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« Mépris », « passéiste »… la formation « dès l’après-bac » des enseignants voulue par Macron critiquée – Le Parisien

Les réactions n’ont pas tardé et elles vont quasiment toutes dans le même sens. Vendredi, le président de la République, Emmanuel Macron, a exprimé sa volonté de réformer la formation des enseignants. Il veut « une formation dès l’après-bac » pour les futurs professeurs et a déjà enjoint le ministre de l’Éducation de travailler sur le sujet.
Actuellement, la formation des professeurs passe d’abord par plusieurs années d’études universitaires après le baccalauréat. Les concours de recrutement des enseignants ont lieu en seconde année de master, soit cinq années après l’obtention du bac. Le chef de l’État juge ce fonctionnement « sous-efficace » avec « un cursus universitaire qui est totalement disproportionné et parfois décorrélé » de la réalité du métier, selon des propos rapportés par l’Agence France presse (AFP) à l’occasion d’un déplacement dans un lycée professionnel du Vaucluse, à Orange. « Il faut qu’on puisse permettre à nos jeunes bacheliers et bachelières qui veulent aller vers ce beau métier d’être formés aux savoirs fondamentaux nécessaires au métier d’enseignant dès l’après-bac. »
Il considère qu’un tel fonctionnement serait également plus en adéquation avec les besoins de recrutement. « En recrutant post-bac, on donne de la visibilité à des bacheliers intéressés par le métier d’enseignant, on les accompagne ». Le but serait de « permettre aussi par rapport aux besoins qu’on connaît d’ici 3, 4, 5 ans d’avoir le bon système de recrutement et pas simplement d’ouvrir des concours année après année ».
« C’est toujours agaçant d’avoir des déclarations du président toutes les semaines sur l’éducation », a réagi Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-SNUipp, principal syndical du premier degré (maternelle et élémentaire). Pour elle, « on ne peut pas rogner sur le niveau de qualification pour enseigner aux élèves ». « On va les envoyer (NDLR : les professeurs) au casse-pipe » car « il faut aussi de la maturité pour enseigner à une classe ».
La secrétaire générale du SE-Unsa, Élisabeth Allain-Moreno, a aussi « déploré » cette annonce « dans une période de rentrée où les enseignants ont besoin de sérénité ». « Macron présente une vision assez nostalgique », a-t-elle ajouté. Interrogée sur franceinfo, elle condamne la prise de position du président comme « irresponsable ». « Ça vient conforter sa vision très passéiste et très conservatrice de l’école. » Emmanuel Macron a notamment dit vouloir « revenir à un système qu’on connaissait par le passé, qui fonctionnait, qui est un peu celui des Écoles normales », c’est-à-dire des établissements consacrés à la formation des enseignants et des chercheurs.
Élisabeth Allain-Moreno estime qu’« on nest pas enseignant aujourd’hui, en 2023, comme on l’a été il y a 30 ou 40 ans ». Le métier et le monde ont « changé ». « On ne va pas prendre des écoles normales de quelques décennies en arrière et venir les calquer en 2023, avec des besoins des élèves qui ne sont plus les mêmes ». Elle juge « très dégradante » la position de Macron concernant « le métier et le niveau de compétence qui est indispensable pour enseigner ». Le réseau des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé), qui forment les enseignants, défend lui aussi l’idée d’une « formation universitaire sur un temps long ».
Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré, « entendre cette déclaration sortie de nulle part » est « d’un très grand mépris ». Une formation après le bac, « c’est surtout une manière d’appauvrir la formation », a-t-elle jugé. Interrogée sur la même radio, elle abonde dans le sens d’Élisabeth Allain-Moreno. « Le président de la République recycle un passé un peu mythifié en évoquant par exemple les Écoles normales qui étaient une façon de former les enseignants au XIXᵉ siècle. Il est complètement bloqué dans le XIXᵉ siècle en oubliant les réalités aujourd’hui ».
Elle soulève un autre point, financier cette fois. « Baisser le niveau de recrutement, ça va conduire à moins nous payer. » « Ce qu’il faut regarder avec beaucoup d’attention, c’est quel niveau de recrutement on veut pour nos professeurs et pourquoi on veut un tel niveau de recrutement ? L’air de rien, le fait d’arriver en étant formé, en étant recruté à bac + 5, c’est aussi source de crédibilité auprès des élèves, voire d’autorité. »
À rebours, le Sneeta-FO, organisation de la voie professionnelle, demande « la création d’Écoles normales spécifiques pour les professeurs de lycée professionnel », et appelle à « la fin de la masterisation ». Son secrétaire général, Pascal Vivier, estime que le concours au niveau du master « a tari le vivier de recrutement de nouveaux professeurs ».
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