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Jeu décisif pour Ilyass et Ayoub – Le Quotidien

Ayoub et Ilyass Bousfiha sont frères dans la vie et sur les terrains de tennis. Très ambitieux, ils représentent de grands espoirs pour un sport qui est cependant très coûteux. (Olivier Croteau/Le Nouvelliste)
Ilyass et Ayoub Bousfiha sont nés au Québec, tout comme Lina, leur grande sœur âgée de 16 ans, et Assia, la benjamine de 8 ans. Leurs parents ont quitté le Maroc en 2002 pour venir s’établir à Trois-Rivières.
Les garçons avaient 8 et 9 ans lorsque leur père, Ali, les a amenés au parc du quartier où leur attention a rapidement été détournée par un match de tennis se disputant à quelques pas des balançoires.
«On peut essayer nous aussi?»
Ali n’avait jamais joué au tennis, mais il a réussi à trouver trois raquettes bon marché avec lesquelles lui et ses fils se sont mis à s’échanger des balles de chaque côté du filet. Le bonheur.
«On ne sait pas pourquoi, mais on a tout de suite aimé le tennis. C’est devenu une passion!», m’explique Ilyass avec son regard vif et pétillant. C’est pareil pour Ayoub qui précise avec entrain: «Le tennis, c’est un jeu de stratégie. Tu ne reçois jamais la même balle. C’est un beau défi!»
Plus les frères Bousfiha jouaient au tennis, plus ils aimaient ça, à ne plus vouloir s’arrêter. À l’approche de l’automne, leur père n’a pas eu le choix de trouver une solution. Les terrains allaient être tapissés de feuilles puis fermés pour l’hiver.
Ali a découvert l’existence d’un centre communautaire et de loisirs qui offrait à l’intérieur de ses murs un programme d’initiation au tennis, et ce, à un coût abordable. Il a inscrit ses deux fils ravis de frapper des balles à l’année.
C’est ici qu’entre en scène Charles Loranger, leur entraîneur qui ne l’était pas à l’époque. C’était il y a cinq ans. L’homme a reçu un texto de son ami Tommy Boisvert, un entraîneur de taekwondo dont la fille suivait des cours de tennis avec Ilyass et Ayoub. Celui-ci a tôt fait de remarquer les habiletés naturelles des frères Bousfiha concentrés à peaufiner leurs coups droits et leurs revers.
«Si tu cherches les deux prochains champions de la région, ils sont ici, devant moi», a-t-il écrit pour titiller la curiosité du destinataire.
Ilyass et Ayoub Bousfiha peuvent compter sur les enseignements et les encouragements de leur entraîneur, Charles Loranger. (Olivier Croteau/Le Nouvelliste)
Directeur du développement de tennis en Mauricie, Charles Loranger a fondé l’Académie de tennis l’Échange dont le concept consiste à favoriser des liens sportifs, culturels et sociaux entre les joueurs et instances du tennis, jeunes et moins jeunes.
Sans plus attendre, il a contacté Ali Bousfiha pour lui proposer que ses fils fassent partie de l’équipe espoir.
«Ilyass et Ayoub sont devenus les deux meilleurs du groupe au lendemain de leur arrivée», raconte Charles Loranger devant ses protégés qui fréquentent également le programme sport-études de l’école secondaire l’Académie les Estacades. Charles Loranger y est aussi leur entraîneur.
Sur un terrain de tennis comme en classe, les garçons font preuve d’une discipline digne de mention. Ayoub n’hésite pas à couper court à un entraînement pour rentrer à la maison, se plonger dans ses livres et obtenir une note parfaite à son examen de mathématiques. Même chose pour Ilyass qui a un talent «incroyable» pour le dessin, me vante Charles Loranger.
«Pour moi comme pour les autres entraîneurs, c’est l’fun de les côtoyer!», souligne-t-il avec affection pour ces jeunes qui ont déjà compris que la pratique sportive contribue à la fois à leur développement physique, humain, intellectuel et social.
«Ilyass et Ayoub nous poussent à devenir meilleurs!», ajoute leur mentor avec respect pour leurs parents qui font tout en leur pouvoir pour permettre à leurs fils de s’épanouir sur un terrain de tennis, malgré le fardeau financier que cela représente pour eux.
