Maroc/Gabon : Des intérêts mutuels qui garantissent la pérennité des relations – Hespress Français
Le général Brice Oligui Nguema a prêté serment, ce lundi 4 septembre, comme président d’une « transition » sans délai annoncé. Le nouveau dirigeant du Gabon dans son discours d’investissement a promis de rendre le pouvoir aux civils et de lutter contre la corruption et la mauvaise gestion, en plus d’œuvrer à l’amélioration de la situation économique du pays et à restaurer la dignité du citoyen gabonais à travers la redistribution de la révolution et l’amélioration de ses conditions de vie.
Alors que les relations maroco-gabonaises sous le règne d’Ali Bongo étaient qualifiées d’historiques et multidimensionnelles, d’amitié et de fraternité, l’arrivée d’un nouveau président au pouvoir au Gabon interroge. Le général Brice Oligui Nguema suivra-t-il ou non, la même politique de son prédécesseur dans ses relations avec Rabat en préservant ainsi les acquis politiques et la croissance économique réalisés par les deux pays dans le cadre des relations et partenariats qui les unissent ? Hespress a consulté deux analystes, économique et politique pour avoir leur avis sur la question qui taraude les esprits.
Le Professeur Badr Al Azrak Zaher, chercheur en droit des affaires et en économie à l’Université Hassan II de Casablanca, a expliqué qu’« il convient d’abord de noter que le coup d’Etat au Gabon est différent des autres coups d’Etat militaires qui ont touché le continent, que ce soit au Niger, au Mali ou au Burkina Faso. Le coup d’Etat au Gabon a ciblé le sommet de la hiérarchie du pouvoir dans ce pays pour un ensemble de considérations », notant que « les membres du gouvernement renversé et le reste des piliers de l’ancien régime sont en accord presque complet avec le nouveau président de la transition au Gabon, le général Oligui Nguema ».
Et le Pr Badr Al Azrak Zaher de poursuivre que « la question de la menace contre les intérêts marocains est loin d’être la nouvelle réalité qui a émergé des récents développements dans ce pays africain. Le général Brice Oligui Nguema en personne avait confirmé à sa prise de pouvoir qu’il s’engageait à protéger les intérêts de tous les pays qui ont des accords et des partenariats avec son pays y compris ceux du Maroc ».
Le chercheur en droit des affaires et en économie a indiqué que, « les nouvelles autorités gabonaises n’ont d’hostilité envers aucune partie, y compris la France », précisant que le général Brice Oligui Nguema est diplômé de l’Académie militaire de Meknès et entretient de bonnes relations avec Rabat, où il travaillait auparavant comme attaché militaire de l’ambassade de son pays ».
Badr Al Azrak Zaher a conclu en disant que, « les différents piliers du régime actuel au Gabon entretiennent de bonnes relations avec le Royaume du Maroc. En effet, la présence économique marocaine au Gabon est très importante aux yeux des autorités de ce pays. Dès lors, cette dernière préservera certainement les intérêts de Rabat et les intérêts des acteurs économiques marocains sur le territoire gabonais, d’autant plus que la position marocaine sur le coup d’État était contrebalancée par son respect de la volonté du peuple gabonais ». –
De son côté, l’analyste politique, Said Berknan, a affirmé que « le Maroc, depuis le début du XXIe siècle, a établi ses relations avec les pays africains sur la base d’intérêts mutuels, et non sur la base d’intérêts exhaustifs que les pays coloniaux ont utilisée pour bâtir leurs relations avec les pays du continent africain », notant que « la politique gagnant-gagnant qui lie le Maroc au Gabon assurera la pérennité des relations mutuelles, quelle que soit l’élite dirigeante de ce pays ».
Berknan a tenu à préciser que « les relations maroco-gabonaises ne se sont pas seulement construites sur les celles fraternelles entre la famille royale du Maroc et la famille Bongo, mais plutôt sur des accords et des partenariats profitables pour les deux pays, en ligne avec l’approche marocaine en Afrique », expliquant que « les nouvelles forces dirigeantes du Gabon ne peuvent en aucun cas renverser les accords qui servent leurs intérêts« .
L’analyste a souligné que « le coup d’Etat militaire au Gabon s’était effectué sous le signe de « protéger l’économie nationale de la mauvaise gestion et de l’attrition auxquelles est exposé le pays par certains pays occidentaux. Rabat se situe donc en dehors de ce cercle », notant que « le Maroc a une longue expérience dans le maintien de son modèle de relations économiques et politiques avec un groupe de pays africains qui ont connu un changement de régime ».
Said Berknan a souligné que « le Maroc est un modèle de pays prospère dans ses relations avec les pays africains, européens et asiatiques », avant de conclure que « les pays africains considèrent le Royaume comme une porte d’entrée vers de grands blocs politiques et économiques. Ainsi, l’État du Gabon, quel que soit celui qui le dirigera, verra Rabat dans le futur sous cet angle et dans la logique de continuité qui régit l’État dans ses obligations et contrats internationaux dans le cadre des accords et partenariats conclus avec le Royaume ».
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