Sages-femmes : des conditions de travail toujours rudes – Le Matin
Hajjar El Haïti,
Le monde célèbre ce vendredi 5 mai la Journée internationale des sages-femmes. C’est l’occasion de rendre hommage à ces professionnelles de santé qui jouent un rôle clé dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Au Maroc, même si l’adoption de la loi n° 44-13 et ses décrets d’application a permis d’organiser la profession ces dernières années, il reste encore beaucoup à faire. Dans cet entretien, Najat Boucetta, sage-femme enseignante à l’ISPITS Tétouan, membre de l’Association marocaine des sages-femmes, revient sur les principaux obstacles de la pratique de la profession et les actions à mener pour les surmonter.
Le Matin : L’exercice de la profession de sage-femme est régi par la loi n° 44-13, adoptée en septembre 2016, dont les décrets d’application ont vu le jour en juillet 2020. Quel a été l’impact de ces changements sur votre profession ?
Najat Boucetta : Cela a permis tout d’abord de reconnaître et de valoriser la profession de sage-femme (SF), de réglementer l’exercice de la profession dans le secteur privé, et de simplifier les procédures administratives d’obtention des autorisations d’exercice de la profession de SF. Le cadre juridique a également permis de préciser les normes techniques qui doivent être respectées pour l’ouverture d’un cabinet de SF ou maternité et de définir les modes, les conditions, les lieux, les règles et les sanctions relatifs à l’exercice de la profession de SF. La loi a aussi encouragé l’augmentation du nombre de structures de prise en charge des femmes enceintes par la création de cabinets et de maisons d’accouchement ce qui a augmenté les structures d’offre de soins de santé sexuelle et reproductive (SSR), assurant des soins de proximité en prestations de planification familiale, de consultations prénatales, d'accouchement et de consultations postnatales, de soins obstétricaux et néonatals d’urgence, d'éducation à la santé… Et réduisant ainsi le flux sur les maternités. Le cadre juridique a, enfin, permis de préciser les rôles de l’Association des SF et de relancer le débat sur le Projet de mise à jour de l’Ordre des sages-femmes au Maroc.
Certes, par la loi 44-13, la pratique professionnelle de la SF a bénéficié des avantages et améliorations sur le plan juridique, néanmoins des dysfonctionnements et des lacunes subsistent quant à l’environnement et aux conditions actuelles de travail.
Le Rapport sur l’état de la pratique de sage-femme 2021 publié par le Fonds des Nations unies pour la population approuve le fait que la SF est considérée comme une actrice clé pour fournir des soins obstétricaux et néonatals et qui assume un rôle fondamental dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD). C’est dans cette optique que les stratégies de réduction de la mortalité maternelle et néonatale au Maroc s’orientent vers le renforcement des compétences et du rôle de la SF. La pratique professionnelle de la SF est difficile, exige la responsabilité, la rigueur, la discipline et de bonnes compétences pour garantir la sécurité des services et la qualité de soins continue et élevée ainsi qu’une attitude responsable et une large compréhension des changements socio-affectifs que connaît la femme avant et après l'accouchement.
Il faut savoir que les SF travaillent sous diverses tensions psychosociales et pressions physiologiques. Il s’agit notamment de la pénurie des ressources humaines et le manque de matériel dans certaines maternités qui connaissent des flux importants de la population cible (femmes enceintes). Aussi, les horaires irréguliers et atypiques, les gardes de nuit et le stress engendrent souvent une fatigue physique et psychologique, des problèmes de santé, un épuisement professionnel… Pour les obstacles de la pratique de la profession de SF, on peut citer la persistance d’une certaine ambiguïté de la réglementation de la profession, des tâches professionnelles mal définies (chevauchement des attributions avec les autres professions de santé, mauvaise répartition des tâches…), un environnement désagréable, des risques professionnels, un manque de mécanismes de motivation, des conflits et tensions avec les collègues du travail et avec la population à cause du stress engendré par la charge élevée du travail, des problèmes de communication dans les services de maternité…
Il est aujourd’hui nécessaire d’accompagner les SF en se penchant sur la révision de l’adaptation de la réglementation en vigueur tout en adoptant une approche participative en impliquant les actrices concernées… La dispensation de formations continues de qualité qui vont contribuer à augmenter leur engagement et leur motivation pour participer efficacement à la promotion de la santé sexuelle et reproductive, l’instauration des mécanismes de motivation et d’encouragement pour les SF en milieu professionnel et le plaidoyer pour que le référentiel des activités professionnelles et l’Ordre de la profession de la SF voient le jour.
La formation de base a connu la révision du cursus de formation du cycle Licence par compétences à 2 reprises en faisant appel à des consultantes internationales expertes en pédagogie et en ingénierie de la formation qui ont travaillé en collaboration avec les enseignantes SF des Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS) au Maroc pour adapter les programmes de formation au cahier des normes pédagogiques de l’enseignement supérieur et aux besoins de la population cible.
Il y a également eu l’ouverture des cycles Master au niveau des ISPITS au profit des lauréats du cycle Licence (y inclues les sages-femmes) dans plusieurs spécialités (pédagogie, management qualité, leadership et plaidoyer en santé sexuelle et reproductive, pratiques avancées en oncologie et soins palliatifs et pratiques avancées en urgentologie).
Des réflexions sur les projets de création des laboratoires de recherche en sciences de la santé (y inclue la santé sexuelle et reproductive) et des Centres des études doctorales au niveau des ISPITS sont en cours.
La formation continue et la mise à niveau des compétences des SF demeurent une préoccupation permanente du ministère de la Santé et la protection sociale au Maroc dans le but d’offrir un appui clinique et d’aider toutes les actrices concernées à accomplir leurs activités professionnelles de façon autonome et en garantissant des prestations de haute qualité.
Dans cette optique, des plans de formation continue visant l’amélioration de la qualité de la prise en charge de la grossesse, de l’accouchement et des complications obstétricales et les urgences néonatales sont mis en place dans le cadre du Plan d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
Néanmoins, le développement des actions de formation continue s'effectue parfois sans véritable réflexion sur les objectifs, ni sur l'implication des acteurs en matière d'identification des besoins de formation qui répondent aux besoins et attentes des sages-femmes.
C’est ainsi qu’au titre de chaque année, plusieurs sessions de formation continue et des mesures d’amélioration de pratiques professionnelles sont organisées au profit des SF, mais parfois il n’y a pas une implication effective des SF.
L'Association marocaine des sages-femmes (AMSF) célèbre la Journée internationale de la sage-femme le 12 mai prochain à la salle de conférences du Conseil national de l'Ordre des médecins sur le thème «Ensemble à nouveau : de l'évidence à la réalité». Cette rencontre a pour objectif de rendre hommage aux sages-femmes pour leur travail et de promouvoir la sensibilisation aux soins essentiels qu'elles offrent aux mères et aux nouveau-nés en mettant en exergue leur implication et leur rôle dans la santé sexuelle et reproductive (SSR) et dans la réduction de la mortalité maternelle et néonatale ; en tant qu'actrices incontournables dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). «Ce thème fédérateur de la Confédération internationale des sages-femmes reflète l’enthousiasme et souligne tout le travail entrepris par toutes les parties prenantes pour mettre en œuvre les preuves qui continuent de démontrer le bien-fondé d'investir dans la profession SF, dans la formation et la réglementation des sages-femmes», indique Najat Boucetta, sage-femme enseignante et membre de l’AMSF.
Lire aussi : UNFPA et les associations de sages-femmes s’unissent pour la promotion de la santé et des droits des femmes
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