatériel. Finis les scénarii et les planifications complexes où les variables (le travail, le capital, le commerce extérieur, les lois, les réglementations, etc.) se multiplient et interfèrent, laissant les décideurs politiques devant des choix difficiles.
Dans ce rapport, une seule directive : favoriser l’augmentation durable de la productivité de l’économie marocaine à travers une plus grande accumulation du capital immatériel.
La phase d’accumulation du capital matériel, initiée notamment par le « Plan Emergence », doit désormais être complétée par une phase d’accumulation du capital immatériel. Il faut maintenant, pour le Maroc, agir sur la qualité des emplois (au moyen de l’éducation et de la formation), l’amélioration des structures d’appui au marché, la transformation des institutions et services publics, et enfin, l’amélioration du capital social (parité entre les hommes et les femmes, modernisation du droit, etc.).
En un mot, « il ne faut pas uniquement continuer à créer du nouveau mais améliorer la qualité de l’existant », pour que les générations actuelles et futures bénéficient des conditions propices à une croissance durable, inclusive, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée, affirment les auteurs de ce document.
Cela rejoint les fondements de l’économie déjà énoncés par Jean Bodin : « il n’y a ni richesse ni force que d’hommes ». Enfin, ce Mémorandum projette le Maroc dans la révolution industrielle du XXIe siècle, celle de l’économie numérique et de l’économie collaborative. Le monde dans lequel évoluent les jeunes favorise, avec l’Internet, la digitalisation des échanges, le partage des objets et des fonctions et l’émergence de nouveaux paradigmes économiques (économie collaborative, « circuits courts », etc.).
Tels sont les paramètres de l’économie du futur, affirme-t-on.
Article19.ma
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