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Retourner à l'école après le séisme au Maroc, uun immense défi … – Le Monde

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Dans les villages du Haut Atlas, des installations temporaires ont été montées pour remplacer les établissements détruits. Le gouvernement a aussi prévu de transférer 6 000 collégiens et lycéens vers des internats de la région de Marrakech.
Par (Moulay Brahim, Asni, Maroc, envoyée spéciale)
Temps de Lecture 4 min.
L’école a pris ses quartiers au milieu d’un terrain de football sur les hauteurs du village. Des dizaines d’enfants jouent entre les six grandes tentes caïdales, en toile blanche ornée de motifs noirs, qui font office de salles de classe. L’air est chaud, poussiéreux. En contrebas, on entend les pelleteuses déblayer les gravats des maisons effondrées de Moulay Brahim, l’un des villages du Haut Atlas dévastés par le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre et causé la mort de près de 3 000 personnes, selon le dernier bilan des autorités.
Les enfants rescapés ont repris l’école dix jours plus tard. Il y a d’abord eu des dessins, des chansons, des jeux, des temps de parole pour chasser les angoisses et tenter d’oublier la catastrophe. Puis des séances de soutien, avant de se mettre sur les rails du programme scolaire. Sous une tente, Mohamed Bouyahiani, professeur de français, s’efforce de faire participer ses élèves à un exercice d’expression orale. « Ils sont encore très marqués, rapporte-t-il. Certains font des cauchemars, sursautent quand ils entendent un camion passer. Ils ont du mal à se concentrer. Il faut déployer de grands efforts pour parvenir à capter leur attention et les motiver. »
Synonyme de retour à la normale, la scolarisation des jeunes n’en demeure pas moins un immense défi, tant humain que logistique, dans cette région sinistrée où les hameaux dispersés dans les massifs de l’Atlas se comptent par milliers. Plus de 1 000 établissements scolaires ont été partiellement ou entièrement détruits, selon le ministère de l’éducation nationale, affectant quelque 60 000 élèves.
En visite lundi 9 octobre à Asni, une petite ville au pied des montagnes, à 50 km au sud de Marrakech, le ministre de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa, a assuré que ces établissements seraient reconstruits pour être « prêts lors de la prochaine rentrée scolaire ». En attendant, des installations temporaires ont été montées ici et là. D’ici à l’hiver, 600 nouvelles « classes tentes » et 800 « classes modulaires » doivent encore être déployées afin de prévenir toute année blanche, selon le ministère.
Dans les vallées alentour, les conditions d’enseignement restent sommaires. A Marigha, à une dizaine de kilomètres d’Asni, pupitres et tableaux ont été installés sous deux tentes traditionnelles à côté du campement où se sont abrités les habitants de ce village meurtri. L’espace est insuffisant. Les classes sont prises en charge par roulement, si bien que les journées d’école sont réduites à trois heures, selon des parents à qui on a assuré l’arrivée d’une troisième tente dans les prochains jours. « Comment les enfants peuvent étudier là-dessous ?, s’inquiète Hussein Ouzdau, père d’une élève de 8 ans. En ce moment, il y fait trop chaud. Bientôt il fera froid, l’hiver est rude ici. »
Il y a aussi tous ces élèves qui manquent à l’appel. « Beaucoup d’entre eux ont perdu des proches, leur maison, voire parfois leur village. Ils n’ont pas l’esprit disponible pour reprendre, rapporte, sous couvert d’anonymat, un enseignant d’un autre village près d’Asni. On les contacte, on essaie de les encourager. Mais comment parler de scolarisation à des gens qui n’ont plus de toit et dont l’urgence est de survivre ? »
L’état des routes et le manque de transports scolaires sont d’autres motifs d’absence. A Asni, au bord de la rue principale qui traverse la ville, une file de collégiens, cartable sur le dos, se dirigent vers le terrain vague où quinze tentes ont été montées en guise de collège. Certains ont parcouru deux, parfois cinq kilomètres à pied pour venir. A côté, les tentes pour le lycée semblent désertes. « Peu d’élèves sont revenus », rapporte Sanaa, 17 ans, qui habite à Moulay Brahim (à 7 km d’Asni) et ne se rend au lycée qu’à de rares occasions, faute de bus. Ses parents n’ont ni voiture ni argent pour payer le taxi collectif. C’est « sur le téléphone » que l’adolescente dit préparer le bac.
