Séisme au Maroc : la reconstruction s'annonce longue et complexe – Le Monde
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Quelque 50 000 habitations totalement ou partiellement effondrées sont concernées par la première version du programme d’aide aux sinistrés, présentée au roi jeudi 14 septembre.
Temps de Lecture 5 min.
Les constructions traditionnelles en terre crue, qui parsèment les paysages du Haut Atlas marocain, frappé vendredi 8 septembre par un tremblement de terre qui a fait 3 000 morts et plus de 5 500 blessés, sont-elles adaptées au risque sismique ? Dans les journaux et sur les réseaux sociaux, le débat fait rage entre architectes, topographes, sismologues, ingénieurs, géographes, historiens et simples citoyens. Pour certains, les murs de pisé, trop fragiles, portent la responsabilité des milliers de corps écrasés ou asphyxiés ; d’autres y voient dans une technique séculaire et un héritage à préserver.
Comme pour mettre un terme à la discorde, le roi a officiellement pris position. A l’issue d’une réunion de travail consacrée à l’aide aux sinistrés, qu’il a présidée jeudi à Rabat, Mohammed VI a insisté « sur la nécessité que l’opération de reconstruction soit menée sur la base d’un cahier des charges (…) en harmonie avec le patrimoine de la région et qui respecte ses caractéristiques architecturales uniques ». La commission interministérielle chargée de ce programme d’urgence a listé dans sa première version quelque 50 000 logements totalement ou partiellement détruits, ce qui laisse présager un chantier titanesque.
Dans les provinces d’Al-Haouz et de Taroudant, qui enregistrent à elles seules 90 % des morts et des blessés, un million d’habitants est directement concerné par les effets du séisme. « Le temps presse, il est urgent de reconstruire pour épargner à la population les souffrances de l’hiver, qui arrive bientôt et qui est très froid dans la région », met en garde l’universitaire Brahim Al-Guabli, qui a enseigné dans le Haut Atlas. Il n’est pas rare que les températures en haute montagne descendent sous les – 10 °C.
Pour venir en aides aux rescapés, l’Etat marocain a promis des aides directes de 30 000 dirhams par ménage (environ 2 735 euros) et jusqu’à 140 000 dirhams (quelque 12 765 euros) pour chaque logement détruit. « La reconstruction va coûter des milliards, mais le Maroc en a les moyens », estime Nabil Benabdellah, ministre de l’habitat de 2012 à 2017. Selon lui, le chantier pourra être financé en partie grâce au fonds de développement rural et au fonds de solidarité habitat, qui est alimenté par une taxe sur le ciment et rapporte chaque année environ 3 milliards de dirhams (27,5 millions d’euros).
Comme lors de la crise du Covid-19, un compte spécial, destiné à recueillir les dons des particuliers et les contributions des secteurs public et privé, a également été créé. Il servira « à financer les dépenses du programme d’urgence pour la réhabilitation et l’appui des efforts de reconstruction des maisons », a fait savoir le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa. La holding royale Al-Mada, la Banque centrale marocaine et l’Office chérifien des phosphates ont déjà versé chacun 1 milliard de dirhams.
Tous ces efforts, mis bout à bout, seront probablement suffisants. L’Institut d’études géologiques des Etats-Unis a chiffré à au moins 10 milliards de dirhams les pertes liées au tremblement de terre. Selon un décompte provisoire publié dans la presse marocaine, le compte spécial avait reçu samedi plus de 6 milliards de dirhams. Pour ne pas obérer son budget, le gouvernement a annoncé qu’il prélèvera trois jours sur les salaires des fonctionnaires qui en feront la demande. Le roi compte par ailleurs sur « les contributions provenant des pays frères et amis qui le souhaiteraient ».
