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Brics/Algérie : le flop – Barlamane – Barlamane

Barlamane
Nous avons déjà eu l’occasion, sur ces mêmes colonnes, d’évoquer les erreurs de la diplomatie algérienne(https://www.barlamane.com/fr/sahara-marocain-diplomatie-algerienne-recit-dun-naufrage/) dans ses relations avec le Maroc et, accessoirement avec l’Espagne. Sans remonter jusqu’aux plus anciennes, comme la guerre des sables, l’expulsion de 45 000 Marocains d’Algérie et la fermeture de la frontière terrestre avec le Maroc, voici un bref rappel des bourdes algériennes les plus récentes :
Première erreur : Le blocage du passage d’El Guergarate est sans doute la plus grosse erreur d’Alger au cours des dernières années. 
Deuxième erreur : Le même jour, 13 novembre 2020, l’Algérie a ordonné au polisario de mettre fin au cessez-le-feu qui avait été signé avec l’ONU en 1991. 
Troisième erreur : En avril 2021, l’Algérie a fait hospitaliser en Espagne le dirigeant du groupe armé avec de faux documents d’identité au nom de Ben Batouche
Quatrième erreur : Le 24 août 2021, l’Algérie a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, à un moment où elle se préparait à accueillir une conférence au sommet arabe
Cinquième erreur : Le 31 octobre 2021, l’Algérie a fermé les vannes du GME qui alimentait en gaz, depuis 1996, l’Espagne et le Portugal via le royaume. 
La sixième erreur ne touche pas directement le Maroc, mais le royaume est concerné. En mars 2022, l’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, suite à la reconnaissance par le gouvernement espagnol du plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara comme la base « la plus sérieuse, réaliste et crédible«  pour résoudre le conflit dans la région. Par la suite, l’Algérie a suspendu le traité d’amitié avec l’Espagne et gelé les opérations commerciales avec ce pays.
L’État algérien a commis d’autres erreurs, qu’il serait long et fastidieux de développer. Contentons-nous de mentionner, en vrac, le rejet du format des tables rondes pour la recherche d’un règlement du différend au Sahara, la multiplication à partir du territoire algérien d’appels au terrorisme contre le Maroc, les tracasseries, voire les mauvais traitements imposés aux équipes marocaines de football et à leurs accompagnateurs, l’expulsion de journalistes marocains, l’agression de joueurs marocains U17 sur le terrain, la campagne anti marocaine systématique dans le discours officiel et dans les médias, etc.
Cependant, l’impair le plus récent de la diplomatie algérienne, qui –là encore- n’a pas de lien direct avec le Maroc, est un flop monumental qui restera inscrit dans les annales des entreprises hasardeuses, maladroites, chaotiques, irréfléchies et précipitées. Une des prouesses que seul peut produire l’amateurisme. Il s’agit de la demande d’adhésion aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), sans étude préalable, sans consultations. 
L’idée de faire partie des BRICS semble avoir germé dans la tête du président algérien après sa participation en juin 2022 au 14è sommet des BRICS qui s’est tenu en Chine par visioconférence. Dans son intervention, le président algérien a plaidé pour «l’instauration impérative d’un nouvel ordre économique mondial où régneront la parité et l’équité entre pays.» Sur sa lancée, il a invité le groupe des BRICS (déjà !) «à joindre leurs efforts à ceux de l’Algérie en vue de réaliser le projet de train transafricain», qui doit relier l’Algérie au Nigéria.
Un mois plus tard, le président algérien a évoqué la possibilité que l’Algérie adhère aux BRICS. Il a cependant précisé qu’il ne fallait pas «devancer les événements» mais qu’il y aurait «de bonnes nouvelles».
Vraisemblablement encouragé par des déclarations chinoises et russes jugées favorables, mais en réalité tout juste polies, le gouvernement algérien a déposé en novembre 2022 une candidature officielle pour rejoindre le groupe BRICS.
Au mois suivant, le 22 décembre 2022, le président algérien a déclaré aux médias publics algériens : «l’année 2023 sera couronnée par l’adhésion de l’Algérie aux BRICS». Tebboune a affirmé que quatre membres des BRICS «accueillent favorablement» la démarche algérienne, à savoir la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud et le BrésilAucune question ne lui a été posée au sujet de la position de l’Inde.
