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Le sort des enfants au Maroc est émaillé de préoccupations multiples. Les rapports d’Oxfam et de l’UNICEF soulignent respectivement les inégalités socio-économiques et les mariages précoces qui frappent la jeunesse marocaine.
Dans les méandres de l’inégalité sociale au Maroc, les enfants se retrouvent en première ligne, selon un rapport cinglant d’Oxfam, publié le 06 mai 2023. La pauvreté et les normes socioculturelles perpétuent les iniquités entre les sexes et entravent le développement harmonieux du pays. Le document met en exergue un constat alarmant : la moitié de la population marocaine possède moins de 5% de la richesse totale. Les enfants, particulièrement vulnérables, représentent 35,4% de la population pauvre et 28% de la population vulnérable âgée de 0 à 14 ans. De surcroît, 148 000 enfants étaient économiquement actifs en 2021, soit 2% de la population âgée de 7 à 17 ans. Près de 59,4% d’entre eux s’adonnent à des activités périlleuses, concernant 1,2% des enfants de cette tranche d’âge, révèle le rapport intitulé « Petites mains, Grandes corvées – Le travail domestique des petites filles : une offense à l’enfance marocaine ».
Les racines de cette situation préoccupante sont diverses et complexes, englobant la discrimination entre les sexes, l’exclusion sociale, le manque d’opportunités d’études et la violence domestique. Les normes culturelles ont également leur part de responsabilité, incitant les parents à envoyer leurs filles dans des lieux «sûrs» avant leur vie conjugale. Les employeurs privilégient souvent l’embauche de travailleuses mineures, moins coûteuses et réputées plus dociles. Malgré l’adoption d’une loi sur le travail domestique en 2018, sa mise en oeuvre s’avère ardue en raison d’un manque de ressources pour contrôler les foyers. Par ailleurs, l’accès à la justice pour les Marocains est loin d’être garanti, en raison de la corruption, du clientélisme et de la méfiance envers les institutions.
La précarité et le travail des enfants
Oxfam rappelle, toutefois, les transformations profondes et les avancées notables du Maroc au cours des cinq dernières décennies, notamment en matière de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Néanmoins, l’ONG souligne que les inégalités sociales et économiques entravent les ambitions du pays. Par ailleurs, l’UNICEF indique que le taux de mariage d’enfants au Maroc a atteint 14 % entre 2015 et 2021. L’organisme onusien souligne dans son rapport sur « La situation des enfants dans le monde », publié mercredi 03 mai 2023, que 64 % des adolescentes marocaines mariées ont été victimes de violences et de coups. Ce fléau, qui touche 12 millions de filles chaque année à l’échelle mondiale, menace les progrès accomplis dans la lutte contre les mariages précoces.
Par ailleurs, le rapport étudie également divers aspects liés à la santé globale des enfants. À cet égard, il met en lumière que le taux d’infection par le VIH pour 1 000 Marocains non infectés s’élevait à 0,03 chez les enfants jusqu’à l’âge de 14 ans. Le document évalue que 690 enfants marocains âgés de 0 à 14 ans ont contracté le VIH, tandis que 540 enfants âgés de 10 à 19 ans étaient également touchés. Concernant le nombre annuel de décès d’enfants marocains de moins de cinq ans durant l’année 2021, il est estimé à 12 000 décès, soit une moyenne de 18 décès pour 100 000 enfants de moins de cinq ans. Le rapport met également en exergue que le taux de mortalité infantile a diminué de 64 en 1990 à 15 en 2021, tandis que les décès chez les enfants entre 5 et 14 ans ont chuté de 9 décès en 1970 à 2 en 2021. Les crises sanitaires, économiques, les conflits armés et les effets dévastateurs des changements climatiques poussent les familles à chercher un faux sentiment de sécurité en recourant au mariage d’enfants. Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, souligne l’importance de garantir aux filles leur droit à l’éducation et à l’autonomie.
Les deux rapports insistent sur la nécessité d’agir pour remédier à ces situations préoccupantes. Oxfam propose une évolution des normes institutionnelles sur la question du genre, une réforme du cadre juridique pour plus d’égalité et l’intégration d’une approche genre dans l’ensemble des textes législatifs. L’UNICEF, quant à lui, préconise un soutien indéfectible aux filles et aux familles vulnérables, en veillant à ce que les filles restent à l’école et disposent de possibilités économiques.
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