Les secouristes s'activent dans les villages dévastés du Maroc – Le Droit
Des secouristes transportent un corps retrouvé dans les décombres d’une maison endommagée par le tremblement de terre dans le village d’Imi N’Tala. (FADEL SENNA/AFP)
Le tremblement de terre, qui a frappé vendredi soir une région du Haut-Atlas, au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech (centre), a fait également 5530 blessés, selon un dernier bilan officiel.
Une réplique a été ressentie mercredi à Imi N’Tala, à 70 km au sud-ouest de Marrakech, où un rocher est tombé. Une personne a été légèrement blessée et transportée à l’hôpital, selon une équipe de l’AFP sur place.
Face à l’ampleur de la catastrophe, les autorités marocaines ont sollicité plusieurs pays étrangers comme l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis, pour envoyer des équipes de recherche et sauvetage.
Des villages fouillent les décombres d’un bâtiment détruit dans le village d’Inghed, frappé par le séisme. (FETHI BELAID/AFP)
La Croix-Rouge a de son côté lancé un appel de fonds d’environ 100 millions d’euros, afin de soutenir les opérations de secours.
Le séisme a dévasté de nombreuses habitations de villages situés dans des zones montagneuses, parfois très difficiles d’accès, comme celui d’Ineghede, où onze de ses 200 habitants ont péri.
« On a tout perdu », se désole Mohammed al-Moutawak, un agriculteur de 56 ans.
Une dépouille a été sortie des décombres d’une maison effondrée par une équipe de secouriste à Talat N’Yaqoub, au sud de Marrakech, selon des images diffusées par les télévisions.
Trois dépôts d’aides ont été installés à Taroudant (sud-ouest) : produits alimentaires, couvertures ou encore matelas sont acheminés par voie terrestre ou hélicoptères selon l’état des pistes menant aux zones touchées.
« Nous intervenons dans beaucoup d’endroits » que les « véhicules ne peuvent atteindre », a expliqué le capitaine Fahas Abdullah Al Dosanri, de l’équipe de pompiers qatarie.
À Tikht, où une soixantaine de personnes sont mortes, la population a également reçu de l’aide, dont des couches pour bébés collectés par une association locale.
Un volontaire (à droite) distribue des secours aux victimes du tremblement de terre près d’Adassil. (PHILIPPE LOPEZ/AFP)
« Nous avons de quoi manger grâce aux bienfaiteurs », lance Afrah Fouzia, une jeune femme de 18 ans installée dans une tente aux pieds de son village entièrement détruit.
Un peu plus loin, dans la commune d’Adassil, des sinistrés se sont rassemblés dans un point improvisé de distribution d’aides, où s’activaient une vingtaine de volontaires venus de la ville d’Iznit, à quelque 400 km de là.
« Nous avons lancé un appel sur Facebook et moins d’une demi-heure plus tard, les donations ont commencé à arriver de façon incroyable », raconte Mariam El Bakrem, une Marocaine de 38 ans, qui dit avoir affrété une quarantaine de camions remplis de nourritures et de vêtements en direction des régions affectées.
Malgré l’aide, les survivants restent incertains quant à leur sort, certains craignant notamment l’arrivée de la pluie.
« Les autorités ne nous disent rien à ce sujet », s’emporte Afrah Fouzia, de Tikht. « Bientôt, il commencera à pleuvoir, à faire plus froid, et il y a plein d’enfants ici », soupire-t-elle.
Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, avait assuré lundi que les citoyens qui avaient perdu leur logement recevraient des indemnités.
L’armée marocaine a pour sa part installé des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés dans les zones enclavées, comme dans le village d’Asni, dans la province sinistrée d’Al-Haouz, à un peu plus d’une heure de Marrakech.
Trois blessés ont été évacués mercredi, depuis Ighil vers Marrakech, par un hélicoptère de l’armée. Entre 35 à 40 missions d’évacuation et d’acheminement d’aide vers les points inaccessibles par la route, sont effectuées depuis samedi, selon la chaîne de télévision publique Al Oula.
Des drones de reconnaissance sont également utilisés pour un suivi direct de la situation dans les zones sinistrées.
Des équipes du ministère de l’Équipement poursuivent mercredi leurs travaux pour rouvrir des pistes menant à des petits villages montagneux dans cette province.
Le séisme a atteint une magnitude 7, selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon l’Institut de géophysique américain, USGS). Il est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.
Il s’agit aussi du plus meurtrier dans le royaume depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest, le 29 février 1960.
De 12 000 à 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
Le pape François, qui s’était rendu en visite au Maroc en 2019, a déclaré mercredi que ses pensées allaient « au noble peuple marocain ».
« Prions pour le Maroc, prions pour les habitants pour que le Seigneur leur donne la force pour récupérer », a-t-il dit.