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La sulfureuse série "The Idol" avec The Weeknd et Lily-Rose Depp … – RTS.ch

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>> La superstar de la musique canadienne The Weeknd et l’actrice Lily-Rose Depp, fille de Johnny Depp et Vanessa Paradis, ont foulé lundi le tapis rouge du Festival de Cannes. Ils tiennent les rôles principaux de “The Idol”, une série très attendue du réalisateur d'”Euphoria”, Sam Levinson, dont les deux premiers épisodes ont été projetés en grande pompe en avant-première mondiale sur la Croisette. La série sera diffusée dès le 6 juin sur la RTS.
>>  La course à la Palme d’or reste très ouverte à Cannes. Durant cette deuxième semaine, une série de réalisateurs prestigieux sont au programme, dont les déjà palmés Wim Wenders, Nanni Moretti et Ken Loach. Le palmarès a lieu samedi soir.
>> Au total, 21 films sont en lice pour la Palme d’or. Des cinéastes comme l’Italien Nanni Moretti, le Turc Nuri Bilge Ceylan, le Japonais Hirokazu Kore-Eda ou l’Allemand Wim Wenders sont en quête d’une deuxième Palme, tandis qu’à 86 ans, le Britannique Ken Loach tente un triplé historique.
>> La Suisse est représentée dans la compétition officielle par “La chimère”, une coproduction italo-franco-helvétique réalisée par l’Italienne Alice Rohrwacher.
>> Le jury est présidé par le Suédois Ruben Östlund, Palme d’or 2022 pour “Sans filtre”. Le festival se tient jusqu’au 27 mai.
 
Un suivi assuré par RTS Culture avec RTS Info
La série "The Idol" enflamme Cannes
Avec Abel "The Weeknd" Tesfaye et Lily-Rose Depp
La critique de "Les feuilles mortes" d’Aki Kaurismäki, en compétition
Avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Janne Hyytiäinen
La critique de "Club Zero" de Jessica Hausner, en compétition
Avec Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein, Mathieu Demy
Une compétition qui reste très ouverte
Encore 10 films à voir pour le jury
La critique de "Anatomie d’une chute" de Justine Triet, en compétition
Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner
Une vague africaine déferle sur la Croisette
Une vraie émulation artistique
La "deuxième vie" de Jean-Luc Godard au Festival de Cannes
Le cinéaste célébré à titre posthume
La critique des films en compétition (1ère semaine)
Par Rafael Wolf
Julianne Moore et Natalie Portman ont fait leur entrée en compétition
Jeu de miroirs trouble entre deux stars
"Le procès Goldman" de Cédric Kahn (Quinzaine des cinéastes)
Le bruit et la fureur sur la Croisette
Le retour de Martin Scorsese sur la Croisette
Il y présente "Killers of the Flower Moon"
La critique de "Killers of the flower moon" de Martin Scorsese (hors compétition)
Avec Leonardo DiCaprio, Robert De Niro
Un réalisateur genevois sur la Croisette
Maxime Rappaz présente "Laissez-moi", son premier long métrage avec Jeanne Balibar
Un monstre sacré du cinéma américain
Harrison Ford reçoit une Palme d'or d'honneur surprise
Palme d'or d'honneur pour Michael Douglas
Une star emblématique du cinéma
Le compositeur Howard Shore à l'honneur
La musique de film, grande absente du palmarès
Cérémonie d'ouverture
Le retour controversé de Johnny Depp
La critique du film "Jeanne du Barry" de Maïwenn (hors compétition)
Avec Maïwenn, Johnny Depp, Pierre Richard, Melvil Poupaud
Des actrices fustigent le tapis rouge pour Depp et Maïwenn
Le cinéma, "un milieu toxique"
Présence suisse à Cannes
Six films suisses sur la Croisette
Les films en compétition
21 longs métrages en lice pour la Palme d'or
Le jury 2023
Le réalisateur Ruben Östlund président
Retour sur la précédente édition
Le triomphe de "Sans filtre"
Le petit écran est à l’honneur au Festival de Cannes: la nouvelle série de HBO avec Abel “The Weeknd” Tesfaye et Lily-Rose Depp a eu droit à une présentation sur la Croisette, où ont été projetés ses deux premiers épisodes lundi soir.
Le grand public devra attendre début juin (le premier épisode sera disponible en quasi simultané avec les USA sur le PlayRTS dès le 5 juin à 04h00 puis diffusé le 6 juin à 0h25 sur RTS 1) pour découvrir l’histoire de Jocelyn alias “Joss” (Lily-Rose Depp), popstar qui tente de revenir sous le feu des projecteurs après un passage à vide consécutif au décès de sa mère. Elle croise alors Tedros (Abel Tesfaye) qui va chambouler son retour vers les sommets.
>> A voir, la bande annonce de “The Idol”:

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Annoncée sulfureuse, tant pour son contenu que pour sa gestation tumultueuse, “The Idol”, qui compte au total six épisodes, annonce rapidement la couleur: scènes de nudité, photo intime de “Joss” qui devient virale, masturbations explicites…
Il serait toutefois exagéré de réduire cette série à ces passages. Elle sait aussi poser un regard ironique sur son temps, se moquant d’un “coordinateur d’intimité” qui tente de concilier les exigences du contrat d’image de la chanteuse et sa volonté de disposer de son corps à sa guise, ou dénonçant le formatage de la production musicale actuelle. Les références à différentes stars comme Britney Spears ou Kim Kardashian sont également évidentes.
“Quand tu es célèbre, tout le monde te ment”: Jocelyn, qui a des doutes concernant la chanson censée propulser son come-back, se retrouve rapidement prise dans la toile d’emprise que tisse Tedros autour d’elle, en dépit des avertissements de sa plus proche amie et assistante.
Lily-Rose Depp et Abel "The Weeknd" Tesfaye dans la série "The Idol". [HBO]Lily-Rose Depp et Abel “The Weeknd” Tesfaye dans la série “The Idol”. [HBO]
Plus généralement, les rôles secondaires sont réussis et apportent souvent une touche d’humour à l’ensemble. Avant de se frayer un chemin jusqu’à Cannes, cette série HBO a fait l’objet de plusieurs controverses.
Selon le magazine Rolling Stone, la production notamment a subi de nombreux retards et des réécritures. Des soubresauts causés, selon l’article, par le réalisateur d'”Euphoria”, Sam Levinson, qui a repris la caméra au cours du projet.
Ce n’est pas la première fois qu’une série est projetée à Cannes. Ce fut, par exemple, le cas avec “Irma Vep” d’Olivier Assayas en 2022.
Note: 3/5
A Helsinki, un ouvrier alcoolique rencontre une jeune caissière de supermarché. Ils passent une soirée ensemble, puis se perdent, se retrouvent, avant que la femme ne rejette l’homme à cause de sa dépendance.
"Les feuilles mortes", un film d’Aki Kaurismäki. [Sputnik]“Les feuilles mortes”, un film d’Aki Kaurismäki. [Sputnik]
Boire ou aimer, il faut choisir nous dit en substance le nouveau film d’Aki Kaurismäki, exubérant cinéaste finlandais connu notamment pour “Le Havre”, “Au loin s’en vont les nuages”. Le style épuré, minimaliste, du réalisateur reste ici intact dans ce mélodrame qui cite, pêle-mêle, Robert Bresson, Chaplin, Jim Jarmusch et bien d’autres. Une romance contrariée que Kaurismäki contextualise par de nombreux rappels à la guerre en Ukraine, dont les nouvelles sont diffusées à la radio.
>> A voir, la bande-annonce de “Les feuilles mortes”.

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Reste que le film, pas désagréable à voir, paraît plutôt mineur et sans grande substance thématique en regard d’autres œuvres du cinéaste. Un peu anecdotique.
Rafael Wolf
Note: 2/5
Dans un lycée privé réservé à l’élite du pays, quelques élèves rejoignent un nouveau cours initié par Miss Novak (Mia Wasikowska). L’idée est d’éduquer les adolescents à la nutrition à travers un concept encourageant une consommation d’abord plus modérée, puis une absence complète de nourriture, prônée dans un cercle secret: le Club Zéro.
Une image de "Club Zero" de Jessica Hausner.Une image de “Club Zero” de Jessica Hausner.
Dans une mise en scène acérée imposant un univers cloisonné, enfermé sur lui-même, la cinéaste autrichienne Jessica Hausner (“Lourdes”, “Little Joe”) observe l’endoctrinement progressif de cette jeunesse par une sorte de gourou de secte qui va jouer un rôle maternel ambigu auprès de ses adeptes de plus en plus déconnectés de leur contexte familial.
>> A voir, un extrait de “Club Zero”:

