Risque pour la biodiversité : Quand les oiseaux migrateurs se nourrissent des déchets – Hespress Français
Les oiseaux migrateurs au Maroc, en particulier les gracieux « Cigogne blanche« , continuent de relever le défi de leur survie face à une menace persistante : la prolifération des déchets. Cette menace s’aggrave en raison de la réduction des sources de subsistance convenables, et compromet leur bien-être sanitaire. En effet, de plus en plus de ces oiseaux choisissent maintenant de demeurer temporairement dans les sites de décharges et les dépôts d’ordures pour s’assurer de leur alimentation.
Un récent article paru dans le prestigieux journal britannique « The Guardian » a évoqué une étude menée par des chercheurs espagnols. Ces derniers ont suivi les itinéraires des Cigogne blanche lors de leur migration depuis le nord de l’Espagne vers le Maroc. Les résultats de cette étude ont révélé que ces oiseaux font plusieurs haltes dans les sites de décharges pendant leur trajet migratoire.
Rhimou El Hamoumi, à la tête du Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM/Birdlife), a souligné que la pollution représente l’un des défis majeurs pour les oiseaux migrateurs dans le pays. Elle explique que ces oiseaux se tournent vers les décharges pour trouver de la nourriture. Selon les observations et le suivi, il est évident que les conséquences néfastes, voire mortelles, ne se manifestent pas immédiatement. Cependant, elles deviennent apparentes avec le temps, sous forme d’accumulation biologique.
Dans une déclaration à Hespress, El Hamoumi précise que ce comportement n’est pas uniquement observé chez les Guêpiers, mais aussi chez de nombreux autres oiseaux. Ces derniers cherchent à équilibrer le coût énergétique de la recherche de nourriture avec sa disponibilité. Plutôt que de s’engager dans un voyage épuisant à la quête de nourriture, ces oiseaux préfèrent rester dans les décharges pendant des périodes prolongées. Elle met en lumière le fait que la pollution plastique demeure la plus néfaste pour les oiseaux, car elle peut entraîner leur mort instantanée.
El Hamoumi insiste sur le fait que cette situation a perturbé la dynamique migratoire des oiseaux. Cela a conduit à l’observation de Guêpiers dans des régions où leur présence n’était pas aussi diversifiée auparavant, comme à Rabat. Elle ajoute que de nombreuses espèces ont dû ajuster leurs schémas migratoires traditionnels, subissant ainsi d’importantes transformations au fil des années.
En tant qu’enseignante à l’Université Hassan II de Casablanca, El Hamoumi souligne également que les déchets représentent une tentation alimentaire face aux changements climatiques et à la diminution des habitats naturels, causée par la croissance de la pollution. Elle alerte sur les conséquences non seulement sur la santé de ces oiseaux, mais aussi sur leur reproduction et leur survie à long terme. Les effets négatifs à court terme peuvent évoluer jusqu’à toucher les œufs produits par ces oiseaux, à travers l’accumulation de substances toxiques.
Mehdi El Bakali, vice-président de l’Association marocaine des photographes de la vie sauvage, confirme que la consommation de déchets présente un réel danger pour la santé des oiseaux. Cela a été clairement observé à la décharge d’Oum Azza ainsi qu’à la décharge d’Akrach, où les Guêpiers d’Europe résident. Il met en avant le fait que l’ingestion de plastique peut provoquer des décès immédiats ou causer de graves lésions internes au niveau du système digestif.
El Bakali souligne également que la structure corporelle des Guêpiers les rend particulièrement vulnérables lorsqu’ils évoluent au milieu des décharges. Les débris plastiques représentent un danger lorsqu’ils sont ingérés ou utilisés pour la construction des nids. Une intervention urgente est donc nécessaire pour créer un environnement qui leur permettra de retrouver leur mode de vie et de migration, qui étaient autrefois régulés par un écosystème stable.
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