Entretien avec Mariam Alami, membre de l'équipe nationale … – Maroc Hebdo
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Alors qu’elle a brillé lors de son match contre la France, dans la première Coupe du monde de billard féminin, organisée à Agadir, Mariam Alami, joueuse de l’équipe nationale et une force montante du billard marocain, nous dévoile les coulisses de son parcours inspirant et ses aspirations pour l’avenir de ce sport au Maroc.
Mariem, félicitations pour cette incroyable performance en demi-finale face à l’équipe française. Qu’est-ce que vous ressentiez lorsque vous avez marqué ces buts clés qui ont aidé le Maroc à remporter le match?
Au moment où je marquais ces buts, j’étais totalement absorbée par le jeu, si concentrée sur le match que je n’ai pas réalisé l’ampleur de ce que nous étions en train d’accomplir. C’était presque comme si nous faisions juste notre travail. Mais une fois le match terminé et que j’ai vu la vidéo publiée sur la page d’Ultimate Pool, qui partage les meilleures réalisations dans le monde, cela a pris une toute autre dimension. J’ai ressenti une immense fierté pour notre équipe et notre pays.
Une femme qui joue du billard au Maroc, ce n’est pas très commun. Comment vous vous êtes lancés dans ce sport?
Mes débuts dans le snooker remontent à mon adolescence. J’ai commencé à jouer autour de 16 ou 17 ans, sans réel encadrement formel. J’ai été attirée par l’aspect stratégique du jeu, la précision requise, la complexité des coups à réaliser. J’aimais aussi le défi de jouer contre des adversaires plus expérimentés, généralement des hommes. Parallèlement, je poursuivais mes études, et après avoir obtenu mon master en 2015, j’ai travaillé dans divers domaines, comme un centre d’appel puis actuellement je suis enseignante de français. Certes, l’image que les gens au Maroc ont du billard peut être négative, mais je ne me suis pas laissée déstabiliser, car c’est une partie inhérente du sport de haut niveau.
Quelle est la part d’entraînement physique et mentale dans votre préparation quotidienne?
L’entraînement physique et mental est une part essentielle de ma préparation. J’essaie de m’entraîner chaque jour, que ce soit sur le plan technique, stratégique ou physique, en parallèle avec mon travail autant que professeure. C’est d’autant plus important que nous n’avons pas de fédération de billard au Maroc pour nous soutenir. Heureusement, pour la préparation à cette compétition, j’ai un ami qui gère un club et qui m’a permis de s’entraîner gratuitement.
Qu’est-ce que vous pensez de la situation du snooker au Maroc ?
Il y a un grand potentiel pour le snooker au Maroc, mais nous avons encore un long chemin à parcourir. Par exemple, j’ai rencontré les autres joueuses de l’équipe nationale par hasard lors des qualifications. Nous avons formé une sorte de communauté informelle, partageant nos expériences et nos conseils. Alors que si vous regardez d’autres pays comme la France ou l’Angleterre, les joueuses ont accès à des infrastructures de haut niveau, avec des académies spécialisées, des coachs dédiés et une préparation physique et mentale rigoureuse. Au Maroc, nous manquons de ce genre de soutien. L’association marocaine des joueurs de billard fait un travail formidable, mais sans elle, le championnat n’aurait même pas pu être organisé au Maroc. Nous avons besoin d’une organisation qui rassemble tous les joueurs du billard du pays, qui nous aide à nous développer et à progresser. Pour l’instant, chaque joueur doit s’autofinancer, ce qui est loin d’être idéal. Cependant, je reste optimiste et j’espère que les choses vont s’améliorer.
Quels sont vos objectifs pour l’avenir dans le snooker ?
Mon premier objectif est de pouvoir m’entraîner plus régulièrement et plus intensément. Je voudrais aussi passer plus de temps avec les autres joueuses pour échanger et apprendre ensemble. Malheureusement, la distance entre nos villes respectives complique les choses, je suis à Kenitra, elles sont sur Casa. Sur le plan sportif, je souhaite bien sûr améliorer mon jeu. Nous avons réussi à atteindre les quarts de finale lors de ce tournoi, mais mon ambition est d’aller encore plus loin et de remporter la prochaine finale. Enfin, j’aimerais participer à des compétitions internationales, comme les prochaines organisées en Angleterre, mais les frais d’inscription sont pour l’instant trop élevés pour moi. À plus long terme, j’espère contribuer à changer la perception du billard au Maroc et montrer que ce sport n’est pas exclusivement masculin.
Enfin, quels conseils donneriez-vous à de jeunes filles marocaines qui aimeraient suivre vos traces dans le snooker?
Mon premier conseil serait de ne jamais négliger leurs études. Le billard est un sport passionnant, mais il est encore difficile d’en faire une carrière professionnelle au Maroc. À 24 ans, je me considérais déjà comme une bonne joueuse, mais j’avais la conviction que je pouvais aller plus loin, participer à des championnats. Donc, soyez ambitieuses, soyez excellentes, et lancez-vous ! C’est en participant activement que vous pourrez progresser et, qui sait, peut-être un jour remporter des championnats.
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