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Le sujet passionne, son traitement à l’écran dépite, tant la volonté démonstrative de Hausner, son abus des références ésotériques (jusqu’à un clin d’œil final à la Cène de De Vinci), et l’aspect totalement programmatique d’un récit ne s’écartant jamais de ce qu’on attend de lui, condamnent “Club Zero” à une lourdeur thématique inouïe.
Rafael Wolf
Ce lundi, côté glamour, ce sont la superstar de la musique canadienne The Weeknd et l’actrice Lily-Rose Depp, fille de Johnny Depp et Vanessa Paradis, qui sont annoncés sur le tapis rouge pour leurs rôles dans la série “The Idol” de Sam Levinson, dont les deux premiers épisodes sont montrés en avant-première mondiale sur la Croisette.
Côté compétition, le jury, qui a déjà pu voir 11 des 21 films en lice, s’apprête à découvrir “Club Zero”, de l’Autrichienne Jessica Hausner et “Les feuilles mortes” du Finlandais Aki Kaurismaki.
Les jeux restent très ouverts, aucun film n’ayant fait l’unanimité parmi les critiques pour succéder à “Sans Filtre”, la comédie grinçante sur le capitalisme livrée l’an dernier par le Suédois Ruben Östlund.
Après une première ligne droite marquée par la présentation hors compétition de films-événements, dont le retour de Harrison Ford dans le dernier “Indiana Jones” et le nouvel opus de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, dix films vont encore tenter leur chance pour la Palme.
Parmi eux, trois réalisateurs déjà récompensés: l’Allemand Wim Wenders, l’Italien Nanni Moretti et le roi britannique de la chronique sociale Ken Loach, qui tentera même d’être le premier à décrocher une troisième Palme historique, après “Le Vent se lève” (2006) et “Moi, Daniel Blake” (2016).
Le réalisateur britannique Ken Loach à Cannes en 2019 pour son film "Sorry We Missed You". [Loic Venance - AFP]Le réalisateur britannique Ken Loach à Cannes en 2019 pour son film “Sorry We Missed You”. [Loic Venance – AFP]
Le retour de la réalisatrice française Catherine Breillat est également très attendu, tout comme le casting de stars du dernier Wes Anderson, qui promet de faire crépiter les flashs sur le tapis avec Jason Schwartzman, Tilda Swinton ou encore Margot Robbie.
Le palmarès est attendu samedi soir.
Note: 4/5
Autrice de roman à succès, Sandra (Sandra Hüller, prodigieuse) vit avec son mari, Samuel, et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, dans une maison perdue en montagne, près de Grenoble. Le jour où Samuel est retrouvé mort en bas de la fenêtre de son bureau, dans ce qui paraît être un suicide, une enquête judiciaire est ouverte. Sandra est soupçonnée, puis inculpée. Un an plus tard, le procès expose les zones d’ombre de Sandra et de Samuel alors que Daniel, l’enfant, assiste aux audiences en découvrant des vérités qu’on lui avait cachées jusque-là.
Le jeune Milo Machado Graner dans "Anatomie d'une chute" de Justine Triet. [Les Films Pelléas - Les Films de Pierre]Le jeune Milo Machado Graner dans “Anatomie d’une chute” de Justine Triet. [Les Films Pelléas – Les Films de Pierre]
Cinéaste auteure des excellents “La bataille de Solferino”, “Victoria” ou encore “Sybil”, Justine Triet creuse ici les failles, les béances, les mystères d’un couple, autopsiant les rapports ambigus qui ont amené cet homme et cette femme vers le drame. Jouant sur l’opacité des caractères, on ne sait jamais bien qui, du mari ou de l’épouse, exerce sur l’autre une autorité toxique. La cinéaste brouille les frontières poreuses entre les faits et les projections, la réalité et la fiction, posant, à travers le personnage le plus passionnant du film, le jeune Daniel, la question du pourquoi plutôt que du comment. On reste tout de même un peu sceptique face aux libertés que s’accorde Justine Triet au sujet de ce qu’elle révèle au public, au jury du tribunal et à ses protagonistes, passant parfois d’un point de vue à l’autre sans réelle justification que celle d’une dramaturgie qui cherche un peu trop à combler les trous.
Rafael Wolf
Avec deux films en compétition pour la Palme, une poignée d’autres disséminés dans les sélections parallèles et deux membres du jury originaires du contient, l’Afrique n’a jamais été aussi présente à Cannes.
L’Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina, Palme d’or en 1975 avec “Chronique des années de braise” est à ce jour le seul cinéaste africain a avoir reçu la distinction suprême sur la Croisette.
Cette année, deux réalisatrices africaines peuvent rêver de lui succéder. Tout d’abord Ramata-Toulaye Sy, née en France – où elle a grandi – de parents sénégalais. Elle livre à Cannes “Banel & Adama”, un premier long métrage empreint de lyrisme sur l’émancipation d’une femme peule.
>> A voir la bande-annonce du film “Banel & Adama”

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L’autre réalisatrice du continent en lice pour la Palme est la Tunisienne Kaouther Ben Hania. Révélée au grand public à Cannes en 2017 grâce à son thriller sur une victime d’un viol “La belle et la meute”, elle présente cette année “Les filles d’Olfa”, un film sur une femme tunisienne, mère de quatre filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité.
L'équipe du film tunisien "Les Filles d'Olfa" sous les feux des projecteurs. De gauche à droite, Nadim Cheikhouha, Eya Chikahoui, Tayssir Chikhaoui, Olfa Hamrouni, Kaouther Ben Hania (la réalisatrice), Hend Sabri, Ichraq Matar, Nour Karoui et Madj Mastoura. [Antonin Thuillier - AFP]L’équipe du film tunisien “Les Filles d’Olfa” sous les feux des projecteurs. De gauche à droite, Nadim Cheikhouha, Eya Chikahoui, Tayssir Chikhaoui, Olfa Hamrouni, Kaouther Ben Hania (la réalisatrice), Hend Sabri, Ichraq Matar, Nour Karoui et Madj Mastoura. [Antonin Thuillier – AFP]
Une nouvelle génération
“On est face à l’arrivée d’un nouvelle génération, mieux formée et qui a des choses à dire”, souligne auprès de l’AFP Kaouther Ben Hania. “Il y a une vraie émulation artistique”, complète le Marocain Kamal Lazraq.
“Les meutes”, son premier long métrage qui suit la folle nuit au cours de laquelle un père et son fils tentent de se débarrasser du corps d’un homme, a été présenté en Sélection officielle, dans la catégorie Un certain regard.
A la Quinzaine des cinéastes, une autre section parallèle du Festival, le film “Déserts” de Faouzi Bensaïdi, sorte de western contemplatif tourné dans le Rif, n’a laissé personne indifférent.
L’importance du soutien financier et logistique
“Le Maroc fait depuis des années un vrai travail d’accompagnement de la production cinématographique”, assure Kamal Lazraq. Même tonalité chez Ramata-Toulaye Sy, qui a loué l’accompagnement du gouvernement sénégalais concernant son film.
Pour d’autres, le soutien financier et logistique n’est pas toujours au rendez-vous, comme l’avait dit publiquement Kaouther Ben Hania en 2021.
Peut-on parler d’une percée du cinéma africain? Non, rétorque à l’AFP le cinéaste malien (Carrosse d’or cette année) Souleymane Cissé. “Les films africains ont toujours existé, mais n’ont jamais été mis en valeur”, soutient-il.
“La production africaine est riche et variée, il est temps de s’y intéresser”, poursuit-il, dénonçant le “mépris” des Occidentaux. “Ce sont aux distributeurs d’aller chercher les films africains”, abonde Ramata-Toulaye Sy, qui enseigne le cinéma à Dakar. “Ils ont toujours été là, devant nous”, assure-t-elle.
Jamais couronné sur la Croisette, Jean-Luc Godard, décédé en septembre 2022, a eu droit à une forme de “célébration” posthume dimanche au Festival de Cannes, avec la projection d’un documentaire sur le cinéaste suisse et de son dernier projet.
“La salle est pleine. Ça veut dire que la deuxième vie, ou la millième vie, de Jean-Luc Godard commence maintenant, avec les films qui restent”, a relevé le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, devant un public où étaient notamment présents les cinéastes Jim Jarmush, Wang Bing (en compétition cette année avec son documentaire “Jeunesse”) ou l’actrice Salma Hayek.
Dans “Godard par Godard”, Florence Platarets revient – sans commentaire en voix off – sur la vie du cinéaste agitateur de la Nouvelle Vague, disparu à 91 ans en ayant recours à l’assistance au suicide. L’occasion, à travers des images parfois inédites, de le voir notamment diriger son premier long-métrage, le résolument novateur “A bout de souffle”.
>> A lire aussi: Le cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard est décédé à l’âge de 91 ans
Mais aussi, dans une séquence très applaudie par les spectateurs présents, de revenir sur la Croisette en mai 1968. Alors que la France est agitée par des troubles sociaux, Godard prend la tête d’une fronde de cinéastes qui finit par faire interrompre prématurément le Festival de Cannes.
Jean-Luc Godard lors du 57e Festival de Cannes en 2004. Il y présentait son film "Notre musique". [Boris Horvat - AFP]Jean-Luc Godard lors du 57e Festival de Cannes en 2004. Il y présentait son film “Notre musique”. [Boris Horvat – AFP]
Autre moment mémorable du réalisateur à Cannes, où il a remporté le Prix du jury en 2014 et une Palme d’or spéciale en 2018: en 1985, venu présenter son long-métrage “Détective”, il reçoit en pleine figure une tarte à la crème. Ce portrait a été suivi d’un court film présentant le dernier travail de Jean-Luc Godard sous l’appellation “Film annonce du film qui n’existera jamais: ‘Drôles de guerres'”. Se résumant au collage d’une succession d’images et de mots, entrecoupés de petits extraits vidéo, il s’agissait d’une adaptation du roman de l’écrivain belge Charles Plisnier “Faux Passeports”, lauréat du prix Goncourt en 1937. Ce recueil de nouvelles suit différents personnages entre la Révolution d’octobre 1917 en Russie et les années 1930.
>> A lire aussi: le grand format de RTSCulture Jean-Luc Godard, pas à pas
>> A voir: le documentaire “Godard, seul le cinéma”