Après le séisme d’Al-Hoceima, dans le nord du Maroc, qui avait fait plus de 600 morts et mis 30 000 personnes à la rue en 2004, le relogement définitif de tous les sans-abri avait pris plus de deux ans. Aujourd’hui, leur nombre est dix fois plus important : près de 300 000, a prévenu l’Unicef. Surtout, les zones sinistrées s’étendent sur une superficie bien plus grande. La montagne y est aussi beaucoup plus élevée que dans le Rif. « Dans le Haut Atlas, il n’est pas rare de voir des douars nichés à plus de 1 500 mètres. Comment voulez-vous faire circuler une bétonnière sur un chemin où seul un âne peut passer ? », lance un hôtelier de la région, qui a souhaité conserver l’anonymat.
L’habitat éclaté complique une tâche déjà ardue. On recense environ 4 000 douars dans les provinces d’Al-Haouz et Taroudant, et ils sont près de 2 000 dans la province de Chichaoua et la préfecture de Marrakech, elles aussi affectées par le tremblement de terre. Pour ne pas laisser les populations dispersées, certains plaident pour un relogement à grande échelle, tel qu’il a été pratiqué après le tremblement de terre d’Al-Hoceima avec la construction de grands ensembles immobiliers.
« Mais il faudrait dégager des milliers d’hectares de foncier et convaincre les habitants de quitter des douars où ils vivent depuis des générations. Quand bien même on y arriverait, cela prendrait un temps fou », réagit l’historien et anthropologue Mustapha Qadery, originaire de Demnate dans le Haut Atlas.
Car il ne s’agit pas seulement de reloger, a déclaré Mohammed VI, il faut « lancer un programme réfléchi, intégré et ambitieux pour la reconstruction et la mise à niveau générale des régions touchées ». Selon le Haut-Commissariat au plan, Al-Haouz et Taroudant font partie des 15 provinces – sur 75 – les plus pauvres du Maroc. L’agriculture y est, de loin, la principale source de revenus, mais elle est essentiellement vivrière. Et si le tourisme y est florissant, ses retombées ne profitent pas à tout le monde. Le PIB par habitant dans la région de Marrakech-Safi est l’un des plus bas du pays : à peine 21 000 dirhams, deux fois moins que la moyenne nationale.
« Hormis l’élevage et quelques cultures, la plupart des habitants vit de l’argent que leur envoient des proches qui travaillent dans les grandes villes, du petit commerce et parfois d’emplois publics, mais il n’existe pas d’industrie susceptible d’employer une large main-d’œuvre », souligne Mustapha Qadery.
Au lendemain du séisme, Karim Rouissi, de l’association Architecture et développement, a sillonné la zone sinistrée de Talat N’Yaaqoub, déplorant l’ampleur des destructions : écoles, postes, dispensaires, jusqu’à celle de la mosquée de Tinmel, qui était en cours d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. « Au lieu de vouloir faire descendre les gens de la montagne, il conviendrait d’y faire monter les services publics », alerte-t-il. Dans son rapport remis à Mohammed VI en 2021, la commission spéciale sur le modèle de développement avait mis en exergue « l’enclavement » et « la faible disponibilité des transports ».
A la stupéfaction générale des premiers jours après la catastrophe a ainsi succédé la redécouverte d’une réalité largement étayée : la région, aussi touristique soit-elle, n’a pas assez bénéficié des efforts de développement entrepris au début du règne de Mohammed VI. Elle manque de routes goudronnées et d’équipements, compliquant les investissements et réduisant les opportunités économiques.
« La ruralité n’est pas un problème en soi, mais elle est exacerbée par l’absence d’infrastructures », explique Brahim Al-Guabli. La jeunesse du Haut Atlas est alors forcée d’émigrer vers les villes, gonflant le cortège des quelque 150 000 ruraux qui délaissent chaque année la campagne marocaine à la recherche d’un travail. Sans un engagement massif de l’Etat, il ne fait guère de doute que cet exode s’amplifiera, vidant encore un peu plus la montagne et ses vallées.
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