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Morocco represent, DIZZY DROS – Maroc Hebdo

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Dizzy Dros, de son vrai nom Omar Souhaili, s’impose comme l’un des rappeurs les plus influents en Afrique. Sa vision avant-gardiste, sa sagacité ainsi que son engagement indéniable transparaissent à travers ses punchlines percutants et poétiques, suscitant souvent de vives réactions. Portrait.

Dizzy Dros aurait pu être un métalleux. C’est ce qu’il nous confie lorsqu’il nous rend visite dans les locaux de MarocHebdo, quelques semaines après la sortie de son Hit « M3a L3echran », qui  a actuellement atteint plus de 41 millions de vues, et a réussi à rester en tête des tendances sur Youtube pendant plus d’un mois. Le rappeur est arrivé à bord d’une voiture Peugeot, loin des voitures de luxe auxquelles les rappeurs américains sont souvent associés. Il a baissé les vitres pour laisser échapper le son de la musique qu’il écoutait : du métal. En descendant de la voiture, il avait l’air déterminé, son regard dur comme de l’acier alors qu’il évaluait la pièce qui s’offrait à lui. Son attitude avait été à la fois détendue et sur le qui-vive, comme s’il était toujours prêt à défendre son territoire. Mais une fois assis, Dizzy n’a pas hésité à nous dévoiler les secrets de sa musique, les rêves qui l’animent et les horizons qu’il souhaite encore conquérir.

Un rappeur par hasard

«J’aurais pu devenir un métalleux si j’avais assez d’argent en étant petit. Je n’avais qu’une feuille et un stylo et beaucoup de passion pour faire sortir mes idées. C’est tout ce que le rap nécessite. Pour faire du métal, je devais acheter une guitare électrique, une base… » nous révèle Dizzy en plaisantant. Né le 19 février 1989, dans une famille conservatrice à Binelemdoun à Casablanca, devenir un artiste ne faisait pas partie des projets professionnels auxquels il aspirait malgré sa passion pour la musique et l’art. Comme tous les enfants des quartiers populaires de Casablanca, Omar faisait ses études dans une école publique où l’éducation artistique était reléguée au dernier plan, voire inexistante. L’été, il travaillait avec son père dans une librairie à El Hobouss et gagnait 3000 dirhams pour deux mois. De l’argent qu’il utilise souvent pour acheter ses fournitures scolaires pour l’année suivante.

C’est chez sa tante que Omar allait en cachette pour écouter de la musique et découvrir les dernières actualités du monde musical. « Au début, je ne voulais pas vraiment devenir rappeur, j’appréciais seulement le style vestimentaire des rappeurs, que j’essayais de reproduire sans vraiment comprendre pourquoi ». A douze ans, alors qu’il poursuivit ses études de façon normale que ses amis le sollicitent pour les rejoindre à leur groupe pour pouvoir faire un show lors des célébrations de la marche verte. Sans expérience, Omar accepte, et depuis, Dizzy a su trouver sa voie dans un pays où le rap a été encore considéré comme un art étranger au paysage culturel et artistique. C’est à l’âge de 17 ans qu’il se lance véritablement dans le rap grâce à un certain DJ Sim-H, moniteur DJ à l’école Funky Noise, avant de rencontrer Khalid Douache, plus connu sous le nom de DJ Key, qui a produit son premier clip.