Godard, seul le cinéma [RTS]

Godard, seul le cinéma / Sur les Docs / 100 min. / le 30 avril 2023


Avec Alicia Vikander, Jude Law, Simon Russell Beale
Note: 2/5
Sixième épouse du roi Henri VIII (Jude Law, méconnaissable), qui n’a pas hésité à répudier ou trucider ses précédentes femmes dès lors qu’il se sentait trahi par elles, Catherine Parr (Alicia Vikander) tente de peser sur les décisions de la cour en matière de religion, le protestantisme naissant est encore écrasé par le roi et l’évêque, qui voit en la reine une ennemie à décapiter.
Une image du film "Firebrand - Le jeu de la reine" de Karim Aïnouz. [Festival de Cannes]Une image du film “Firebrand – Le jeu de la reine” de Karim Aïnouz. [Festival de Cannes]
Enrobé dans l’écrin d’une mise en scène à la fois soignée et suffisamment moderne pour ne pas sombrer dans la reconstitution académique, “Firebrand – Le jeu de la reine” s’appuie sur les conflits et les contradictions d’une Angleterre encore catholique, menacée par les contestations de celles et ceux qui ne veulent plus d’intermédiaires entre Dieu et le peuple. Très vite pourtant, le discours autant féministe (Catherine est écrasée par les hommes qui l’entourent) que le propos religieux tombent dans la pure démonstration caricaturale, le roi Henri VIII, souffrant d’une affreuse blessure à la jambe, éructant ici comme un porc en rut qui ne pense qu’à forniquer, manger et guerroyer. A ce stade de raccourci grotesque, on en vient à regretter l’intitulé initial du film, pourtant passionnant, qui prétendait substituer aux sempiternelles histoires de guerres et d’hommes un contre-point féminin et pacifique qui aurait mérité un film plus abouti et singulier que celui-ci.
Avec Natalie Portman, Julianne Moore et Charles Melton
Note: 4/5
Vingt ans auparavant, Gracie Atherton (Julianne Moore), 36 ans, s’amourachait de Joe Yoo (Charles Melton), 13 ans, défrayant les tabloïds américains. Après avoir purgé une peine de prison, donné naissance à plusieurs enfants, et épousé Joe, Grace accepte de recevoir chez elle, à Savannah, une star hollywoodienne, Elizabeth Berry (Natalie Portman) qui s’apprête à tourner un film indépendant inspiré de l’histoire de Grace. Entre la famille qu’elle a fondée avec Joe, et son ancien mari, avec qui elle a eu deux enfants, Grace préfère oublier son passé et cuisiner des gâteaux à longueur de journée. Mais les questions insistantes de l’actrice, désireuse de comprendre la personnalité profonde de celle qu’elle va interpréter, exacerbe les tensions, les non-dits et les rancœurs enfouies.
Une photo du film "May December" de Todd Haynes avec Natalie Portman et Julianne Moore. [DR]Une photo du film “May December” de Todd Haynes avec Natalie Portman et Julianne Moore. [DR]
Poursuivant ses portraits de femmes emprisonnées dans les conventions sociales, (“Safe”, “Carol”, “Loin du paradis”) Todd Haynes met côte à côte deux comédiennes prodigieuses, Julianne Moore et Natalie Portman, dans un face-à-face tragicomique entre la réalité et la fiction. Dans plusieurs scènes mémorables, Portman imite en temps réel le jeu et les mimiques de Moore qui parle à côté d’elle, comme si le modèle et son personnage fictionnel communiquait par la magie de l’artifice cinématographique. “May December” épate avec le portrait magistral qu’il dresse du métier d’actrice, Natalie Portman mérite d’emblée le prix d’interprétation cannoise, et le film de souligner, avec une ironie cruelle, l’écart infranchissable qui sépare la complexité des êtres et leur représentation artistique forcément réductrice.
Avec Mamadou Diallo, Khady Mane
Note: 3/5
Dans un village du Sénégal, Banel et Adama s’aiment d’un amour fou et exclusif. Mais alors que la communauté, réglée par des traditions rigides, demande à Banel d’enfanter et à Adama d’assumer le poste de chef qui lui revient, ils refusent et se retrouvent marginalisés. Banel développe une colère de plus en plus forte qu’elle exprime au moyen d’une fronde avec laquelle elle tue insecte, oiseau, rêvant d’aller habiter avec Adama dans une maison hors du village enfouie sous le sable.
>> A voir: la bande-annonce du film

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Premier long-métrage de Ramata-Toulaye Sy, tourné en langue peul, “Banel et Adama” impose d’emblée une beauté cinématographique assez prodigieuse. L’image, simple et épurée, opte pour un réalisme poétique plutôt que pour un naturalisme qui s’approcherait du documentaire.
Si l’on peut regretter la relative lourdeur des dialogues, des conflits et des situations exposées à l’écran, opposant de manière un peu binaire modernité et tradition, obéissance et émancipation, cœur contre raison, l’énergie explosive qui émane du personnage de Banel, et le recours à des images proches du conte ou de la légende au sein d’un récit somme toute ancré ici et maintenant, confirment la réussite de ce premier coup d’essai.
Avec Hend Sabri, Olfa Hamrouni, Eya Chikahoui
Note: 3/5
En Tunisie, Olfa vit avec ses deux filles, les deux aînées ayant “disparu”, on comprendra plus tard qu’elles sont parties faire le djihad en Libye. Pour reconstituer le traumatisme vécu par cette mère et ses deux cadettes maintenant adolescentes, la cinéaste Kaouther Ben Hania (“La belle et la meute”) joue à brouiller les frontières entre documentaire et fiction. D’un côté, la vraie mère et ses deux filles. De l’autre, trois comédiennes, une pour interpréter Olfa, les deux autres pour incarner les deux sœurs radicalisées, qui vont rejouer certaines scènes du passé de cette famille mettant en lumière l’oppression des femmes, la mère Olfa répercutant sur ses filles la haine du corps, la peur des hommes, le culte de la religion qu’elle avait elle-même subie.
Une image du film "Les filles d'Olfa" de Kaouther Ben Hania. [Festival de Cannes]Une image du film “Les filles d’Olfa” de Kaouther Ben Hania. [Festival de Cannes]
Si le dispositif des “Filles d’Olfa” apparaît souvent très artificiel et peut mettre à distance d’une émotion que la cinéaste cherche un peu trop à faire dégouliner sur l’écran, le film trouve in fine sa raison d’être en orchestrant une forme de catharsis, voire de réconciliation, entre Olfa et ses deux filles.
Avec Deniz Celiloğlu, Merve Dizdar, Musab Ekici
Note: 3/5
La neige recouvre les alentours d’un village reculé d’Anatolie où Samet enseigne le dessin. Il rêve d’être muté à Istanbul, mais sa rencontre avec une jeune professeur, Nuray, perturbe un peu ses plans. Son ami et colocataire semble nouer une relation avec cette dernière que lui jalouse Samet, par ailleurs accusé, par une jeune élève secrètement amoureuse de lui, de gestes déplacés.
Une image du film "Les herbes sèches" de Nuri Bilge Ceylan. [Festival de Cannes]Une image du film “Les herbes sèches” de Nuri Bilge Ceylan. [Festival de Cannes]
Lauréat d’une Palme d’or en 2013 avec “Winter Sleep”, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan prolonge ici son cinéma contemplatif et philosophique, construit sur des tableaux visuels magnifiques et une durée étirée (3h10). On est toutefois rapidement happé par cette histoire qui s’approche par moment d’une narration à suspense. Les rumeurs mènent à des accusations dont les fondements apparaissent discutables, les motivations réelles des personnages restent opaques et se dévoilent lentement au fur et à mesure d’un film qui interroge la question de l’implication des êtres dans le monde, par la politique, l’amour, les espoirs en l’avenir, ou au contraire leur détachement, leur égoïsme et leur lassitude progressive.
C’est très beau, maîtrisé à la perfection, mais le discours philosophique final paraît un peu trop souligné et, disons-le, relativement peu original pour nous enthousiasmer complètement.
Avec Sandra Hüller, Christian Friedel, Ralph Herforth
Note: 5/5
Une famille allemande se prélasse aux abords d’une rivière. Rudolf Höss (Christian Friedel) et son épouse Hedwig (Sandra Hüller) vivent paisiblement avec leurs cinq enfants dans une superbe maison avec jardin et piscine. Sauf que Rudolf est la commandant du camp d’Auschwitz situé juste à côté de sa demeure.
Une photo du film "The Zone of Interest" de Jonathan Glazer.  [Courtesy of A24 / MICA LEVI]Une photo du film “The Zone of Interest” de Jonathan Glazer. [Courtesy of A24 / MICA LEVI]
Inspiré du roman de Martin Amis, “The Zone of Interest” est une œuvre glaçante qui décrit, à travers des plans souvent fixes, très distanciés, le quotidien de cette famille de prédateurs qui doivent leur qualité de vie aux Juifs qu’ils assassinent juste à côté de chez eux. Plutôt que de chercher à créer une empathie avec ces enfants et ces parents nazis, qui n’ignorent rien, ils restent indifférents aux horreurs qui ont lieu juste derrière le mur qui les séparent du camp, “The Zone of Interest” touche au chef-d’œuvre en éludant toute représentation des camps, perçus ici uniquement par le son, les trains qui arrivent, les cris, les coups de fusils, la vrombissement permanent des fours crématoire.
>> A lire également: L’écrivain britannique Martin Amis est décédé à l’âge de 73 ans
L’horreur reste omniprésente, par la fumée et les flammes qui sortent de la cheminée du four crématoire, par les vapeurs expulsées des trains qui débarquent, dans ce film qui trouve un point de vue inédit sur un sujet que l’on croyait épuisé.
Le contraste effroyable entre cette famille qui profite littéralement des horreurs voisines (la femme récupère avec bonheur le manteau en fourrure d’une victime, les enfants jouent avec des dents en or), et la monstruosité de cette proximité (le mari nazi qui pêche dans une rivière soudain teintée des cendres des juifs exterminés), provoque un sentiment de sidération permanent, renforcé par des scènes furtives convoquant, dans une image infrarouge, le conte de Hans et Gretel des frères Grimm.
Immense film sur la Shoah, “The Zone of Interest” déploie même son sujet à des thématiques plus larges, dès lors que l’on voit des ingénieurs vanter les mérites technologiques d’un four crématoire plus performant, où que l’on assiste à la réunion des chefs des camps de concentration qui ressemble étrangement à une assemblée de chef d’entreprise contemporain.
Un grand film qui élude la farce du roman initial pour n’en garder que la sécheresse effroyable et la gêne de cette banalité du mal chère à Hannah Arendt.
Note: 5/5
Dans la cité de Zhili, à 150 km de Shanghai, un quartier d’immeubles bétonnés est entièrement dévolu à la fabrication de vêtements. Des jeunes quittent leur campagne pour gagner leur vie dans les innombrables ateliers textiles de la zone. Travaillant sans relâche, les employés, payés à la pièce, rêvent d’une maison, d’un mariage, d’un enfant. Des amours naissent, des amitiés aussi, alors qu’une négociation compliquée oppose le patron à un groupe de salariés désireux de réévaluer le prix des pièces qu’ils confectionnent.
Documentariste chinois acclamé dans les festivals pour ses œuvres aux durées pharaoniques, Wang Bing a filmé, entre 2014 et 2019, ces ateliers saturés des sons des machines à coudre et des chansons de variétés chinoises.
>> A voir: la bande-annonce du documentaire

