MRE. Les mesures prioritaires pour booster les investissements – La Vie Éco
Faute de mécanismes adéquats, les investissements des MRE au Maroc restent très faibles. Une anomalie que le gouvernement tente de résoudre en réformant en profondeur son dispositif d’incitations, en particulier le fonds MDM Invest.
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C’est un fait : les MRE n’investissent que très peu dans leur pays d’origine. Non par manque d’intérêt ou d’opportunités, mais plutôt par manque de véhicules attrayants capables de drainer massivement les fonds de la diaspora vers l’investissement productif. Les chiffres sont sans équivoque : selon une étude du HCP publiée en 2022, seuls 2,9% des migrants actuels ont déclaré avoir réalisé des projets d’investissement au Maroc. Les MRE sont pourtant particulièrement généreux en matière de transferts de fonds vers leur pays d’origine.
2022 a même été une année record en la matière : les envois de la diaspora se sont établis à plus de 109 milliards de dirhams, en hausse de 16,5% sur un an. C’est presque 15,5 milliards de dirhams de plus que le précédent record, qui datait de 2021 (93,6 milliards de dirhams). La solidarité des MRE envers leurs proches restés au Maroc n’a, en réalité, jamais faibli, et s’est même accentuée, surtout depuis la crise sanitaire.
Il reste que cette manne est très peu orientée vers l’investissement. Un récent avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) montre que 42,3% des MRE font des transferts d’argent au bénéfice des parents, des conjoints et de la famille. Les transferts de fonds servent ainsi essentiellement, selon la même source, à «améliorer l’accès aux biens de consommation de première nécessité, au logement, à l’eau et à l’électricité». En revanche, seulement 1,3% des transferts des MRE seraient destinés à l’investissement, estime l’institution. Une part qui culmine à 45% au Nigéria et 35% au Kenya…
Dépoussiérer le fonds MDM Invest
Par ailleurs, au Maroc, plus de 40% de cette «portion marginale» des transferts des MRE investie l’est dans le secteur de l’immobilier. Viennent ensuite l’agriculture (19%), la construction (16,6%), le commerce (5,5%), la restauration et cafés (4,5%) et les autres services (6%). Une autre étude, celle du HCP, révèle que les raisons du non-investissement des MRE dans leur pays d’origine sont nombreuses. Les plus courantes sont liées à l’insuffisance du capital (38,9%), aux procédures administratives compliquées et la corruption (21,5%).
L’étude cite également le faible appui financier ou manque d’incitations fiscales (8,6%) et la faible expérience et formation (5,5%). Comment dans ces conditions inciter davantage les Marocains du monde à investir dans leur pays d’origine? Outre la mise en place de procédures administratives plus souples et d’un dispositif d’accompagnement dédié (un desk Marocains du monde est d’ailleurs mis en place au niveau de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations), il faudra surtout revoir, de fond en comble, les mécanismes d’incitation aux investissements des MRE, et notamment le fonctionnement du fonds MDM Invest.
Lancé en 2009, ce fonds, géré par l’ex-Caisse centrale de garantie, n’a jamais rencontré le succès escompté : quelques dizaines de dossiers seulement ont été agréés depuis son lancement. Dans son fonctionnement actuel, MDM Invest finance, conjointement avec les banques, des projets d’investissement d’un montant au moins égal à 1million de dirhams, promu directement par un MRE seul ou associé à des investisseurs marocains ou étrangers. Les projets bénéficient d’une subvention étatique de 10% du montant de la quote-part des MRE dans le projet, plafonnée à 5 millions de dirhams. Un apport en fonds propres en devises à hauteur de 25% au minimum est toutefois exigé.
Ces critères ont montré leur limite. Raison pour laquelle le gouvernement planche depuis plusieurs mois sur une nouvelle version de ce dispositif qui en corrigerait les lacunes et en faciliterait l’accès. L’amendement principal concerne l’apport minimum en fonds propres qui sera réduit. Autre nouveauté : la possibilité que cet apport se fasse également en dirhams, et non uniquement en devises. Le gouvernement prévoit également d’élargir la cible de ces investissements à d’autres secteurs stratégiques et d’avenir, tels que l’énergie, le transport, la logistique, l’économie verte et les nouvelles technologies.
Ouvrir le Fonds Mohammed VI aux MRE
La réforme de MDM Invest prévoit également d’associer le fonds à l’offre du fonds Innov Invest en faveur des MRE porteurs de projets innovants. Le même schéma est également envisagé avec les programmes d’accompagnement et de financements des petits projets, comme le programme Intelaka.
Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement peut également servir de fer de lance pour les investissements des Marocains du Monde dans leur pays d’origine. Le CESE préconise à ce propos «d’ouvrir activement le Fonds Mohammed VI pour l’investissement aux apports des MDM et de mettre en place un fonds d’investissement dédié aux MDM dans le but de consacrer des ressources à des activités ayant un impact positif social et environnemental, au private equity, et à l’économie sociale et solidaire».
Le marché marocain des capitaux n’est pas en reste et devra également jouer sa partition. Le CESE appelle dans ce sens à encourager les acteurs du secteur financier marocain à développer des produits d’épargne et de retraite complémentaires et attractifs dédiés aux MDM.
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