Entretien avec Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse … – Maroc Hebdo
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Dès après le séisme qui a frappé la région d’Al-Haouz le 8 septembre 2023, l’ensemble des départements ministériels ont été à pied d’œuvre pour mener à bout le lourd chantier de la reconstruction, que S.M. le Roi suit personnellement au plus près. Et à ce niveau, le département de la Culture n’est pas en reste, comme nous le détaille dans cet entretien le ministre Mohamed Mehdi Bensaid.
Depuis le séisme qui a frappé Al-Haouz le 8 septembre 2023, la question taraude les esprits: qu’en est-il des richesses patrimoniales dont la région regorge?
Comme vous le savez, juste après le tremblement de terre, il y a eu une mobilisation de tous les départements ministériels concernés, et ce suite aux instructions de SM le Roi. Au niveau du ministère de la Culture, la première intervention, et elle a été d’urgence, visait à faire le constat des lieux pour pouvoir sécuriser les bâtiments et éviter de ce fait des accidents. La magnitude du séisme était tellement élevée que la crainte a été qu’il puisse y avoir de nouvelles secousses pouvant causer l’effondrement de bâtiments, ce qui pouvait engendrer de nouvelles pertes humaines. Il fallait, pour nous, sécuriser ces lieux relevant de notre compétence en partenariat avec les autres départements.
Est-ce qu’il y a beaucoup de sites ou bâtiments historiques qui ont été détruits?
Nous avons recensé plusieurs sites qui ont subi des dommages à des niveaux divers. Le Palais El Badi et celui de la Bahia à Marrakech ont été touchés à hauteur de 50 à 60%. On a sécurisé les parties les plus vulnérables, et les travaux de restauration doivent démarrer dans les plus brefs délais. Les ksours dans la région de Taroudant ou les greniers d’Amezmiz ont également subi des dégradations mais ne constituant pas de réels dangers. Le seul monument qui est complètement détruit puisqu’il a été endommagé à hauteur de 80 à 90% est la mosquée de Tinmel. Nous allons la reconstruire à nouveau et en entier.
Vous pensez pouvoir reconstruire cette mosquée d’une valeur historique inestimable à l’identique?
D’abord, aussi bien la mosquée Tinmel que la Koutoubia, également touchée mais dans une moindre mesure, relèvent du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Nous travaillons ensemble, et une commission mixte a été mise en place pour cela. Pour ce qui est de la reconstruction, les directives royales ont été claires, à savoir à l’identique, mais bien entendu en prenant en considération le risque sismique. Ensuite, la question que tout le monde se pose est comment reconstruire à l’identique la mosquée de Tinmel complètement détruite? La réponse est simple: nous disposons des images numérisées de tout le patrimoine architectural marocain. Nous avons également développé les archives en 3D. Nous avons les études techniques concernant les matériaux utilisés. C’est un travail de longue haleine qui a été fait depuis un certain temps. Donc pour refaire un monument historique, on a tout pour cela.
Et le savoir-faire? Les maâlems qui pourront mener le projet à bout?
Il ne faut pas sous-estimer le travail réalisé par les départements ministériels concernés par la préservation du patrimoine. Il y a les maâlems et autres artisans qui transmettent leur savoir-faire de père en fils. Il y a des formations dispensées dans les établissements dédiés… Quand on parle de patrimoine architectural à Marrakech, on parle également maâlems: menuisiers, zlaïjis, maçons; on parle aussi artisanat… Autrement dit, un écosystème traditionnel certes, mais qui est mis à jour et modernisé.
Il y a aussi, par ailleurs, une partie du patrimoine immatériel que le séisme a emportée…
Comme vous le dites, il s’agit d’un patrimoine immatériel qui se transmet de génération en génération. Ce patrimoine-là est immortel, et si vous faites allusion à la mort de certaines personnes (conteurs ou autres) qui perpétuaient ce patrimoine, que Dieu les ait en sa sainte miséricorde, je peux vous dire qu’il n’y a aucune crainte à se faire sur ce plan-là. Cette partie de notre mémoire collective est répertoriée dans la plateforme culture.ma. Les textes, les chants et autres expressions de notre patrimoine culturel sont digitalisés. Ce travail a été fait en amont, parce que notre pays a conscience de la nécessité de préserver son patrimoine qui est d’une richesse inouïe.
En plus du chantier de la reconstruction, il y a une urgence, subvenir aux besoins des populations sinistrées en matière de relogement et de services de proximité…
Absolument, et les instructions royales sont claires dans ce sens: il y a le chantier de la reconstruction qui va prendre le temps qu’il faut, mais il y a les populations qui vivent sous les tentes dans des conditions pénibles et dont il faut accélérer le processus de relogement.
Le gouvernement y travaille, et c’est à l’aune de la réactivité du gouvernement et à sa capacité d’apporter les réponses adéquates dans des délais raisonnables qu’on va le juger. Tout le monde est mobilisé pour réussir ce défi, je peux vous le garantir.
Une certaine presse français n’a pas manqué de s’attaquer au Maroc, en mettant à profit les dégâts du séisme. En tant que ministre de la Communication, quelle réponse lui apportez-vous?
Le Maroc n’a pas à répondre à ce genre d’attaques par des communiqués ou des mises au point. La meilleure réponse leur est venue sur le terrain: la Confédération africaine de football (CAF) qui décide d’octroyer au Maroc l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2025, la FIFA qui décide à l’unanimité de ne retenir que la candidature Maroc-Espagne-Portugal pour la Coupe du monde de 2030. Et cerise sur la gâteau, si le Maroc était le pays décrit par les journaux français ces dernières semaines, pensez-vous que le groupe Banque mondiale-FMI allait maintenir ses assemblées générales à Marrakech même un mois jour pour jour après le séisme? Il ne peut pas y avoir de meilleure réponse à cette campagne anti-marocaine.
Bio express
Mohamed Mehdi Bensaid est un passionné des questions culturelles et du patrimoine. Il en parle avec une maîtrise certaine, mais surtout avec une volonté qui traduit une véritable conviction.
Ce natif de Rabat en 1984, diplômé en sciences politiques et en relations internationales de Toulouse, en plus d’un diplôme en droit de la même université, a été élu député PAM en 2011. En 2014, il fonde une société de production cinématographique. Nommé ministre de la Jeunesse, de la Culture et des Sports, en 2021, il s’est distingué par le lancement de plusieurs projets de nature à mettre en valeur le patrimoine culturel marocain.
Bio express
Mohamed Mehdi Bensaid est un passionné des questions culturelles et du patrimoine. Il en parle avec une maîtrise certaine, mais surtout avec une volonté qui traduit une véritable conviction.
Ce natif de Rabat en 1984, diplômé en sciences politiques et en relations internationales de Toulouse, en plus d’un diplôme en droit de la même université, a été élu député PAM en 2011. En 2014, il fonde une société de production cinématographique. Nommé ministre de la Jeunesse, de la Culture et des Sports, en 2021, il s’est distingué par le lancement de plusieurs projets de nature à mettre en valeur le patrimoine culturel marocain.
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