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Si la durée de “Jeunesse”, plus de 3h30, peut paraître à priori intimidante, elle devient l’atout principal de cette sidérante plongée qui nous captive par sa dimension feuilletonnesque. La mise en scène se construit comme par improvisation, la caméra se rapproche des ouvriers et des ouvrières, la netteté de l’image s’opère sous nos yeux, en instantané, accentuant à un degré prodigieux notre proximité avec les multiples personnages auxquels on s’attache très rapidement.
En résulte un portrait vivant, unique, drôle par endroits, des aspirations de la jeunesse chinoise et de l’exploitation industrielle d’une génération toute entière.
Avec Sean Penn, Tye Sheridan
Note: 1/5
Suivant des études de médecine, Ollie Cross (Tye Sheridan) gagne sa vie en tant que jeune ambulancier new-yorkais. Il fait équipe avec Gene Rutkovsky (Sean Penn), un urgentiste plus expérimenté qui le confronte au choix cornélien que le métier appelle chaque soir pour tenter de sauver des vies humaines.
Adapté du roman de Shannon Burke “911”, “Black Flies” adopte une forme immersive pour nous plonger au cœur du quotidien de ces ambulanciers. Caméra tremblée, points de vue subjectifs, effets de lumière ultra-stylisés; Jean-Stéphane Sauvaire ( “Johnny Mad Dog”, “Une prière avant l’aube”) ne lésine sur aucune lourdeur cinématographique, appuyant le sordide, le misérabilisme, la violence des milieux décrits (gangsters latinos, mari russe frappant sa femme, musulman asthmatique, mère junkie et sidéenne donnant naissance à un bébé mort-né), avec un aplomb tel qu’il en devient contre-productif.
Sean Penn et Tye Sheridan dans "Black Flies", de Jean-Stéphane Sauvaire. [David Ungaro]Sean Penn et Tye Sheridan dans “Black Flies”, de Jean-Stéphane Sauvaire. [David Ungaro]
Mis à l’écart d’un tel étalage de complaisance emporté par un scénario archétypal (le novice apprenant la vie grâce au vétéran, au trauma initial dominé par le suicide d’une mère), le spectateur de “Black Flies” finit à terre, achevé par un recours pachydermique à des figures religieuses, l’archange Gabriel terrassant les forces du mal, le nom du héros, Ollie Cross (soit littéralement Sainte Croix en français), la culpabilité et le pardon final comme lien thématique. A ce stade de pathos surligné, on en vient à songer au film autrement supérieur de Martin Scorsese, “A tombeau ouvert” (1999), dans lequel Nicolas Cage incarnait un ambulancier new-yorkais dépressif et drogué qui perçoit les fantômes de ceux qu’il n’a pas réussi à sauver.
Une oeuvre psychédélique, surréaliste qui fait oublier en un clin d’oeil ces mouches noires qui survolent la première bouse de la compétition.
Avec Aïssatou Diallo Sagna, Esther Gohoutou, Suzy Bemba, Virginie Ledoyen
Note: 4/5
Quinze ans après avoir fui la Corse, Khédidja revient sur l’île avec Jessica et Farah, ses deux filles adolescentes, pour s’occuper des enfants d’un riche couple parisien. Le temps de cet été, la mère renoue avec un ancien ami de son mari décédé dans des circonstances nébuleuses alors que ses filles cherchent à trouver leur voie dans les traces d’un passé inconnu.
"Le retour", un film de Catherine Corsini. [Emmylou Mai - CHAZ Productions]“Le retour”, un film de Catherine Corsini. [Emmylou Mai – CHAZ Productions]
Précédé d’une polémique accusant son tournage de harcèlements moraux et physiques, en plus d’une supposée scène de sexe non simulée impliquant une comédienne mineure, “Le retour” a été repêché en dernière minute en compétition cannoise. Une fois le film vu, sans l’ombre d’une image sexuelle explicite, on se focalisera sur cette chronique familiale naturaliste qui déploie une émotion assez intense.
S’attachant aux personnages de Khédidja et de ses filles antagonistes – Jessica s’apprête à entrer à Science-Po, Farah mène une vie sans lendemain dominé par les petits deals de drogue – Catherine Corsini pose ce trio en pleine crise face à ses racines, son passé et son avenir incertain. La question de l’identité épouse ici celle de la sexualité, chacune de ces trois femmes s’abandonnant à une relation imprévue, Jessica goûtant pour la première fois à un désir saphique puissant avec la fille des employeurs de sa mère, source des séquences les plus intenses et sensuelles d’un film à la beauté épurée auquel on pourra toutefois reprocher certaines lourdeurs psychologiques et quelques clichés liés à la culture corse.
>> A écouter, une interview de Catherine Corsini dans “Vertigo”, suivie d’une rencontre avec l’acteur Michael Douglas:
Avec Soya Kurokawa, Sakura Ando
Note: 3/5
Un immeuble de bar à hôtesses est incendié par un mystérieux pyromane. Minato, un garçon qui se demande s’il resterait humain si on lui greffait un cerveau de porc, regarde la scène sur le balcon de son appartement en compagnie de sa mère, Saori. La veuve s’inquiète le jour où son enfant lui avoue qu’il est harcelé par son professeur, un dénommé Hori, et demande réparation à l’école. En guise d’excuse, l’enseignant ne fait que répéter les consignes dictées par la directrice de l’établissement, dont la petite-fille vient d’être accidentellement écrasée par son mari. Quant au camarade de classe de Minato, souffre-douleur des autres et victime d’un père alcoolique qui le croit “malade”, il tait la clé d’un secret que le film prendra près de deux heures à explorer.
"Monster" ("Kaibutsu") de Hirokazu Kore-eda. [DR]“Monster” (“Kaibutsu”) de Hirokazu Kore-eda. [DR]
Palme d’or en 2018 pour “Une affaire de famille”, et auteur de l’extraordinaire “Nobody knows”, Hirokazu Kore-eda choisit de raconter cette histoire trouée par d’innombrables zones d’ombres, de mensonges, de rumeurs, à travers trois points de vue différents. D’abord, on suit la mère. Puis le film revient en arrière et retrace la même temporalité, mais sous l’angle du professeur, bouc émissaire tout désigné responsable d’avoir frappé et insulté Minato. Enfin, le point de vue de l’enfant, Minato, complète cette mosaïque qui ne cesse de nous montrer que ce que l’on a vu n’est qu’un leurre. Très soigné et structuré, “Monster” atteint toutefois ses limites dans ce programme trop rigide, la systématique du retournement de situation virant un peu trop rapidement à l’artifice. Et l’on s’étonne quelque peu de voir Hirokazu Kore-eda dévoiler peu à peu les zones obscures de son film alors qu’il s’évertuait, dans ses œuvres précédentes, à épaissir ce même mystère qui donnait toute sa singularité à son geste de cinéaste.
Un duo de stars féminines, Julianne Moore et Natalie Portman, ont fait leur entrée samedi en compétition à Cannes dans “May December”, sur les faux-semblants et le déni d’une relation interdite entre un mineur et une adulte.
L’Américain Todd Haynes (“Dark Waters”, “The Velvet Underground”…) fait son retour avec ce drame construit autour d’un jeu de miroirs entre les deux actrices, auxquelles il offre des rôles aussi centraux que troubles.
Julianne Moore, le réalisateur Todd Haynes, Natalie Portman et Charles Melton lors de la projection à Cannes du film "May December". [Christophe Simon - AFP]Julianne Moore, le réalisateur Todd Haynes, Natalie Portman et Charles Melton lors de la projection à Cannes du film “May December”. [Christophe Simon – AFP]
“Voir ces femmes qui se comportent de façon moralement ambiguë, cela élargit le spectre des possibilités (de représentation) des femmes”, a souligné Natalie Portman dans une interview à l’AFP. Le point de vue du réalisateur “est de considérer les femmes comme des humains, et donc de leur offrir toute la palette des comportements”.
Avec une histoire de couple où le personnage féminin est le plus âgé, “les rôles sont renversés” par rapport aux stéréotypes de la société patriarcale mais “cela ne suffit pas à corriger le système”, poursuit-il. “May December” appartient à ces films “qui posent des questions et débattent de dilemmes moraux. C’est quelque chose de vital au cinéma” mais “il est de plus en plus dur de faire ce genre de films”.
Une photo du film "May December" de Todd Haynes avec Natalie Portman et Julianne Moore. [DR]Une photo du film “May December” de Todd Haynes avec Natalie Portman et Julianne Moore. [DR]
Près de 50 ans après les faits, un film revient sur le procès de l’énigmatique Pierre Goldman, gangster et militant d’extrême gauche, poursuivi pour le meurtre de deux pharmaciennes, mais aussi sur une époque: la France des années 1970.
Ce drame réalisé par Cédric Kahn (“Roberto Succo”, “La prière”) a ouvert mercredi la Quinzaine des cinéastes, une des sections parallèles du Festival de Cannes.
>> A écouter: le sujet de Philippe Congiusti dans l’émission “La Cavale”