Il fait ses premières armes en groupe avec Sellook Dillah, avant de décider de poursuivre l’aventure en solo en 2009. Très vite, il se démarque par son talent et sa détermination. Son premier single, Cazafonia, diffusé en 2011, est un véritable carton. ». Le jeune Widadi, qui portait le rouge dans la grande partie de son premier clip, nous révèle que le travail sur ce clip a duré plus de 6 mois, vu le manque de budget. Toutefois, les fans sont conquis par son flow, ses lyrics percutants et sa voix rauque qui ne laisse personne indifférent. « On vit à Cazafonia, on meut à Cazafonia, on va partout mais on ne laisse jamais Cazafonia» clamait le jeune artiste déjà. Un choix qu’il ne tarde pas à faire. Après avoir reçu son diplôme de technicien de l’Office national de la formation professionnel et de promotion du travail (OFPPT), Omar travaille d’abord dans l’usine de Cosumar, au port de Casablanca, dans des centres d’appels avant de décider de quitter le Maroc et d’aller vivre à Londres avec sa femme (une espagnole). «Au Maroc, ce n’est pas toujours permis ni facile de rêver, il faut parfois oser sortir du Maroc pour pouvoir s’exprimer comme on veut» nous confie-t-il, en précisant que jusqu’aujourd’hui, il préfère rester hors du Maroc quand il lance une nouvelle chanson, et attends de voir les réactions avec distance avant de revenir au pays pour commercialiser son travail et faire des interviews…

En arrivant à Londres, Omar ne tarde pas pour trouver un job. Il enseigne l’arabe. Une langue qu’il maitrise vu qu’il a appris le coran par coeur en étant enfant avec toutes ses règles de récitation « Tajwid » et de langue. Alors que son premier surnom « Dizzy Dross » l’accompagne depuis son jeune âge et veut dire, «Da Rythme Of Street », celui de « 3azzy » a commencé à faire écho dès son premier album, 3azzy 3ando Stylo, sorti en 2013, qui a entériné sa popularité. « Influencé par le rap américain qui utilisait souvent le terme « Nigga », j’ai choisi 3azzy pour normaliser avec l’utilisation de ce terme qui avait souvent une connotation péjorative dans notre société ».

Dizzy, Al Moutanabbi

Al-Mutanabbi, quant à lui, est le titre du clash de Dizzy Dros en 2019 contre le rappeur Bigg. Ce dernier avait publié le titre “170 kg”, dans lequel il s’en prenait aux rappeurs 7liwa, Dizzy Dros, Komy, Mr Crazy, Toto, Ily et Lbenj. Taoufik Hazeb était en colère contre les rappeurs de la nouvelle génération, qui, selon lui, “ne font pas honneur au rap” et “le clashent dans plusieurs interviews”. La réponse de Dizzy Dros a tardé de deux semaines, mais le clash a été intense et le titre n’est pas dû au hasard. Les paroles ont été écrites comme un poème respectant les rimes entre les vers, ce qui donne un résultat à la fois harmonieux et percutant. Le titre “Al-Mutanabbi” est une ode à l’un des plus célèbres poètes arabes du Xe siècle. Al-Mutanabbi était l’un des meilleurs poètes de l’histoire arabe, au point qu’il prétendait être prophète et que ses poèmes étaient divins. Comme lui, Dizzy Dros se démarque par son talent et son flow imparable, qui rappellent les plus grands rappeurs de notre époque. Son style Old School et ses paroles écrites en écriture kufique lui confèrent un cachet unique. Avec ce titre, Omar montre une culture générale assez importante et diversifie son répertoire tout en réglant ses comptes avec celui qui prétendait l’avoir aidé à acquérir la notoriété qu’il a aujourd’hui. Mais c’est surtout un titre qui prouve que Dizzy Dros a beaucoup de talent. En moins de quatre jours, le titre a été visionné plus de 8 millions de fois sur YouTube, détrônant Don Bigg dans la liste des tendances sur YouTube et trônant en première position.

Clash à l’Algérie

Les clashs de Dizzy n’ont pas de frontières. En 2019, il s’en prend aux rappeurs algériens et à la politique étrangère de notre pays voisin avec un titre qu’il appelle “Habeel”, affirmant que “le Maroc avance” et que cette identité est singulière. Ce titre est inspiré de l’histoire de revanche de Habeel, le deuxième fils d’Adam et Eve, tué par son frère aîné Caïn par envie, différent de la jalousie. Tout a commencé en septembre 2019, lorsque Dizzy Dros a sorti son clip “AirMax”. Considérant que son confrère marocain lui a lancé une pique, Didine Canon 16 a décidé de répliquer avec “Luca Toni”. Mais après avoir pris conscience de son erreur, le rappeur algérien a retiré le diss track de sa chaîne YouTube.

Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là. Toujours en 2019, en novembre cette fois-ci, Didine Canon 16 revient avec un nouveau clash. Il sort le diss track “Cazawiya +18”, visant principalement Demon, Moro, Lferda et le rap casablancais en général. Ayant le souci du perfectionnisme et le goût pour les détails qui ne sont plus à prouver, Dizzy s’est lancé, “après avoir écouté tous les artistes marocains, surtout ceux qui ont participé dans ce beef. Certains avaient des clashs forts, d’autres un super flow, mais aucun n’a allié les deux. C’est pourquoi j’ai décidé de m’y mettre aussi.” Dizzy souligne alors que la normalisation des relations entre le Maroc et Israël est avant tout pour des intérêts politiques et économiques, mais que “la Palestine est dans nos cœurs et passe avant tout”. Il défend les choix diplomatiques du Maroc et souligne même que “malgré les problèmes entre les deux pays, le Maroc soutient l’Algérie face au reste du monde”, rappelant les positions de fraternité du Maroc envers l’Algérie. Dizzy multiplie les punchlines et les métaphores qui mettent en lumière les hostilités algériennes, les tentatives de vol du patrimoine et de l’histoire marocaine et critique même leur discours politique.

Encore une fois, dizzy fait preuve d’une mentalité d’un rappeur intellectuel, qui parle, analyse et se base sur des faits historiques et politiques. Cet intérêt pour la politique a été mis en lumière plus que jamais dans sa chanson « M3a l3echran » qui critiquait la situation politique au Maroc. Patriote « Je défends mon pays à l’étranger mais je critique également pour améliorer les choses » nous souligne Omar tout en assumant que « Le RAP est la musique la plus influente au Maroc actuellement » et que « les gens font confiance beaucoup plus aux politiciens et même aux gens des médias, le rappeur reste proche des gens, garde le même lifestyle et partage leur vécu avec le même langage qu’ils utilisent». Omar nous annonce toutefois qu’il ne faut pas « donner au Rap plus de responsabilité qu’il ne peut assumer. Le Rap est une façon pour s’exprimer, pour parler… pas que du politique mais aussi de toutes les dimensions sociales …. C’est un moyen pour être « Somebody » alors qu’on était « nobody » auparavant. « Au Maroc on vit au stress, la musique est un échappatoire ».

Un artiste complet

La musique est une échappatoire que Dizzy prend très au sérieux. Dizzy Dross consacre aujourd’hui tout son temps à l’art. Il est très impliqué dans le processus de production de ses albums, travaillant en étroite collaboration avec les producteurs et les techniciens du son et de l’image pour créer une musique de qualité supérieure. C’est un artiste minutieux qui prend soin de chaque détail de sa musique et de ses performances. En 2020, l’artiste a été récompensé du prix du meilleur artiste masculin d’Afrique du Nord à Afrima, l’une des compétitions les plus prestigieuses du continent. Cette reconnaissance internationale est la consécration ultime de son talent et de son engagement musical.

Véritable icône du rap marocain, Dizzy s’est imposé sur la scène musicale en proposant un rap engagé, aux textes puissants et à l’image et la musique de qualité. Toutefois, Dizzy nous révèle que la famille est la chose la plus importante pour lui. Étant le deuxième d’une fratrie de 4 frères, c’est son frère aîné, Youssef Souhaili, célèbre journaliste sportif à Beinsports, qui était le premier à le soutenir et à lui acheter le matériel dont il avait besoin à Derb Ghellef. Aujourd’hui encore, “j’ai décidé d’aller vivre à Las Palmas, en Espagne, pour que mon fils de 5 ans, Djibril, puisse vivre au milieu de sa famille maternelle et être proche du Maroc”. Dizzy Dross est un artiste qui ne cesse de surprendre son public grâce à sa musique engagée et de qualité. Avec son style unique, sa ténacité et sa radicalité, il a su marquer les esprits et se faire une place de choix dans la scène musicale africaine.

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