Menaces de l’EI, la région sahelo-saharienne à la croisée des chemins – Hespress Français
L’augmentation des attaques des groupes terroristes au Sahel et au Sahara, couplée aux défis transfrontaliers tels que le trafic de drogues, le trafic d’êtres humains, les migrations et les déplacements de population, met en évidence l’accélération rapide des épisodes de violence liés aux groupes islamistes.
Malgré les efforts de lutte contre les groupes armés liés à l’EIIL (ISIS) (Etat islamique d’Irak et de Syrie), à al-Qaïda et à d’autres, il n’est pas possible d’arrêter leur expansion dans la région du Sahel et au Sahara. Les activités terroristes liés à ces groupes et notamment l’ISIS, se sont intensifiées ces derniers temps faisant ainsi accroître l’instabilité vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest et touchant même de plus en plus l’Afrique du Nord. La sous-secrétaire générale des Nations unies pour l’Afrique, Martha Pobee, avait indiqué lors d’une réunion du Conseil de sécurité récemment qu‘ »il n’y aura pas de solution, sans un soutien international et une coopération régionale soutenus ».
Cela a créé de multiples problèmes de sécurité pour la région de l’Afrique du Nord, qui traite ce phénomène de manière unilatérale à la lumière des fréquents conflits inter politiques ou au cas par cas. Les attentats terroristes dont le Mali a été témoin ont poussé des centaines de réfugiés vers la frontière algérienne. C’est dû au vide sécuritaire du Mali et au manque de stabilité politique. L’Etat islamique exploite cette situation pour étendre ses activités dans le fameux triangle frontalier avec le Niger et le Burkina Faso d’un côté et jusqu’aux frontières sud de l’Algérie.
Avant 2012, un seul groupe islamiste militant, AQMI, opérait au Mali. Depuis ils sont une dizaine de groupes à être actifs en toute impunité au Mali, au Burkina Faso et au Niger et généralement sous la coupole de l’ISIS (coopération ou allégeance).
À cet égard, Driss Lagrini, professeur des relations internationales à la Faculté de droit relevant de l’Université Cadi Ayyad (UCA) de Marrakech, a de facto fait le lien entre la gestion des questions migratoires et l’angle purement sécuritaire que les Européens abordent dès lors que la question est soulevée.
« Le phénomène est susceptible de s’amplifier, car de nombreux facteurs poussent les jeunes à migrer vers la rive nord de la Méditerranée « , a-t-il confié à Hespress, soulignant que « les approches européennes sont différentes sur la question, et l’aspect sécuritaire est privilégié par rapport aux aspects humanitaires, culturels ou sociaux“.
L’universitaire a en ce sens indiqué que « les pays de la rive sud de la Méditerranée traitent les questions migratoires de manière unilatérale et nationale« , rappelant à ce propos l’exemple « des efforts du Maroc, qui a accumulé une expérience prometteuse en raison de son adoption d’une stratégie nationale bien définie« .
Il a en outre mis l’accent, sur l’adoption d’un ensemble de réformes juridiques qui ont conduit au règlement du statut d’un certain nombre d’immigrants. « La situation libyenne a eu un grand impact sur la croissance de l’immigration clandestine, et il en va de même pour la Tunisie, qui traite le phénomène de manière confuse, ainsi que l’Algérie, qui est limitée à une approche uniquement sécuritaire, qui oblige les pays européens à imposer leur vision face à la fragmentation de la région maghrébine », a-t-il dit.
Pour conclure : « La région du Sahel vit aussi avec des dilemmes économique, politique, social et sécuritaire, qui en ont fait un espace fertile pour la concentration de nombre de réseaux de trafic d’êtres humains et d’armes, ce qui a contribué à approfondir la fragilité sécuritaire, notamment après l’échec des approches européennes dans la région, qui a poussé la France à se retirer de Mali et avec le retrait de la MINUSMA cela va aller de mal en pis ».
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