"Le procès Goldman" de Cédric Kahn. [Ad Vitam Distribution]Ad Vitam Distribution

“Le procès Goldman”, le bruit et la fureur sur la Croisette / La Cavale / 1 min. / samedi à 15:02


Une question traverse le film: comment juger un homme qui dit qu’il est “innocent parce qu'(il est) innocent”. “Le film ne tranche pas la question, ce n’est pas le sujet”, balaye le cinéaste. “C’est plutôt un hommage à la justice”, s’empresse-t-il d’ajouter.
La force du film réside aussi dans ses acteurs: Arthur Harari (le réalisateur d'”Onoda”) dans le rôle du ténor Georges Kiejman, décédé il y a une semaine, qui s’occupe de la défense de Goldman. Mais surtout Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, qui apporte à lui seul toute l’intensité dramatique du film.
Né à Lyon en 1944 de parents résistants, Pierre Goldman a toujours rêvé de marcher sur leurs traces. Sa vie bascule en décembre 1970, lorsqu’il est arrêté pour le meurtre de deux pharmaciennes, boulevard Richard-Lenoir à Paris, au cours d’un hold-up en décembre 1969.
Bien qu’il crie son innocence, il est reconnu coupable par la cour d’assises de Paris le 14 décembre 1974 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Après l’annulation de cet arrêt par la Cour de cassation, il est rejugé aux Assises de la Somme le 4 mai 1976. C’est sur ce second procès que revient le film.
Mise en scène épurée, sans musique, ni flashbacks: seul le procès est filmé, donnant au spectateur une sensation de huis clos. De cette mise en scène minimaliste se dégage pourtant une force. “Je ne voulais pas qu’on bascule dans l’identification au personnage”, explique à l’AFP le réalisateur, ajoutant que ce choix de mise en scène apporte une dimension “spectacle” au film.
Ce long-métrage, voilà 15 ans que Cédric Kahn y pensait. Pierre Goldman “m’a toujours captivé”, dit-il mais “je me suis laissé le temps. J’aime quand un sujet me rattrape”. Le film jette aussi une lumière crue sur la société française de l’époque: racisme, défiance envers la police… et ne peut s’empêcher de résonner avec la France d’aujourd’hui.
Blanchi à l’issue de son procès, Pierre Goldman est libéré par anticipation et sort de prison le 5 octobre 1976. Trois ans plus tard, il est abattu en bas de chez lui à Paris.
Le Festival de Cannes a créé l’évènement sur tapis rouge samedi avec la présentation du dernier film de Martin Scorsese, 80 ans, qui réunit pour la première fois ses acteurs fétiches, DiCaprio et De Niro. Palme d’or en 1976 avec “Taxi Driver”, président du jury en 1998, Scorsese est considéré comme un des plus grands noms du cinéma mondial.
Scorsese y réunit pour la première fois deux de ses acteurs fétiches, Robert De Niro, 79 ans, (“Taxi Driver”, “Raging Bull”, “Mean Streets”…) et Leonardo DiCaprio, 48 ans, (“Le Loup de Wall Street”, “Shutter Island”), dans un univers nouveau, celui d’une tribu amérindienne, Osage, détentrice d’une terre riche en or noir et soudainement victime de meurtres et disparitions.
Martin Scorsese et Robert De Niro après la projection de "Killers of the Flower Moon" au festival de Cannes 2023. [Christophe Simon - AFP]Martin Scorsese et Robert De Niro après la projection de “Killers of the Flower Moon” au festival de Cannes 2023. [Christophe Simon – AFP]
DiCaprio joue Ernest Burkhart, un homme amoureux d’une Amérindienne (l’actrice Lily Gladstone), qui se retrouve embringué dans une conspiration ourdie par le magnat du bétail William Hale, incarné par un Robert De Niro avide de pétrole. Un agent du FBI, joué par Jesse Plemons, est chargé d’élucider les meurtres.
Le réalisateur souhaitait montrer comment certains Américains “ont pu rationaliser la violence – même contre ceux qu’ils aimaient – en affirmant simplement: ‘C’est la civilisation. Un groupe entre et un autre sort’ “, a-t-il expliqué, à Los Angeles.
Un symbole fort pour le cinéma sur grand écran
La projection de ce film évènement à Cannes est un symbole fort pour le cinéma et les salles obscures: Martin Scorsese avait fait le choix de Netflix et du petit écran pour son précédent opus, “The Irishman”, avec De Niro, Pacino et Joe Pesci.
Ce nouveau film de 3h30, à 200 millions de dollars, porte aussi les couleurs d’une entreprise de la tech, Apple. Mais le géant à la pomme a accepté de le sortir en salles (le 18 octobre en Suisse romande), ce qui lui a ouvert les portes du Festival de Cannes, défenseur du grand écran.
Jusqu’au bout, le Festival a rêvé d’inscrire ce Scorsese dans la course à la Palme d’or, mais les producteurs ont préféré conserver leur place hors compétition.
>> A écouter: un retour sur le film de Martin Scorsese dans “Vertigo”
Note: 4/5
Dans les années 1920, Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio), vétéran de la Première Guerre mondiale, revient s’installer dans la bourgade dominée par son oncle, l’éleveur William Hale (Robert De Niro). Après avoir trouvé du pétrole sur leurs terres, les membres de la tribu native amérindienne des Osages se sont enrichis. Mais leur trésor est convoité par Hale et ses acolytes qui encouragent les Blancs, dont Ernest, à épouser des femmes Osage afin d’hériter de leur argent. Une série d’assassinats déguisés en mort par maladie ou en suicide chamboulent la communauté, impliquant Ernest, mari de l’Osage Molly avec qui il a trois enfants.
>> A voir: la bande-annonce du film “The Killers of the Flower Moon”

