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Réagissant au raid effectué par le mouvement palestinien du Hamas à l’encontre d’Israël, le chef du parti du livre insiste sur le fait qu’il faut continuer de mettre la cause palestinienne sur le même pied que celle de l’intégrité territoriale.
Quelle réaction suscite en vous l’opération Déluge d’Al-Aqsa, menée par le mouvement palestinien du Hamas à l’encontre d’Israël?
Je dirais, avec le recul nécessaire, que je ne suis pas surpris. Non que j’ai été dans les secrets des dieux, bien entendu, mais quand on y réfléchit, on ne peut qu’arriver à la conclusion suivante, qui est qu’une telle attaque devait bien advenir un jour ou l’autre. Aujourd’hui, elle est du fait du Hamas, mais elle aurait très bien pu prendre une autre expression. C’est que les Palestiniens sont aujourd’hui frustrés, et pour cause. Depuis 75 ans, on leur interdit de disposer d’un État, et on foule au pied le droit international à leur détriment. Israël foule au pied le droit international. Il colonise à tout-va, et après avoir déjà fait sien l’Est d’Al-Qods, que pourtant tous reconnaissent comme un territoire palestinien, il avance ses pions de façon résolue en Cisjordanie, en attendant peut-être, qui sait, la bande de Gaza. Devant cet état de fait, quelle réaction pouvez-vous attendre des Palestiniens? Qu’ils restent les bras croisés? Ceci pour vous dire qu’à mon sens, et je crois que cela peut être évident à tout un chacun dès lors que l’on creuse un peu ou qu’on gratte simplement à la surface, c’est Israël qui est, en dernier ressort, le principal responsable de tout ce que connaît le Proche-Orient. C’est lui qui a fait de la région une poudrière, parce qu’il ne respecte pas ses engagements vis-à-vis des Palestiniens, qui ont pourtant accepté de le reconnaître et de traiter avec lui comme État constitué depuis trente ans.
Au Maroc, d’aucuns soulèvent le fait que le Hamas soit soutenu par l’Iran, qui, comme vous le savez, n’est pas le meilleur ami de notre intégrité territoriale, si l’on peut dire. Et on croit savoir que c’est quelque chose qui vous fait hérisser le poil…
D’abord, à ma connaissance, le Hamas n’a jamais pris fait et cause pour la séparation du Sahara marocain, si ce à quoi font allusion les voix dont vous faites mention. Mais de toute façon, il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège de confondre d’un côté la cause palestinienne, et de l’autre certains de ses défenseurs qui ont effectivement choisi de faire du Maroc et des Marocains et leurs ennemis, y compris à gauche, au sein de la famille politique à laquelle j’appartiens. A cet égard, je tiens à souligner que j’ai moi-même repris ces parties pour tirer les choses au clair et remettre les points sur les i, de façon très violente même, très virulente. Je vois bien, bien sûr, certains prétexter les positions de quelque franges palestiniennes pour vouloir à tout prix nous pousser dans les bras d’Israël, mais c’est une compréhension qui est au final réductrice et qui, en l’occurrence, loupe totalement le coche.
Quid du soutien israélien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara? Est-ce un élément qui est, selon vous, à prendre en compte par le Royaume dans les prises de position qu’il peut prendre?
Qu’Israël ait reconnu la marocanité du Sahara, c’est une bonne chose que nous avons d’ailleurs, au niveau du Parti du progrès et du socialisme (PPS), salué. Maintenant, le règlement du dossier ne se joue pas à Tel-Aviv, et ceux qui le croient se trompent. Si l’on veut que le Maroc gagne et fasse reconnaître la légitimité de ses revendications, c’est en renforçant le front interne, et heureusement c’est quelque chose que, depuis près de cinquante ans, nous avons réussi. Par rapport à Israël, nous devons agir en fonction des constantes de notre État et de notre diplomatie, qui, sur décision de Sa Majesté le Roi en personne, a fait de la cause palestinienne l’égale de notre cause nationale. Et c’est quelque chose qui, comme vous pouvez le croire, Sa Majesté le Roi a bien dû faire comprendre à ses interlocuteurs.
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