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Sexe de l'enfant : vers un changement de préférences au Maroc ? – Ecoactu






Au Maroc, comme dans d’autres pays arabes et musulmans, les garçons ont souvent été favorisés par rapport aux filles en raison de traditions et de valeurs historiques. Cette préférence pour les garçons était liée à la perception de leur rôle comme soutien financier de la famille et agent de perpétuation de la lignée familiale.
Les femmes mariées étaient particulièrement enclines à préférer les garçons (Selkani, 1960 ; Hammer et McFerran, 1988). Toutefois, le développement de l’éducation des femmes et leur autonomisation, ainsi que l’amélioration des conditions socio-économiques, ont fait apparaître des signes de changement dans ces préférences. Il est possible que les femmes marocaines mariées soient désormais plus disposées à avoir des filles, ce qui pourrait entraîner des changements significatifs dans les attitudes et les comportements liés au sexe de l’enfant au Maroc.
Cette note se veut une investigation sur les préférences en matière de sexe de l’enfant chez les femmes marocaines mariées. Elle tente de savoir si les femmes marocaines mariées et désireuses d’avoir un premier enfant ou un enfant supplémentaire continuent à préférer la descendance masculine, ou si leurs préférences ont changé.
Pour ce faire, cette étude utilise des données issues de l’Enquête nationale sur la santé de la mère et de l’enfant (ENSME) 1997 et de l’Enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF) 2018.
Plus de la moitié des femmes marocaines ne déclarent aucune préférence pour le sexe de l’enfant désiré, et celles qui la déclarent penchent pour les filles
Au Maroc, il est difficile de généraliser en affirmant qu’il y a une absence de préférence en matière du sexe de l’enfant, car les attitudes et les pratiques peuvent varier selon les régions, les milieux socio-économiques, les niveaux d’éducation et les traditions culturelles. Cependant, à partir des années 2000, il semble que la préférence pour un sexe spécifique de l’enfant n’est plus très répandue au Maroc.
En effet, selon le rapport sur les résultats de l’ENSMF-1997, « la préférence pour le sexe masculin n’est pas vraiment prioritaire pour les femmes enquêtées comme elle l’a été auparavant ».
Ainsi, près de la moitié des femmes mariées désireuses d’avoir un enfant à l’avenir ne déclaraient aucune préférence quant au sexe de cet enfant. De plus, cette indifférence à l‘égard du sexe de l’enfant a connu une augmentation, passant de 49 % en 1997 à 54,4 % en 2018.
L’indifférence quant au sexe de l‘enfant désiré a connu une augmentation en milieu urbain, passant de 44,6 % en 1997 à 52,2 % en 2018. Ce qui a engendré en conséquence une baisse de la préférence pour la descendance masculine, passée de 25,6 % à 19 %, et une légère baisse de la préférence
pour la descendance féminine, passée de 29,8 % à 28,8 % pendant la même période. En milieu rural, l’indifférence par rapport au sexe de l’enfant a augmenté de 52,7 % en 1997 à 57,2 % en 2018, et la préférence pour les garçons a baissé de 26,4 % à 19,5 % sur la même période.
Parmi les femmes ayant déclaré une préférence quant au sexe de l’enfant désiré, on observe une neutralité vis-à-vis de l’identité sexuelle de l’enfant. Ainsi, en 1997, 26 % des femmes marocaines désiraient avoir un garçon alors que 25 % désiraient une fille. Cependant, en 2018, les femmes qui souhaitent tomber enceintes et qui ont exprimé leur préférence quant au choix du sexe de l‘enfant désiré tendent vers une préférence pour le sexe féminin (soit 26,4 % des femmes qui veulent une fille, contre 19,2 % qui veulent un garçon).
Contrairement à ce qui a été constaté en 1997, quand les femmes rurales préféraient la descendance masculine, actuellement elles ont un penchant pour la descendance féminine. Ainsi, la tendance vers la préférence des filles chez les femmes rurales a augmenté, passant de 20,9 % en 1997 à 23,3 % en 2018.
Pour les citadines, la préférence des filles au détriment des garçons s’est renforcée au fil du temps (29,8 % contre 25,6 % en 1997, et 28,8 % contre 19 % en 2018).
sexe de l'enfant
Les préférences des femmes marocaines quant au sexe de l’enfant changent en fonction de l’historique de la fécondité
Les préférences des femmes quant au sexe de l’enfant peuvent varier en fonction de l’historique de leur fécondité. Ainsi, on constate que l’indifférence vis-à-vis du sexe de l’enfant désiré est plus élevée chez les femmes ayant le même nombre de garçons et de filles et chez les femmes n’ayant aucun enfant. L’indifférence quant au choix du sexe de l’enfant désiré chez les femmes sans enfant a toutefois connu une légère baisse, passant de 84 % en 1997 à 82,5 % en 2018, résultant d’une baisse en milieu urbain de 82,8 % à 78,4 % et d’une hausse en milieu rural de 84,8 % à 88,3 % durant la même période. Concernant les femmes ayant le même nombre de garçons que de filles, cette indifférence a connu une hausse, passant de 79 % en 1997 à 86,5 % en 2018, accompagnée d’une hausse en milieu urbain de 79,2 % à 85,1% et en milieu rural de 78,9% à 88% durant la même période (cf. tableaux 1 et 2).
L’indifférence quant au choix du sexe de l’enfant est moins élevée chez les femmes qui ont des enfants de même sexe, et cette indifférence diminue au fur et à mesure que le nombre des enfants du même sexe augmente. A titre d’exemple,
38,1 % des femmes qui ont donné naissance à deux filles sont indifférentes quant au choix du sexe de l’enfant, suivies des femmes ayant 3 filles (26,2 %), puis celles ayant 4 filles (11,8 %).
Notons aussi que l’indifférence quant au choix du sexe de l’enfant désiré est plus élevée chez les femmes ayant seulement des filles que chez celles ayant seulement des garçons, soit par exemple 17,3 % des femmes qui ont 3 garçons contre 26,2 % des femmes qui ont 3 filles.
En outre, la préférence d’avoir un enfant supplémentaire de sexe féminin est prioritaire au fur et à mesure que le nombre de garçons augmente parmi le nombre d’enfants vivants et la préférence d’avoir un garçon est prioritaire au fur et à mesure que le nombre de filles augmente parmi le nombre d’enfants vivants. A titre d’exemple, parmi les femmes ayant 3 enfants vivants, 82,7 % de celles qui ont 3 garçons et 57,1 % de celles qui ont 2 garçons et une fille veulent avoir un nouveau-né de sexe féminin (contre respectivement 0 % et 3,1 % qui veulent un garçon).
De même, 73,8 % des femmes qui ont 3 filles et 43,8 % des femmes qui ont 2 filles et un garçon veulent avoir un nouveau-né de sexe masculin (contre respectivement 0 % et 1,9 % qui veulent une fille) (cf. tableau 3). Ainsi, les femmes marocaines qui ont exprimé leur préférence quant au sexe de l’enfant désiré ont tendance à souhaiter un enfant de chaque sexe ou une répartition équilibrée de leurs enfants selon le sexe, puisqu’elles prennent en considération le sexe des enfants déjà nés dans la formulation de leurs préférences quant au sexe de l’enfant désiré.







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