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ENQUÊTE. M118, l'espion marocain soupçonné d'avoir infiltré le … – Le Journal du dimanche

Ce Marocain est soupçonné d’avoir infiltré le Parlement européen et d’être mêlé en France à un trafic de documents confidentiels.
Sa légende aurait pu trouver sa place dans les romans de John le Carré, tant sa discrétion et son pouvoir de persuasion lui ont permis de tromper son monde pendant des années. Dans la biographie inventée pour lui, il est Mohamed Bellahrach, né le 7 juin 1964 à Nador, ville côtière du nord-est du Maroc, à un jet de pierre de l’enclave espagnole de Melilla. Au sein de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service marocain de renseignement extérieur et du contre-espionnage, il est enregistré sous le nom de code M118. Un « matricule » au cœur du scandale politique qui ébranle, depuis la fin de l’année dernière, le Parlement européen à Bruxelles. Mais pas seulement.
Le 9 décembre 2022, plusieurs suspects, dont la socialiste grecque Eva Kaili, 44 ans, une des vice-­présidentes du Parlement européen, et un ancien eurodéputé transalpin socialiste, Pier Antonio Panzeri, 67 ans, sont interpellés dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption. Les policiers mettent la main sur 1,5 million d’euros en liquide au cours des perquisitions.​
Inculpé pour des faits d’« appartenance à une organisation criminelle », de « blanchiment d’argent » et de « corruption », Panzeri a accepté de coopérer avec la justice belge en échange d’une peine de prison négociée.
Après l’échec de sa réélection au Parlement européen en 2019, l’ex-coprésident de la commission mixte Maroc-Union européenne (UE) aurait noué des liens avec la DGED, dirigée par Mohamed ­Yassine Mansour, camarade d’école du roi Mohamed VI.
C’est à cette époque que la légende Mohamed Bellahrach – également identifié sous l’orthographe de ­Bellarache, Belahrech ou Belareh – fait surface. Il est décrit par le quotidien belge Le Soir comme l’« officier traitant » d’un diplomate marocain surnommé « le Géant », en contact avec Panzeri alias « le Cerveau ».
Sollicité sur les agissements de l’espion marocain, l’avocat de ­Panzeri, Laurent Kennes, a précisé qu’« il en est question au départ de cette enquête » mais qu’il n’a « pas plus identifié ce M118 ». « Je me suis concentré sur la défense de mon client », évacue-t-il.
Les accusations de corruption et d’ingérence dans les affaires européennes ont été rejetées par Rabat. Sollicité, l’un des avocats du Maroc, Olivier Baratelli, n’a pas donné suite.
Les méthodes du « James Bond de Nador » avaient déjà été mises en lumière en Espagne en 2013. M118 est soupçonné d’avoir alors piloté des agents infiltrés dans des mosquées. Un réseau démantelé deux ans plus tard.
Début 2016, l’espion marocain est en France. Le pays vient de subir une série d’attentats meurtriers et le risque de nouvelles attaques terroristes est très élevé. Un capitaine de police, Charles D., en poste à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), glisse alors des dizaines de fiches S (pour « atteinte à la sûreté de l’État ») entre les mains du patron franco-­marocain d’une société de sécurité privée, Driss A., chargé de la surveillance des passagers et des bagages.
Ces documents confidentiels sur des ressortissants marocains pour la plupart liés à la mouvance islamiste sont ensuite remis à M118. Ainsi, en un an, entre 100 et 200 fiches S sont transmises à une puissance étrangère, en toute illégalité. Les voyages de hauts dignitaires algériens et celui d’un agent sportif sont signalés aux autorités marocaines par le même canal. Le tout en échange de trois séjours au Maroc aux frais du roi, hôtel et vols inclus, et le versement de quelques milliers d’euros à destination du policier indélicat.
« Cela correspond bien aux façons de procéder des espions de ­Mohamed VI, analyse un expert du renseignement. Il faut savoir que les services du roi sont très intrusifs partout où il y a une forte communauté marocaine. C’est un grand pays en matière d’espionnage. Et ceux qu’ils envoient en France sont loin d’être des couillons. »​​
Pour Me Blandine Russo, son client, Charles D. – placé en détention provisoire pendant huit mois et radié des rangs de la police –, est « une marionnette, quelqu’un d’un peu faible d’esprit, facile à manipuler, convaincu d’être un héros et qui pensait vraiment agir dans l’intérêt supérieur de la France et lutter contre des terroristes ».