Dès lors, le président algérien a fait de l’adhésion aux BRICSun cheval de bataille, une priorité diplomatique et un thème de précampagne électorale. Les journaux aux ordres ont quotidiennement relayé l’information avec de grands titres à la Une donnant à croire que la partie était gagnée.
Rapidement, les autorités algériennes ont cependant réalisé que la candidature de leur pays avait peu de chances d’aboutir. Lors d’une interview, le 6 avril 2023 avec Al-Jazeera, tout en réaffirmant que «l’Algérie devrait prochainement rejoindre les BRICS», Tebboune a rétropédalé, indiquant que l’Algérie pouvait avoir le statut de «pays observateur dans un premier temps». 
Le président algérien est revenu sur ce point le 5 août 2023pour expliquer que « nous nous sommes entendus pour que l’accession commence par une première phase, celle d’un État, membre observateur ». Il a ajouté : « ce qui nous encourage est que les acteurs des BRICS nous soutiennent, à l’image de la Russie, de la Chine, de l’Afrique du Sud et même du Brésil ». Toujours rien à propos de l’Inde. Dans une des sorties dont il est coutumier, le président Tebboune, a affirmé que « le groupe des BRICS est le cœur battant du non-alignement ». Vladimir Poutine a dû, encore une fois, sourire.
L’enthousiasme avait visiblement baissé d’un cran, mais, sans baisser les bras ni perdre espoir, Tebboune a continué son forcing sans désemparer. Persistant dans une attitude de déni et un aveuglement incompréhensibles, le président algérien a entrepris une campagne pour essayer de décrocher une adhésion à part entière aux BRICS. En juin et juillet 2023, en visite officielle en Russie puis en Chine, Tebboune a plaidé sa cause auprès des dirigeants des deux pays. À Moscou, il a déclaré : «Nous souhaitons ainsi accélérer notre adhésion au groupe des BRICS, compte tenu de ses grands avantages pour notre économie.» À Pékin, jouant son va-tout, le président algérien a annoncé que l’Algérie allait devenir actionnaire de la banque des BRICS avec une contribution de 1,5 milliard de dollars. Cependant, le communiqué commun ayant sanctionné sa visite en Chine se borne à noter que «la Chine salue le désir de l’Algérie de rejoindre les BRICS et soutient ses efforts pour atteindre cet objectif.»
À Johannesburg, le 24 août 2023, les rêves du président algérien se sont écroulés. Les BRICS lui ont brutalement fermé la porte au nez. Ils lui ont préféré, dans le monde arabe et islamique et en Afrique, l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats, l’Iran et l’Ethiopie. Les critères qui ont prévalu lors du choix des nouveaux membres ont été, selon Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, «le poids, l’autorité et la position du pays candidat sur la scène internationale» ainsi que «le partage de la même vision sur un nombre de questions internationales».  De là à dire que le poids, l’autorité et la position de l’Algérie sur la scène internationale ont été jugés insuffisants, il n’y a qu’un pas, qu’on peut franchir d’autant plus allégrement que c’est un «allié» et bon connaisseur de l’Algérie qui parle.
C’est un échec cuisant pour la diplomatie algérienne et une humiliation sans nom pour l’Algérie. C’est, en outre, un revers personnel de Tebboune, qui se trouve en situation délicate vis-à-vis des véritables dirigeants du pays. Un fusible doit sauter et on peut gager, connaissant les mœurs du système, que laréélection de l’actuel président pour un second mandat est sérieusement compromise. 
L’erreur du président algérien a été de s’être lancé dans une bataille dont l’issue n’était pas certaine, en réalité une opération-suicide. Il ne s’est ménagé aucune issue de secours, aucune marge de manœuvre. On ne rejoint pas les BRICS, ou tout autre groupe, avec des incantations ou en ressassant lamême antienne.
Parmi les nouveaux membres des BRICS, aucun à notre connaissance n’a fait de campagne frénétique ni fait de l’adhésion un projet de vie. Certains auraient même été sollicités pour se porter candidats. 
Maintenant que la messe est dite, il faudra dresser un bilan et faire la liste des pots cassés. Le gouvernement algérien n’est pas sorti de l’auberge : sur le plan interne, il devra gérer le mécontentement populaire ; au plan international, il devra s’expliquer au sujet de certaines déclarations téméraires sur le «monde unipolaire», la place du dollar, etc.
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