La famille de Abdelali Mchiouer assassiné par l’Algérie réclame sa dépouille – Hespress Français
La famille de Abdelali Mchiouer victime des balles des garde-côtes algériens à Saïdia, a tenu une conférence de presse pour faire la lumière sur les derniers développements du dossier, où elle s’est plainte de l’absence de toute information de la part des autorités algériennes quant au sort du corps du défunt.
En effet, la dépouille n’a toujours pas été restituée aux autorités diplomatiques marocaines, alors qu’un mois, s’est pratiquement écoulé depuis le drame que crime que Maître Hakim Chergui, avocat des familles de Bilal Kissi et Adbelali Mchiouer, qualifie « d’exécution extrajudiciaire ». En effet après l’avoir assassiné les garde-côtes algériens ont repêché son corps et l’ont déposé à la morgue de Tlemcen.
Abdelali Mchiouer (40 ans) père d’un enfant de 5 ans est originaire d’Oujda. Il est le seul Marocain du drame à ne pas être détenteur de la double nationalité. Il est arrivé en France alors qu’il avait 10 ans. Détenteur d’une carte de séjour en France, il y travaillait en tant que commerçant au marché de Montfermeil, à Seine-Saint-Denis.
Il était en compagnie de Mohamed Kissi, 33 ans, frère de Bilal abattu de cinq balles dont le corps récupéré par la Gendarmerie Royale dérivait sur son jet ski dans les eaux territoriales marocaines. Smaïl Snabi, a été arrêté et incarcéré en Algérie. Il a écopé de 18 mois de prison dans un procès expéditif, à quelques jours seulement de cette barbarie.
Si les proches de Bilal ont pu l’enterrer à Bni Drar, près d’Oujda, pour autant ils n’ont pas fait leur deuil « un autre fils est de l’autre côté de la frontière et ils ne savent pas quand ils vont pouvoir l’enterrer », rapporte Me Hakim Chergui, avocat franco-algérien des familles des victimes, habitué aux dossiers internationaux sensibles.
Ces enjeux dira-t-il encore, dépassent les familles : « Il n’y a pas de contact entre le Maroc et l’Algérie, ce qui explique pourquoi l’Algérie tarde à réexpédier la dépouille d’Abdelali Mchiouer ». C’est évidemment lié, c’est corrélé. Mais nous ne disons pas que c’est causé par ça. Et la quête des familles, ce n’est pas de résoudre un conflit entre États. Mais pour l’avocat qui a déposé plainte à Paris début septembre pour tentative d’assassinat, assassinat, détournement de nefs (jets ski) et non-assistance à personne en péril, « personne ne croit à la version algérienne ».
« La famille de Mchiouer ne recherche que la vérité et la justice, cependant, le corps doit d’abord être remis à la famille afin qu’il soit enterré dignement », a-t-il déclaré, notant que, « les tensions diplomatiques entre les deux pays n’ont pas permis d’accélérer les procédures administratives et judiciaires nécessaires. Le jeune homme assassiné ne devrait pas être une victime du différend diplomatique entre les deux pays ».
La recherche de la vérité cachée poursuivra-t-il, « est une exigence légitime de la famille », expliquant que « l’Algérie s’est contentée de faire une déclaration officielle par le biais du seul ministère de la Défense, sans aucune mesure concrète par la suite ». Me Hakim Chergui dans une déclaration à Hespress, a indiqué que « Le parquet de Paris a ouvert une enquête à propos de ce carnage volontaire, compte tenu de la nationalité française du jeune homme assassiné, il en va de même pour le Maroc, dont le parquet général d’Oujda a ouvert une enquête sur le fond de l’affaire. Par contre, l’Algérie n’a entrepris aucune démarche pour connaître la vérité sur les détails de cette affaire tragique ».
Aussi pour l’avocat des victimes, une question de la vérité se pose. Et d’en expliquer le pourquoi ? « Parce que l’on n’a pas forcément des versions contradictoires. On a une version qui est incohérente, c’est, celle de la République algérienne et de son ministère de la Défense. Parce qu’en en se défendant, l’Algérie s’accuse. Parce qu’en droit international, on se réfère au texte onusien et notamment à un certain protocole avec des règles à respecter.
Me Hakim Chergui droit dans sa blouse précisera : « On ne peut pas tirer sur quelqu’un, lorsqu’on est policier ou militaire sans qu’il y ait un rapport de stricte proportionnalité. L’usage de la force létale n’est pas possible, et n’est pas permis en droit international comme, du reste en droit à Alger. Or, je rappelle que ce dans cette affaire, nous avons affaire à des jeunes gens qui sont en short, qui sont en vacances sur des jets ski et que nous dit le communiqué ? qu’ils auraient soi-disant adopté une attitude dangereuse. C’est la barbarie qui a tué ces gens et c’est la civilisation et le droit qui va leur rendre justice ». Si l’engament de Me Chergui dans cette procédure judiciaire lui a valu des menaces, il y a aussi beaucoup de soutien d’Algériens qui se sont solidarisés avec les familles des victimes du carnage de Saïdia.
De son côté, Mustapha Mchiouer, le père de la victime, a déclaré que « le comportement algérien est jusqu’à présent totalement incompréhensible pour la famille. Les garde-côtes ne peuvent pas tirer sur des jeunes hommes non armés perdus en la mer et en manque de carburant, aussi l’exigence fondamentale est de restituer le corps dans les plus brefs délais ». Et le père de poursuivre en disant que « la justice suivra son cours dans cette affaire, mais le corps doit être enterré dignement, et c’est ce que l’Algérie doit prendre en considération ». Il a en outre déclaré que « le tribunal militaire algérien chargé de l’instruction de l’affaire n’a révélé aucune information sur l’évolution du dossier, un mois plus tard depuis cette barbarie ».
Mustapha Mchiouer a conclu que « les garde-côtes algériens auraient dû arrêter les jeunes hommes au début, afin qu’ils puissent faire l’objet d’une enquête sur les circonstances du passage de la frontière, et ne pas les abattre sans s’être assurés de leur statut, d’autant plus que les jeunes hommes n’ont fait aucune preuve d’agressivité et de ou de réaction qui menaçait la sécurité de l’Algérie ». Avant de conclure que la famille Mchiouer « souhaite enterrer le corps d’Abdelali de la manière la plus respectueuse du bon voisinage, tout ce que nous voulons, c’est pouvoir récupérer la dépouille de notre enfant pour faire notre deuil dignement ».
L’armée algérienne a tué deux jeunes Marocains et blessé un autre qui se trouve toujours dans une salle de réanimation dans une clinique à Oujda tandis qu’un quatrième a été arrêté en Algérie et condamné à 18 mois de prison. Alger a fait preuve là, de la pire des barbaries à l’encontre de civils en vacances. Les autorités algériennes tardent encore à réagir. L’attitude et le doute qu’entretiennent les autorités algériennes quant à la possibilité de rapatriement de la dépouille trahit là, bel et bien un comportement, volontiers belliciste ».
Abonnez-vous pour recevoir les dernières nouvelles
Conditions de publication : Les commentaires ne doivent pas être à caractère diffamatoire ou dénigrant à l’égard de l’auteur, des personnes, des sacralités, des religions ou de Dieu. Ils ne doivent pas non plus comporter des insultes ou des propos incitant à la haine et à la discrimination.