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Cannabis légal : « Le Maroc doit d'abord construire son propre … – Le Monde

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Khalid Tinasti
En voulant garder le contrôle policier sur l’ensemble de la chaîne commerciale, Rabat risque d’étouffer l’innovation, porteuse de retombées économiques, argumente le chercheur Khalid Tinasti.
Publié aujourd’hui à 09h00 Temps de Lecture 3 min.
Tribune. Entre les pressions régionales et mondiales pour réduire sa production illégale de cannabis, et l’opportunité d’en transformer une partie en industrie médicale légale suite au retrait du cannabis de la liste des substances sans valeur thérapeutique dans la convention unique sur les stupéfiants en décembre 2020, le Maroc a choisi de répondre en adoptant sa loi sur les usages licites du cannabis en juillet 2021.
Visant le développement d’une filière industrielle nouvelle mais portée par le ministère de l’intérieur (et non ceux de l’industrie, de la santé ou de l’agriculture), la loi incarne le chemin de crête que prennent les autorités marocaines : d’un côté garder un contrôle policier sur la chaîne commerciale, de la culture de la plante à la livraison de produits finis, et de l’autre espérer convaincre l’opinion publique en développant une filière d’export à forte valeur ajoutée, permettant des débouchés économiques solides aux cultivateurs traditionnels des montagnes du Rif, première zone de production illégale au monde.
Cette approche prudente est certes en conformité avec le droit international qui classe le cannabis comme substance aussi addictive que l’héroïne ou la cocaïne, et impose un contrôle strict de ses utilisations légales. Elle sert aussi de point d’équilibre entre conservateurs et libéraux dans le pays en légalisant quelques usages tout en les maintenant sous tutelle policière, cette réforme ayant été prônée et appuyée par deux corps progressistes, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) et le Conseil économique, social et environnemental, alors que le parti islamiste Justice et développement, celui du chef du gouvernement au moment de l’adoption de la loi, a voté contre au Parlement.
Cependant, les circonvolutions complexes de l’adoption de la loi, couplées à la diffusion d’un discours public projetant une future domination du marché mondial comme argument pour attirer les investisseurs nationaux et internationaux, montrent les limites de l’exercice.
D’abord, la manipulation de la substance impose des contrôles administratifs et logistiques aussi stricts que ceux exigés pour la morphine ou d’autres opiacés, réduisant ainsi systématiquement les filières économiques et les marchés promis aux agriculteurs qui aujourd’hui écoulent facilement leurs cultures illégales.
Ensuite, le marché lucratif du cannabis légal est celui des usages récréatifs et non médicaux, comme le laisse entrevoir le marché américain, le plus mûr au monde, dont la projection des ventes en 2028 concerne 75 % le récréatif, l’évaluant à 43 milliards de dollars, contre 14 milliards pour le médical.
L’appréciation que les avantages compétitifs (coût de revient plus bas, proximité des marchés européens ou savoir-faire agricole) permettraient une explosion de la demande pour le cannabis médical et les cannabidiols non psychoactifs (CBD) marocains est aussi illusoire. Car les avantages compétitifs sont rétrécis si l’innovation est limitée. Et c’est cette innovation qu’une approche aussi restrictive que celle du Maroc et de bien d’autres pays, traditionnellement producteurs ou de transit et accusés d’irriguer les marchés consommateurs occidentaux riches, asphyxie.
Les restrictions verticales excessives, par une prescription et une planification stricte allant du choix des graines jusqu’aux produits finis, ne laissent aucune place à l’arrivée de produits « blockbusters », qui permettent les succès commerciaux et les retombées économiques promises. Si un pays occidental au marché important souhaitait éventuellement passer outre les complexités juridiques et logistiques coûteuses vers un accord commercial bilatéral pour importer le cannabis marocain, le produit final devrait en valoir le coup.
Cette innovation est encore plus importante car le marché du cannabis légal est modeste (en Asie, qui domine de plus en plus le commerce mondial, seule la Thaïlande est concernée). Moins d’une cinquantaine de pays sont concernés, dont sept sur le continent africain (Maroc, Afrique du Sud, Zimbabwe, Malawi, Rwanda, Zambie et récemment le Ghana). Parmi eux, peu comptent importer, la plupart souhaitant aller vers des filières agricoles lucratives locales.
Alors que personne ne peut prédire comment le marché international va évoluer juridiquement et économiquement dans le contexte géopolitique actuel, ni comment la chaîne de valeur totale va se construire, le marché légal marocain pourrait mieux se structurer et se préparer à entrer sur le marché mondial. Le débat au sujet d‘une production concentrée sur la plante autochtone appelée beldiya, à la culture plus écologique et contenant moins de THC, et d’en faire un produit à appellation d’origine contrôlée, n’est pas anodine.
Il faudrait surtout la crédibilisation de cette industrie en se concentrant sur la construction d’un marché national du cannabis, en formant les médecins et les pharmaciens à sa prescription, en accompagnant les patients souffrant de douleurs à son utilisation, et en permettant la vente du CBD et de ses dérivés chez les épiciers traditionnels. Sans aucun doute, concentrer les efforts publics sur le consommateur marocain moyen en encourageant l’accès à ses bénéfices au plus grand nombre avant de considérer d’éventuelles exportations vers l’Europe, et développer le savoir-faire local en le consolidant sur toute la chaîne d’approvisionnement, seraient de réelles innovations apportées par la légalisation du cannabis au Maroc.
Khalid Tinasti est chercheur au Centre sur les conflits, le développement et la paix, Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève.

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