Quant aux dix pensionnats d’Asni, sérieusement fissurés, ils sont également fermés, empêchant leurs résidents de poursuivre leurs études secondaires. Ces foyers gérés par des associations, qui assurent l’hébergement des collégiens et lycéens originaires des villages les plus éloignés, sont pourtant la clé de voûte de la scolarisation des jeunes – en particulier des filles – dans ces zones montagneuses.
Pour remédier à ces difficultés, le ministère de l’éducation nationale a prévu le transfert de 6 000 collégiens et lycéens des zones sinistrées vers des internats de la région de Marrakech. Parmi eux, les collégiens de la commune de Ouirgane, nouveaux pensionnaires du lycée Mohammed-V de la « ville ocre ». « Le lycée a été divisé en deux : une partie pour les Marrakchis, une autre pour nous, explique Nourredine Rahmani, enseignant de Ouirgane qui a suivi ses élèves. Au début, les élèves ont eu du mal à s’adapter. Certains n’étaient jamais venus à Marrakech auparavant. Ils sont des enfants de la montagne et se sont retrouvés dans un monde totalement éloigné du leur. Nous avons organisé du soutien psychologique, des activités, des visites de la médina, pour les aider à se familiariser avec la ville. Les cours ont maintenant repris normalement. »
A Asni, seuls 800 élèves ont accepté, pour l’heure, de déménager dans un établissement pouvant en accueillir 1 400 à Chwiter, ville nouvelle à 20 km de Marrakech, selon les autorités. « Ce transfert suscite beaucoup d’inquiétudes », rapporte Fatima Akhouy, militante associative et responsable d’un foyer de jeunes filles géré par l’association En route pour l’école : « Les parents nous appellent pour savoir si Chwiter est un lieu sûr, si les éducateurs du foyer les accompagneront. Il leur est difficile d’envoyer leur fille vers un lieu éloigné qu’ils ne connaissent pas. La mentalité de la montagne veut que beaucoup vivent ici comme dans une forteresse, coupés du monde extérieur. Il y a parfois aussi, chez certains, la crainte que leur fille, laissée sans surveillance, fasse des “histoires” qui nuiraient à l’honneur de la famille. »
Dans les douars autour d’Asni, des rumeurs circulent sur la ville de Chwiter. « Les gens racontent ce qui s’y passe, le trafic de drogue, la prostitution… Et si les filles sortent de l’école ? Au foyer d’Asni, elles sont encadrées. Mais là-bas ? », s’interroge Mohamed Idbila, un habitant du village d’Imlil dont la fille de 15 ans, Sofia, semble partagée entre l’envie de « tenter l’expérience » et la peur de l’inconnu. A ses côtés, ses deux voisines de 19 ans, Soukaina et Hanane, l’encouragent à s’accrocher. « J’ai arrêté l’école il y a six ans et je le regrette. Il n’y a rien à faire pour moi », confie Soukaina, qui se dit « en âge de [se] marier ».
Fatima Akhouy, qui a fait de la scolarisation des filles sa « lutte quotidienne », est inquiète : « Beaucoup de progrès avaient été faits depuis notre première promotion, en 2016. Des filles qui ne pensaient pas aller au collège sont devenues bachelières et ont même continué à l’université. Le risque aujourd’hui, c’est qu’on se retrouve avec des déscolarisations et qu’on revienne aux mariages précoces, comme pendant le confinement, quand les établissements avaient fermé. Ce sera notre défi dans les prochains mois : aller récupérer les décrocheurs. »

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