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Sans être un chef-d’œuvre majeur dans la filmographie de Martin Scorsese, ce beau récit-fleuve classique de 3h30, produit par Apple Tv+, et finalement autorisé à une large sortie dans les salles de cinéma, s’impose comme une plongée passionnante dans une page d’histoire méconnue des Etats-Unis.
A la fois ample dans son image et intimiste dans sa façon de coller aux personnages plus qu’aux scènes-chocs, “Killers of the flower moon” décrit de manière implacable la manière insidieuse avec laquelle des Américains, dont un De Niro machiavélique qui manipule un DiCaprio terrible de lâcheté et de naïveté, ont spolié une communauté entière de natifs sans avoir recours à des méthodes ouvertement génocidaires. Rappelant les émeutes raciales de Tulsa en 1921, qui résonne avec les événements subis par les Amérindiens du film, le résultat met les mains dans le cambouis des fondements du capitalisme américain, où l’avidité et la soif d’argent autorisent le meurtre et le mensonge pour s’accaparer les richesses des autres.
Rafael Wolf
Chaque mardi, Claudine (Jeanne Balibar) se rend dans un hôtel de montagne pour y fréquenter des hommes de passage. Lorsque l’un d’eux décide de prolonger son séjour pour elle, Claudine en voit son quotidien bouleversé et se surprend à rêver d’une autre vie.
>> A écouter: le reportage de Philippe Congiusti à Cannes sur le film “Laissez-moi” dans “Vertigo”
Pour son premier long métrage, “Laissez-moi” avec aussi Pierre-Antoine Dubey et Thomas et Thomas Sarbacher, le Genevois Maxime Rappaz a les honneurs du Festival de Cannes dans une section parallèle baptisée L’ACID, aux côtés de huit autres films qui auscultent le monde actuel sous les formats les plus divers.
>> A voir: le comédien lausannois Pierre-Antoine Dubey au Festival de Cannes pour la première fois
Né en 1986 à Genève, Maxime Rappaz a travaillé dans le monde de la mode avant de se tourner vers le cinéma. En 2016, il obtient un master en cinéma et scénario puis réalise les courts métrages “L’été” et “Tendresse”. Il écrit actuellement son second film.
>> A voir: la bande-annonce du film

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L’acteur américain Harrison Ford a reçu jeudi soir une Palme d’or d’honneur à Cannes. La légende de Hollywood était venu présenter en avant-première mondiale “Indiana Jones et le cadran de la destinée”.
L'acteur américain Harrison Ford a reçu jeudi soir une Palme d'or d'honneur à Cannes. [Valery Hache - afp]L’acteur américain Harrison Ford a reçu jeudi soir une Palme d’or d’honneur à Cannes. [Valery Hache – afp]
“Je suis profondément touché par cette distinction”, a réagi l’acteur américain de 80 ans, visiblement très ému, après avoir reçu la récompense des mains du délégué général du Festival, Thierry Frémaux.
En annonçant que le cinquième volet des aventures du célèbre archéologue serait montré sur la Croisette, les organisateurs avaient indiqué qu’un “hommage exceptionnel” serait rendu à Harrison Ford, sans plus de détails.
>> A lire aussi: Le nouvel “Indiana Jones” présenté en avant-première au Festival de Cannes
Figure du cinéma hollywoodien, il a incarné un large éventail de personnages, de Han Solo dans la saga “Star Wars” à “Blade Runner”, en passant par l’aventurier au chapeau et au fouet qu’il joue depuis 1981 et le premier épisode, “Les aventuriers de l’Arche perdue”. En Suisse, “Indiana Jones 5” doit sortir en salles le 28 juin.
>> A voir, la bande annonce du film:

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Tom Cruise, venu à Cannes l’an dernier pour présenter en avant-première “Top Gun: Maverick”, avait lui aussi reçu une Palme d’or d’honneur surprise, avant la projection du long-métrage.
Cette année, un autre grand nom du cinéma américain, Michael Douglas, 78 ans, a reçu cette même distinction mardi, lors de la cérémonie d’ouverture du Festival.
>> Voir aussi le sujet du 19h30:
L’acteur américain Michael Douglas, 78 ans, a reçu mardi une ovation debout à Cannes, où il a reçu une Palme d’or d’honneur pour couronner ses 55 ans de carrière.
“Ca compte beaucoup pour moi car il y a des centaines de festivals de cinéma dans le monde, mais il y a un seul Cannes. (…) C’est un honneur incroyable”, a-t-il affirmé devant la salle qui l’a chaleureusement applaudi, en présence de sa famille.
“Je me suis demandé comment j’ai pu durer si longtemps”, a-t-il commenté, tout en ajoutant: “On travaille avec autant d’acharnement pour nos échecs que pour nos succès”.
L'acteur américain Michael Douglas a reçu une Palme d'or d'honneur lors de la cérémonie d'ouverture de la 76e édition du Festival de Cannes. [Sebastien Nogier - EPA/Keystone]L’acteur américain Michael Douglas a reçu une Palme d’or d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture de la 76e édition du Festival de Cannes. [Sebastien Nogier – EPA/Keystone]
“Artiste lumineux”
Ce festival nous rappelle que le cinéma “transcende les limites et (brise) les frontières”, a-t-il encore souligné. “A Cannes et à toute la France, je voudrais embrasser de tout mon coeur”, a-t-il lancé en français, avant que l’actrice américaine Uma Thurman ne lui remette le prix. Elle a qualifié Douglas de “star emblématique du cinéma” et d'”artiste lumineux”.
Un court film a été montré peu avant son apparition sur scène, montrant de courts extraits de ses films les plus emblématiques, comme “Liaison fatale” (1987), “Basic Instinct” (1992) ou “Ma vie avec Liberace” (2013).
>> A lire également: Michael Douglas recevra une Palme d’or d’honneur à Cannes
L’année dernière, ce sont Forest Whitaker et Tom Cruise qui avaient reçu la Palme d’or d’honneur.
>> Voir aussi le sujet du 19h30:
Depuis l’an dernier, la Sacem, la Société française des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, met en avant, un compositeur ou une compositrice de musique. L’édition 2023 du festival met ainsi à l’honneur le Canadien Howard Shore, à qui l’on doit notamment la bande originale du “Seigneur des Anneaux”. Howard Shore est également le compositeur attitré du réalisateur David Cronenberg.
>> A écouter: la chronique “Vibrations”

Le compositeur Howard Shore. [Valérie Macon - AFP]Valérie Macon – AFP

Vibrations – Le compositeur canadien Howard Shore à l’honneur de la 76e édition du Festival de Cannes / La Matinale / 5 min. / mercredi à 06:53


Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent pour que la musique de film ait une place à part entière au Festival de Cannes, car au fond, la création musicale originale participe à l’identité même des productions cinématographiques. Que serait “Un homme et une femme” de Claude Lelouch, Palme d’or en 1966, sans la musique de Francis Lai? Ou encore “La Dolce Vita” de Federico Fellini, Palme d’or en 1960, sans Nino Rota ?
En attendant que le Festival de Cannes intègre officiellement un Prix pour la musique de film, les compositeurs de musique peuvent se consoler avec le “Cannes Soundtrack Award”, un prix indépendant décerné par un jury de journalistes en marge du festival, qui récompense depuis 2010 le meilleur compositeur des films en compétition officielle.
Hier soir, la 76e édition du Festival de Cannes a été déclarée officiellement ouverte par Catherine Deneuve, au côté de sa fille Chiara Mastroianni, après qu’elle a déclamé un poème en soutien aux Ukrainiens.
>> A écouter: la chronique “Que faut-il attendre des films projetés à Cannes cette année?”

