tribune EGS sport sur les tiers-lieux de formation – Studyrama
Cette semaine Studyrama a laissé la parole à Julie Guérin, Directrice adjointe de l’EGS, 1re école Esport Étude. Sa tribune apporte une réflexion sur le rôle de l’école dans une société en pleine évolution. Afin de faciliter l’insertion professionnelle des étudiants, Julie Guérin met en avant les limites actuelles de l’école et l’urgence de recourir à une stratégie pédagogique novatrice fondée sur l’ouverture et la prise d’action. Pour cela, elle met en exergue la notion de tiers-lieux de formation, une initiative solidaire à même de créer du réseau entre les professionnels et les étudiants afin d’inscrire ces derniers au cœur du tissu local, tout en créant avec des structures déjà existantes (et donc respectueuses de l’environnement).
Dans une société où la place du travail est prégnante et interroge, le rôle de l’école apparaît fondamental puisqu’elle constitue le dernier jalon avant l’insertion sociétale des étudiants. Alors que son sens premier est d’accompagner les jeunes à faire leurs premiers pas dans le monde du travail, un certain nombre d’entre eux peinent à décrocher un travail à la sortie de leur cursus.Pourtant, des actions sont bel et bien mises en place (rencontres professionnels/étudiants, conférences au sein des écoles, cours prodigués par des professionnels,…). Pourquoi ces difficultés à s’inscrire dans la vie professionnelle persistent ? Peut-être parce que ces moyens sont à intensifier. S’inscrire au cœur d’un écosystème quel qu’il soit nécessite avant tout de passer à l’action en échangeant et en partageant.
Ainsi, la solution serait de faire prendre conscience aux étudiants de l’importance de saisir ces opportunités pour créer leur réseau de demain. Quels leviers l’école pourrait-elle activer pour généraliser ses actions et transmettre cette ouverture à l’autre ? Investir des tiers-lieux de formation apparaît ici comme une solution à même de faciliter les rencontres et inscrire les jeunes travailleurs au cœur du tissu local.
Quand on sait qu’en 2021, l’ensemble des actifs travaillent en moyenne 1567 heures sur une année, on comprend l’importance d’effectuer une profession dans laquelle on s’épanouit*. Il n’y a qu’à prendre pour exemple le débat sur la réforme des retraites pour illustrer à quel point ce sujet est central en France. Il n’en reste pas moins qu’avant de s’inscrire dans la vie professionnelle, un grand nombre de personnes font le choix de suivre une formation en école. Cependant, on constate un hiatus de plus en plus important entre l’école et la société.
Aujourd’hui, la plupart des méthodes pédagogiques consistent en une transmission de savoirs théoriques à des étudiants pour le moins passifs, assis sur une chaise. En parallèle de cela, la plupart des écoles privées se voient affublées du tampon “entreprise” et donc “rentabilité” ce qui efface d’autant plus leur crédibilité de transmetteurs de savoirs. D’ailleurs, dans ces écoles, les élèves sont régulièrement invités à se rendre dans le bureau du chargé de relations-entreprises pour dégoter leur stage ou leur emploi à venir. Pourtant, force est de constater qu’un bon nombre d’entre eux se cassent encore les dents, essuyant les refus. Pourquoi ? Parce que cette solution de réseautage intermédiée par l’école n’est pas assez impactante. En favorisant l’entre-soi, cette organisation ne permet pas de rencontrer réellement des professionnels et de créer des liens d’humain à humain naturellement.
Comment dès lors, inviter les étudiants à s’ouvrir et porter leur regard vers l’extérieur ?
C’est en ce sens que les tiers-lieux de formation apparaissent comme une solution pertinente. En effet, de par leur nature hybride, ils répondent à des besoins encore non assouvis. Portés par des collectifs citoyens, les tiers-lieux sont des endroits où l’on travaille ensemble, où l’on se forme, mais également où l’on échange, où l’on se parle et où l’on se cultive, dans la finalité de créer des liens qui ne se seraient jamais faits autrement. Aujourd’hui, les écoles se concentrent uniquement sur l’insertion professionnelle mais le concept de tiers lieux de formation élargit l’accompagnement pour que chacun trouve son rôle dans la société et retrouve un sens de l’engagement. Cette initiative participe d’une part à la vie sociale des étudiants mais également et surtout à leur vie professionnelle puisqu’ils peuvent d’eux-mêmes échanger avec des acteurs du territoire inspirants.
C’est uniquement de cette manière qu’une école peut s’ancrer dans un écosystème local pour redynamiser le sens de l’engagement de chacun. Faire construire de nouveaux campus ainsi que de nouveaux bâtiments afin d’y remettre les étudiants dans un cocon est une erreur stratégique et ne favorise en rien la capacité des jeunes à s’intégrer à la société, à prendre leur place à part entière, en se détachant de cette étiquette “étudiant”. Pour que cette institution s’inscrive dans un écosystème local et que le tissu socio-économique fonctionne en synergie, elle doit impérativement s’intégrer dans cette démarche, non en être exclue. Réinvestir avec l’existant répond également à une urgence économique et écologique. Les citoyens sont constamment plongés dans un quotidien où ils sont rongés du matin au soir par un besoin de faire attention à leurs ressources qui se raréfient (l’énergie, prix de l’essence, inflation…). Nous sommes appelés politiquement à faire attention à notre consommation quand des ressources sont disponibles alors même qu’on ne les utilise pas.
Si les tiers-lieux de formation incarnent l’ouverture à l’autre et permettent de tisser un réel maillage territorial, il offrent également aux étudiants l’opportunité d’accroître leurs compétences rapidement. La rencontre avec différents acteurs du territoire leur permet de faire un lien immédiat avec tout ce qu’ils apprennent en cours et de le retranscrire directement dans une expérience vécue, ce qui a un bien plus fort impact.
Si l’on prend l’exemple d’un élève qui fait un apprentissage théorique dans le développement web, il sera bien moins stimulé s’il est contraint de l’appliquer au sein d’un stage qu’on l’a forcé à faire que si on lui présente une application concrète dans laquelle s’investir pleinement. Imprégné de souvenirs, de moments d’échanges et impliqués dans la portée collective d’une action, ses compétences seront mieux mobilisées. Le sens de l’école est de prodiguer des enseignements aux élèves pour assurer leur insertion sociétale. Aujourd’hui, cette dernière a besoin d’être repensée pour entrer en résonance avec la société, ses attentes et ses besoins. Les tiers-lieux de formation constituent un moyen de réunir en un même espace différents acteurs du territoire et de créer des opportunités professionnelles qui n’auraient pas pu avoir lieu dans une salle de classe. Cependant, aujourd’hui, il apparaît difficile de créer un business model (autre qu’associatif) ouvert sur l’autre en France, restreints par des logiques économiques et une recherche constante de l’influence. Pour faire bouger les lignes, il convient de changer de posture et d’avoir une vision à long terme. Ce changement de cadre conceptuel impose un courage certain dont nous devons nous doter.
*source Ministère du Travail
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