Essaadiya, la mère des garçons, a un emploi à temps partiel dans un service de garde d’une école primaire en plus d’être responsable d’un service d’entretien ménager. Affecté par d’importants maux de dos, Ali ne peut plus travailler comme avant à ses côtés.
«Chaque sou que j’économise est pour mes enfants», avoue le père de famille qui peine à assumer tous les frais associés à la pratique du tennis, un sport qui n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Le programme sport-études des Estacades coûte à lui seul 7000 $ par année, par élève…
«C’est le moins cher au Québec», affirme Charles Loranger en mentionnant que dans d’autres écoles publiques de la province, des parents paient facilement le double pour que leur enfant joue au tennis entre les apprentissages scolaires.
«On a réussi à inventer un programme qui n’est pas uniquement accessible à une clientèle aisée», indique l’entraîneur qui s’en fait une fierté, tout en étant conscient des sacrifices que doivent faire des familles comme celle des Bousfiha.
Une entente avec la direction de l’école a permis à ce jour d’amoindrir les coûts. Charles Loranger et ses collègues entraîneurs n’hésitent pas non plus à consacrer bénévolement des heures de pratique au duo exemplaire, mais il y a une limite à ce que tout un chacun peut faire.
«Les dépenses sont incroyables… Ce n’est pas donné», soupire Ali qui, à regret, songe très sérieusement à changer ses deux garçons de programme. Sans une aide financière supplémentaire, ses fils devront faire le deuil de leur rêve de devenir des joueurs de tennis professionnels… L’équipement, ce n’est pas gratuit non plus.
Ilyass et Ayoub me montrent les semelles trouées de leurs espadrilles qu’ils usent chaque jour sur les terrains de tennis. «On doit acheter des nouvelles chaussures aux deux mois», disent-ils, d’un air désolé.
À quelque 200$ la paire, cela occasionne forcément un trou dans le budget de leur père qui ne peut pas leur en vouloir de courir après la balle qui rebondit dans tous les coins.
Aussi, pour éviter de payer le gros prix en faisant appel aux services d’un expert équipé d’un atelier à la fine pointe de la technologie, Ali a acheté une machine usagée à corder manuellement les raquettes. Motivés, ses fils ont appris à poser eux-mêmes leur cordage en regardant des vidéos sur le web.
Par ailleurs, qui dit tennis de compétition, dit tournois, coûts d’inscription, frais de déplacement, d’hébergement, etc. Les parents d’Ilyass et de son frère n’en ont pas les moyens, eux qui, depuis 2018, se privent de rendre visite à leurs proches, au Maroc.
Pendant que des joueurs de 13 et 14 ans ont plus de 400 matches à leur actif, Ilyass et Ayoub en comptent, chacun, moins de trente… C’est trop peu même s’ils arrivent à s’illustrer lors de rencontres se déroulant à Trois-Rivières. Si les Bousfiha avaient la possibilité de participer à un plus grand nombre de compétitions nationales, ils atteindraient rapidement le top dix, voire les trois premières positions de leur classement respectif, soutient leur entraîneur qui souhaite mettre en lumière leur détermination.
«Je crois beaucoup en eux. Ils méritent une attention particulière.»
Charles Loranger est en mission auprès d’Ilyass et d’Ayoub qui s’impliquent bénévolement dans la communauté, en donnant notamment des leçons de tennis aux plus jeunes.
«On souhaite qu’ils aiment ce sport pour la vie!», lancent les deux frères qui, un jour, auront 17 et 18 ans. Ce sera alors plus facile pour eux d’avoir un petit boulot à temps partiel tout en poursuivant leurs études et exploits sportifs. Et qui sait, un collège ou une université leur offrira peut-être une bourse leur permettant de continuer de performer en classe et sur un terrain de tennis.
Tout est possible, sauf qu’en attendant, Ilyass et Ayoub Bousfiha ont besoin d’aide pour atteindre leur rêve qui est sérieusement compromis par le manque de ressources financières.
«J’ose croire que quelqu’un, quelque part, peut faire une différence», espère leur entraîneur avant de retourner sur le terrain avec son sympathique tandem.
Si vous pensez que la balle est dans votre camp, Charles Loranger vous invite à lui écrire à cette adresse: info@academielechange.com.

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