Maïwenn et Johnny Depp dans "Jeanne du Barry". [Stéphanie Branchu - Why Not Productions]Stéphanie Branchu – Why Not Productions

Ouverture de Cannes / Vertigo / 3 min. / le 16 mai 2023


Avant la cérémonie, Johnny Depp, présent sur la Croisette pour son interprétation de Louis XV dans le film “Jeanne du Barry” de Maïwenn qui a fait l’ouverture du Festival et qui peut aussi être vu sur les écrans romands depuis hier, a été accueilli chaleureusement parmi les stars qui ont fait l’ouverture du Festival de Cannes. Et ce malgré les critiques des féministes sur la réhabilitation d’une personnalité contestée.
Costume foncé, catogan et lunettes de soleil, l’ancien “Pirate des Caraïbes” a retrouvé les honneurs du monde du cinéma. Il était banni des plateaux de tournage américains depuis les procès qui l’ont opposé à son ex-épouse Amber Heard sur fond d’accusations de violences conjugales.
Loin des images du procès et de son grand déballage, ainsi que des accusations de violences qui n’ont pas été jugées sur le fond et qu’il nie, Depp a enchaîné selfies et autographes sur le tapis rouge, avant d’assister à la cérémonie d’ouverture au côté de l’actrice et réalisatrice française Maïwenn.
L'acteur américain Johnny Depp, entouré de l'acteur français Pierre Richard et de l'actrice et réalisatrice Maiween, à Cannes pour présenter le film "Jeanne du Barry".  [Loic Venance - AFP]L’acteur américain Johnny Depp, entouré de l’acteur français Pierre Richard et de l’actrice et réalisatrice Maiween, à Cannes pour présenter le film “Jeanne du Barry”. [Loic Venance – AFP]
Mercredi lors d’une conférence de presse, l’acteur américain Johnny Depp a répondu à ses détracteurs en affirmant que ce qui a été écrit sur lui était en grande partie “une fiction horrible”.
“Il y a des gens qui veulent croire ce qu’ils veulent croire, mais la vérité est la vérité. (…) Lors des cinq, six dernières années, la majorité de ce que vous avez lu est une fiction horrible”, a-t-il affirmé.
Thierry Frémaux souligne une prestation extraordinaire
Interrogé sur le choix du film, le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, a souligné s’intéresser à Depp “comme acteur”, auquel rien n’interdisait de tourner, et dont la prestation est “extraordinaire”. “Je n’ai qu’une seule conduite dans la vie, la liberté de penser, de parler, d’agir dans le cadre de la loi”.
Thierry Frémaux assure n’avoir pas suivi la saga judiciaire qui a opposé Johnny Depp à son ex-épouse. L’acteur a finalement remporté le procès pour diffamation qui s’est tenu aux Etats-Unis, et l’actrice a subi un torrent d’attaques misogynes sur les réseaux sociaux.
Au-delà du tapis rouge et des paillettes, cette 76e édition se déroule dans un contexte social tendu. Le syndicat CGT a promis de “faire son cinéma” et d’utiliser la caisse de résonance médiatique du festival pour exprimer son opposition à la réforme des retraites.
Note: 4/5
Au milieu du XVIIIe siècle, le destin de Jeanne Vaubernier (Maïwenn), roturière qui grimpe l’échelle sociale grâce à ses charmes jusqu’à devenir la courtisane favorite du roi Louis XV (Johnny Depp), au plus grand désarroi des filles acariâtres de ce dernier, authentiques mégères sorties de “Cendrillon”.
Avec son sixième long-métrage en tant que réalisatrice, Maïwenn (“Polisse”, “Mon roi”) cache à peine un autoportrait déguisé, elle qui épousa très jeune Luc Besson puis entra dans le monde du cinéma comme son héroïne pénètre l’univers de la cour. Malicieuse, la cinéaste s’amuse du contraste entre son héroïne sans éducation et les usages absurdes de la monarchie, soulignant la vacuité d’un monde qui ne perçoit jamais la vérité profonde du sentiment amoureux liant le roi à Jeanne.
>> A voir: la bande-annonce du film “Jeanne du Barry”

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Sublime film d’amour sur une transfuge de classe qui trouve dans la séduction un moyen d’existence et d’émancipation, “Jeanne du Barry” convainc aussi par sa mise en scène très tenue qui s’attache aux visages ou aux corps perdus dans l’immensité de décors d’une beauté morte, renvoyant à l’aspect cloisonné, rigide, conservateur de Versailles. Les clins d’œil à “Barry Lyndon” sont évidents, et parfaitement intégrés, notamment dans la voix off d’un narrateur omniscient, dans certains cadres, thèmes, tout comme dans l’emploi de musiques déjà utilisées dans le classique de Stanley Kubrick.
La singularité et la réussite de “Jeanne du Barry” n’en restent pas moins intactes et imposent le portrait magnifique d’une femme libre, libertine, insoumise à sa façon, que même la Révolution, les mouvements du monde et les jugements des autres ne parviennent à ternir.
Rafael Wolf
>> Voir le sujet du 19h30:

Le film "Jeanne du Barry", de la réalisatrice française Maïwenn, ouvre la 76e édition du Festival de Cannes [RTS]

Le film “Jeanne du Barry”, de la réalisatrice française Maïwenn, ouvre la 76e édition du Festival de Cannes / 19h30 / 2 min. / le 16 mai 2023


>> Ecouter l’émission “Vertigo” et ses interviews réalisées à Versailles lors de la promotion du film, suivies d’un débat cinéma critique:

Maïwenn et Johnny Depp dans "Jeanne du Barry". [Stéphanie Branchu - Why Not Productions]Stéphanie Branchu – Why Not Productions

Jeanne du Barry film dʹouverture du festival de Cannes 2023 / Vertigo / 55 min. / mercredi à 17:04