L’affaire, dévoilée par Le Point, fait l’objet d’une instruction à Créteil. La magistrate chargée du dossier tente d’établir la véritable identité de l’agent secret en poste à Rabat, dont la calvitie galopante et le visage moustachu et rieur – sur l’un des deux seuls clichés dont dispose la justice française – trahissent une certaine bonhomie.
M118 n’est pas inconnu des services français. L’homme est l’objet d’une fiche S au titre de la surveillance d’un « agent étranger ». Il est titulaire d’une carte de résident en France, délivrée par la préfecture du Bas-Rhin le 21 décembre 2010 et valable dix ans. Il a reçu ce titre de séjour en qualité de « concubin de Française », Nathalie Évelyne B.
Pour obtenir le document, M118 a fourni son passeport marocain et une facture d’électricité attestant d’une adresse dans la commune de Bischheim, au nord de Strasbourg.
Le 13 février 2018, un mandat d’arrêt est rédigé à son encontre : l’homme de l’ombre se voit reprocher des faits de « corruption » et de « recel de bien provenant de la violation du secret professionnel ». Un mois plus tard, des enquêteurs de l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) débarquent à son domicile alsacien déclaré.
L’occupant des lieux, un certain Fouad D., leur explique que « M. Mohamed Bellahrach est un ami » et qu’il faut appeler « la préfecture pour se renseigner ». L’hôte et son insaisissable invité auraient fait connaissance « dans les années quatre-vingt » alors que M118 était « étudiant à Strasbourg ». Fouad D. concède que c’est « un agent du ministère de l’Intérieur marocain » et qu’ils se sont vus au « Salon international du livre à Casablanca ».
Les policiers obtiennent que le mystérieux barbouze le contacte sur son portable. Mais sans relever son numéro d’appel. Après une visite express des lieux, ils reprennent la route de Paris avec la certitude que Mohamed Bellahrach n’a jamais habité à cette adresse. Mais il leur a échappé que Fouad D. était le gérant d’une SCI s’occupant du suivi de la construction de la Grande Mosquée de Strasbourg. Une édification en partie financée par le royaume chérifien. À nos questions, Fouad D. a répondu qu’il n’avait « aucun commentaire à faire ».
Les investigations ont établi que M118 s’était entretenu avec le directeur de la PAF d’Orly, Jacques Guyomarc’h, dont la compagne n’était autre que la patronne de l’IGPN. Lors de son audition comme témoin par la juge d’instruction, ce haut gradé de la police a argué avoir reçu Mohamed ­Bellahrach dans son bureau en juin 2016, pensant avoir affaire à « un collègue commissaire » de passage à Paris, et avoir échangé des « banalités pendant quinze à vingt minutes ».
L’espion, signalé aux quatre coins de l’Europe, doit être jugé dans le trafic de fiches S. M118 est attendu, le 9 novembre à 13 h 30, par les juges de la 9e chambre du tribunal judiciaire de Créteil.
Épisode 2 – L’organisation policière internationale souffre de plusieurs maux chroniques : le manque de coopération entre les différentes polices et les tentatives de détournement de ses outils pour traquer des opposants en fuite à l’étranger.
Ce Marocain est soupçonné d’avoir infiltré le Parlement européen et d’être mêlé en France à un trafic de documents confidentiels.
Budget minuscule, soupçons de partialité, président discrédité : l’organisation de coopération policière internationale, qui sera centenaire en septembre, bataille sur plusieurs fronts.

EXCLUSIF – Un  juge d’instruction a été désigné en mars pour enquêter sur la pollution au plomb occasionnée par l’incendie de Notre-Dame en avril 2019. Le JDD a pris connaissance d’une plainte pointant des graves manquements sur la gestion des risques sanitaires par les autorités.
ÉPISODE 3. Alors que le système Aristophil est sur le point de s’écrouler, un incroyable coup de chance remet en selle Gérard Lhéritier. Mais jusqu’à quand ?
ÉPISODE 2. Comment des petits épargnants auraient-ils pu imaginer que ce système n’était qu’une vaste pyramide de Ponzi, un système de cavalerie financière où les derniers arrivants financent sans le savoir les intérêts des premiers investisseurs ? Car, en façade, tout était fait pour les rassurer… et les faire rêver.

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