La santé mentale, un enjeu oublié au Maroc – Courrier international
Malgré une hausse importante du nombre de personnes en détresse psychique, la santé mentale reste un sujet tabou au royaume chérifien. Une question qui fait la une de l’hebdomadaire marocain “TelQuel”.
“Troubles mentaux : les Marocains seuls face à leur sort”, titre en une le magazine TelQuel, qui consacre cette semaine son numéro à la santé mentale des Marocains. L’hebdomadaire explique comment le déni de la maladie, les tabous de la société et une “offre de soins insuffisante” font obstacle à la prise en charge des patients.
Les chiffres sont pourtant sans appel, 48,9 % des Marocains âgés de 15 ans ou plus “ont ou ont déjà eu des signes de troubles mentaux”. Le confinement et l’angoisse liée à l’épidémie de Covid-19 qui s’est étalée sur près de deux ans auraient ajouté à l’“urgence psychique”.
Le Dr Omar Battas, universitaire et chef du service psychiatrique au CHU Ibn Rochd, à Casablanca, estime que sur les deux dernières années, il y a eu une hausse de près de 30 % de certains troubles psychiques comme la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeil et les troubles du comportement.
Selon une étude nationale sur les prévalences des troubles mentaux, 26,5 % des Marocains souffriraient de dépression, 9 % de troubles anxieux, 5,6 % de troubles psychotiques et 6,5 % auraient des “idées suicidaires”.
Mais malgré cette large prévalence, les Marocains ont encore du mal à en parler ouvertement, et hésitent, parfois trop longtemps, avant de prendre la décision de consulter un spécialiste. “Les maladies mentales sont souvent assimilées à la folie dans la société”, note le Dr Battas.
“Une fois que j’en parle, les gens me jugent. Ils me collent l’étiquette de la ‘bipolaire’ qu’il ne faut pas prendre au sérieux. Même au sein de ma famille, on me juge. On me prend pour une folle”, témoigne Amina, une patiente.
Par ailleurs, il faut en moyenne dépenser entre 300 et 600 dirhams (entre 27 et 55 euros) pour une consultation dans un cabinet privé. Une somme qui n’est pas à la portée de tout le monde.
Dans les établissements publics, les moyens sont tellement insuffisants que TelQuel qualifie la santé mentale de “parent pauvre” de la santé publique dans le pays.
Toutefois, l’augmentation du nombre des suicides inquiète. Si l’OMS fait état de 1 013 suicidés en 2016, l’association Sourire de Reda, qui travaille sur la prévention du suicide, pense qu’en l’absence de recensements officiels, “le nombre de suicides est beaucoup plus important que les estimations de l’OMS”.
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Fondé en 2001, ce newsmagazine francophone s’est rapidement distingué de ses concurrents marocains en faisant une large place aux reportages et aux faits de société. Se méfiant du dogmatisme, TelQuel délaisse la politique politicienne et s’attaque à des sujets tabous tels que la sexualité.
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