“La honte”: un collectif d’actrices et d’acteurs, dont Julie Gayet et Laure Calamy, critique mardi le Festival de Cannes qui déroule “le tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent”, en référence à Johnny Depp et à la réalisatrice Maïwenn.
Dans une tribune publiée par le quotidien Libération, ce collectif apporte également son soutien à l’actrice Adèle Haenel, qui avait officialisé il y a une semaine son arrêt du cinéma pour dénoncer une “complaisance” du 7e art vis-à-vis des agresseurs sexuels.
“Nous sommes profondément indigné·e·s et refusons de garder le silence face aux positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes”, explique cette tribune.
Les 123 signataires soulignent que “le cinéma français a intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit”, un “système basé sur les principes de domination et de silenciation”.
Soutenant la décision d’Adèle Haenel, qui avait fait une sortie fracassante lors de la cérémonie des César il y a trois ans pour s’opposer au sacre de Roman Polanski, les signataires déplorent “le fait que ce milieu soit toxique au point de vouloir le quitter totalement”. “Nous profitons de cette tribune pour dire avec elle: LA HONTE”.
Les amateurs du 7e art peuvent voir six films suisses à Cannes. Un seul d’entre eux est en compétition pour la Palme d’or: “La chimère” d’Alice Rohrwacher, une coproduction italo-franco-suisse. Le film se déroule dans les années 1980, dans le monde clandestin des “pilleurs de tombes”. “La chimère” raconte l’histoire d’un jeune archéologue britannique impliqué dans le trafic clandestin de pièces archéologiques.
Le rôle principal est interprété par Josh O’Connor, qui a gagné un Emmy pour avoir incarné le Prince Charles dans les saisons 3 et 4 de la série “The Crown”. L’actrice mythique Isabella Rossellini a rejoint la distribution.
Une image du film "La chimère" de Alice Rohrwacher. [Tempesta, Amka Films Productions, Ad Vitam, Arte, Rai Cinema]Une image du film “La chimère” de Alice Rohrwacher. [Tempesta, Amka Films Productions, Ad Vitam, Arte, Rai Cinema]
Autre coproduction suisse, “Le théorème de Marguerite” de la réalisatrice française Anna Novion est sélectionné dans la section Séance Spéciale. Dans ce film coproduit par Beauvoir Films et la RTS, l’actrice suisse Ella Rumpf y campe le rôle principal celui d’une brillante élève en mathématiques à l’Ecole normale supérieure (ENS).
Deux autres films avec une participation suisse ont été sélectionnés dans la section “Cannes Première”. Il s’agit de deux films coproduits par le Genevois Dan Wechsler et sa société de production Bord Cadres films : “Perdidos en la noche” (“Perdus dans la nuit”) d’Amat Escalante” (Mexique) et à “Eureka” de Lisandro Alonso (Argentine).
Dans la Quinzaine des cinéastes, les amateurs de cinéma peuvent voir “Blackbird, blackbird, black berry” (“Merle, merle, mûre”), le second long-métrage, produit à Genève, de la réalisatrice géorgienne Elene Naveriani, formée notamment à la HEAD à Genève.
Le premier long-métrage du réalisateur genevois Maxime Rappaz, “Laissez-moi” est projeté dans le programme cannois ACID. On y voit jouer la comédienne française Jeanne Balibar et l’acteur suisse Pierre Antoine Dubey, dans son premier rôle dans un film.
Une image de "Laissez-moi", film de Maxime Rappaz. [GoldenEggProduction]Une image de “Laissez-moi”, film de Maxime Rappaz. [GoldenEggProduction]
La section “Cannes Classics” rend par ailleurs hommage au réalisateur franco-suisse Jean-Luc Godard, décédé l’an dernier, avec la projection de trois films. Parmi ceux-ci, la première mondiale du “Film annonce du film qui n’existera jamais: Drôles de guerres”, d’une durée de 20 minutes, en présence de Fabrice Aragno, collaborateur de longue date du réalisateur.
>> A écouter aussi: une interview de Fabrice Aragno dans “Forum”
Enfin, la Cinémathèque suisse et son directeur Frédéric Maire présenteront le premier long métrage suisse, “Le village près du ciel” de Leopold Lindtberg, restauré numériquement et produit par Praesens Films en 1953.
Voici les 21 films en compétition pour la Palme d’or 2023. Sept sont réalisés par des femmes.
“Club Zero” de Jessica Hausner
Remarquée en 2019 avec “Little Joe”, la cinéaste autrichienne réalise un film sur la jeunesse, avec Mia Wasikowska dans le rôle d’une enseignante, qui noue des liens très forts avec cinq de ses élèves.
“The Zone of Interest” de Jonathan Glazer
Basé sur un livre du Britannique Martin Amis, le réalisateur d'”Under the skin” fait son entrée en compétition avec une histoire située à Auschwitz. Celle d’un officier nazi qui s’est épris de la femme du commandant du camp d’extermination.
“Les feuilles mortes” d’Aki Kaurismaki
Le cinéaste finlandais de “L’homme sans passé” (Grand Prix en 2002 à Cannes), maître de la mélancolie, revient avec son 19e film, une tragi-comédie sur la rencontre entre deux solitaires, par hasard, une nuit à Helsinki.
“Les filles d’Olfa” de Kaouther Ben Hania
La réalisatrice tunisienne (“La bête et la meute”) fera son entrée en compétition avec ce documentaire, un film “à la lisière de l’essai” selon Thierry Frémaux, sur une Tunisienne confrontée à la disparition de deux de ses quatre filles.
“Asteroid City” de Wes Anderson
Deux ans après “The French Dispatch” et sa brochette de stars, le réalisateur américain réunit Adrien Brody, Jason Schwartzman, Tilda Swinton ou encore Margot Robbie dans une ville fictive américaine rassemblant parents et étudiants pour des compétitions savantes.
“Anatomie d’une chute” de Justine Triet
Après “Sibyl” en 2019, la Française Justine Triet est de retour en compétition. Son 4e long-métrage raconte l’histoire une femme accusée du meurtre de son mari, avec dans le rôle titre l’Allemande Sandra Hüller qui avait conquis la Croisette en 2016 avec “Toni Erdmann”.
“Monster” d’Hirokazu Kore-eda
Retour au Japon pour le cinéaste, Palme d’or en 2018 avec “Une affaire de famille”, après des échappées en France et en Corée (“Les bonnes étoiles”, en compétition l’an dernier), pour un film qui se déroule dans le milieu scolaire.
“Vers un avenir radieux” de Nanni Moretti
Tourné aux studios Cinecitta à Rome, le nouvel opus de l’Italien, après “Tre piani”, promet de parler de “cinéma, de cirque et des années 50”. Avec son actrice fétiche Margherita Buy et le Français Mathieu Amalric.
“La chimère” d’Alice Rohrwacher
L’Italienne, habituée de la compétition, revient avec “La Chimera”, sur un jeune archéologue mêlé à un groupe de pilleurs de tombes dans l’Italie des années 80.
“Les herbes sèches” de Nuri Bilge Ceylan
Le cinéaste turc, Palme d’or 2014 avec “Winter Sleep”, revient avec un drame se déroulant en Anatolie au centre duquel un professeur est confronté à des accusations de harcèlement.
“L’été dernier” de Catherine Breillat
Dix ans après son dernier film “Abus de faiblesse”, et de graves problèmes de santé, la sulfureuse réalisatrice se penche sur une mère de famille dont la vie bascule suite à une liaison avec son beau-fils.
“La passion de Dodin Bouffant” de Tran Anh Hung
Français d’origine vietnamienne qui avait signé “L’odeur de la papaye verte” dans les années 90, Tran Anh Hung adapte un roman sur la gastronomie, avec Juliette Binoche et Benoît Magimel.
“L’enlèvement” de Marco Bellocchio
L’année de la Palme d’or pour le géant italien, Palme d’honneur en 2021? A 83 ans, il revient sur l’histoire vraie d’Edgardo Mortara, un enfant juif de 6 ans kidnappé par l’église catholique et converti de force au XIXe siècle.
“May December” de Todd Haynes
L’Américain renoue avec une de ses actrices fétiches, Julianne Moore (“Safe”, Loin du paradis”), et enrôle Natalie Portman pour un drame autour d’un couple avec une importante différence d’âge.
“Firebrand” de Karim Aïnouz
Le réalisateur brésilien de “La vie invisible d’Eurídice Gusmão” (prix “Un certain regard” en 2019) fait son entrée en compétition avec un film d’époque à la cour des Tudors. Alicia Vikander joue la 6e femme du Henry VIII, incarné par Jude Law.
“The Old oak” de Ken Loach
“Tu es sûr?”, a demandé le vétéran britannique (86 ans) en apprenant sa nouvelle entrée en compétition pour un drame social, tourné dans le nord-est de l’Angleterre. Le film raconte la rencontre d’un propriétaire de pub et d’une réfugiée syrienne.
“Banel & Adama” de Ramata-Toulaye Sy
Jeune réalisatrice sénégalaise, Ramata-Toulaye Sy fait son entrée directement en compétition avec ce premier film, qui raconte une histoire d’amour absolu, confronté aux conventions sociales, dans un village reculé du nord du Sénégal.
“Perfect days” de Wim Wenders
Egalement présent hors compétition avec un documentaire sur le plasticien Anselm Kiefer, Wim Wenders (“Les Ailes du Désir”, “Paris, Texas”, “Buena Vista Social Club”) promet de surprendre avec un film sur les toilettes publiques japonaises.
“Jeunesse” de Wang Bing
Le grand documentariste chinois, habitué des films-fleuves sur les laissés-pour-compte de son pays, est doublement présent à Cannes (compétition et séance spéciale avec “Man in black”). Dans “Jeunesse”, il dépeint en 3h30 la vie des travailleurs du textile dans une cité à 150 km de Shanghaï.
“Le retour” de Catherine Corsini
La réalisatrice française, présente sur la Croisette en 2021 avec “La Fracture”, revient avec un long-métrage tourné en Corse sur une femme travaillant pour une famille parisienne qui lui propose de s’occuper des enfants pendant des vacances sur l’île de Beauté.
“Black Flies” de Jean-Stéphane Sauvaire
Adapté du roman “911” de l’écrivain américain Shannon Burke, ce thriller, avec notamment Sean Penn, suit deux médecins confrontés à la violence à New York.
Le réalisateur Ruben Östlund promet cette année une approche “démocratique” de la présidence du jury. A ses côtés, huit hommes et femmes, acteurs, réalisateurs, la plupart en dessous de 50 ans, sont chargés de départager les 21 films en compétition: l’acteur français Denis Ménochet, la réalisatrice Julia Ducournau, le réalisateur argentin Damián Szifrón, l’actrice américaine Brie Larson, l’acteur et réalisateur américain Paul Dano, la réalisatrice, scénariste et actrice marocaine Maryam Touzani, l’écrivain afghan Atiq Rahimi et la réalisatrice zambienne Rungano Nyoni.
Le jury de la 57e édition sur le tapis rouge lors de l'ouverture du Festival de Cannes, le 16 mai 2023. De gauche à droite: Rungano Nyoni, Maryam Touzani, Atiq Rahimi, Julia Ducournau, Ruben Ostlund (président), Damian Szifron, Brie Larson, Denis Menochet et Paul Dano. [Mustafa Yalcin - Anadolu Agency/Mustaf/AFP]Le jury de la 57e édition sur le tapis rouge lors de l’ouverture du Festival de Cannes, le 16 mai 2023. De gauche à droite: Rungano Nyoni, Maryam Touzani, Atiq Rahimi, Julia Ducournau, Ruben Ostlund (président), Damian Szifron, Brie Larson, Denis Menochet et Paul Dano. [Mustafa Yalcin – Anadolu Agency/Mustaf/AFP]
Après deux années marquées par la pandémie, la 75e édition du festival, qui se tenait du 17 au 28 mai 2022, a été intense. Beaucoup de grands noms ont présenté des films en compétition ou non: Tom Cruise dans le nouveau “Top Gun”, Idriss Elba et Tilda Swinton chez George Miller, Léa Seydoux et Viggo Mortensen chez David Cronenberg, Austin Butler incarnant le “King” dans un biopic d’Elvis signé Baz Luhrman.
La prestigieuse Palme d’or du Festival de Cannes a été attribuée au Suédois Ruben Östlund pour son film “Sans filtre” (“Triangle of sadness”).
>> A lire aussi: “Sans filtre”, critique sans concession du capitalisme et de ses excès
 L’actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi et le Sud-Coréen Song Kang-ho ont reçu quant à eux les prix d’interprétation féminine et masculine.
Ruben Ostlund, lauréat de la Palme d'or pour "Sans filtre" ("Triangle of Sadness"). [Clemens Bilan - EPA/Keystone]Ruben Ostlund, lauréat de la Palme d’or pour “Sans filtre” (“Triangle of Sadness”). [Clemens Bilan – EPA/Keystone]
Le Grand Prix, deuxième distinction la plus prestigieuse, a été remis ex-aequo à la Française Claire Denis pour “Stars at noon” et au Belge Lukas Dhont, le benjamin de la compétition, pour “Close”.
>> A lire, notre dossier RTS Culture consacré au suivi de l’édition 2022 du Festival de Cannes:
Ruben Östlund reçoit la Palme d’Or du Festival de Cannes pour “Sans filtre”

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