Des engrais adaptés et moins chers, le coeur de bataille du groupe … – Maroc Hebdo
En continu
“Le Maroc, un musée archéologique à ciel ouvert”: la pass…
La formation professionnelle, nouveau terrain de collaborati…
Attentats de Madrid: les délires anti-marocains d’un ex-c…
Ouverture de la 15è édition du Festival de tbourida à El …
Eric Ciotti: la souveraineté du Maroc sur le Sahara est ind…
Si la hausse de la production est naturellement nécessaire pour que le groupe OCP puisse dominer, un jour, les marchés mondiaux, ce n’est somme toute pas le seul critère entrant en jeu. Et cela, les principaux concernés semblent le savoir pertinemment.
Ce n’est pas seulement en augmentant ses capacités de production que le groupe OCP espère conquérir la moitié des marchés mondiaux des engrais à l’horizon 2028. Certes, ces capacités sont un prérequis, et depuis le lancement de la fameuse stratégie de transformation industrielle globale en 2008, elles ont, pour le moins, franchi un cap: au jour d’aujourd’hui, elles sont estimées à pas moins de 12 millions de tonnes par an, contre 1,7 million il y a quinze ans. Mais si le géant phosphatier séduit de plus en plus les agriculteurs de la planète, c’est aussi, et surtout, du fait de son offre à la carte. En effet, le groupe OCP ne se contente plus, comme c’était le cas auparavant et comme beaucoup de ses concurrents continuent encore de le faire, de proposer des engrais “tout public”, qu’on utiliserait aveuglément sans vraiment prendre en considération la nature du sol que l’on exploite.
Essais réguliers
Dans le cadre de ses efforts de recherche et développement menés notamment sous les auspices de l’Université Mohammed- VI polytechnique (UM6P) de Benguérir, initié par ses propres soins par le biais de la Fondation OCP, il procède régulièrement à des études in situ, doublées par ailleurs d’essais réguliers pour perfectionner ses produits et voir si, dans le cadre visé, ils sont effectivement fonctionnels. Dans le même sillage, différents instituts de recherche en agronomie locaux sont sollicités. En Afrique notamment, un des principaux terrains de déploiement à l’international du groupe OCP, les études menées au fil des ans avaient ainsi permis de déterminer que les sols de certains pays du continent commençaient généralement à nécessiter moins d’azote qu’ailleurs avec le temps, et qu’en continuant à leur en fournir aux mêmes doses qu’au tout début la production pouvait, en fait, s’en trouver entachée.
De ce fait, en Éthiopie par exemple, un des pays africains concernés, on a procédé à abandonner les engrais dits “DAP” au profit de ceux dits “NPK”, où l’on ne trouve pas autant d’azote. Et cela a, en outre, également été profitable financièrement pour les agriculteurs, étant donné que dans le cas d’espèce le “NPK” leur coûtait 20% moins cher que s’ils continuaient à recourir au “DAP”. Cela ramène d’ailleurs à un des objectifs prioritaires du groupe OCP pour les années à venir, qui est celui de mettre à disposition des agriculteurs des engrais qui soient moins chers.
Grands gisements
D’un côté, la stratégie de transformation industrielle globale a apporté de véritables gains en termes d’économies d’échelle. Elle a également été sous-tendue, sur un autre niveau, par la mise en place de plateformes de production à proximité même de certains importants marchés de destination, comme l’Éthiopie et le Nigéria; ce qui a, au surplus, été de nature à contracter les frais de transport.
D’un autre côté, le Maroc a l’avantage de disposer, à la base, dans sous-sol des plus grands gisements de phosphates du monde, à raison d’au moins 70% des réserves comptabilisées. Mais ce ne sont pas là les seuls intrants entrant en jeu. D’un point de vue biologique, le phosphate aide notamment à la croissance de nouvelles racines et à l’absorption d’autres nutriments. Mais seul, il n’est pas suffisant. Pour compléter son action, il a notamment besoin d’azote, déjà cité plus haut. Ce que fait l’azote, en substance, c’est d’agir pour que les plantes produisent plus de protéines, et comme cela pouvoir pousser plus vite. Or, pour apporter cet azote, un des moyens c’est de mettre à contribution de l’ammoniac, qui comprend, sur le plan chimique, une molécule d’azote et trois d’hydrogènes.
Lequel ammoniac requiert en général du gaz naturel, que le Maroc n’a tout simplement pas: en suivant un procédé scientifique connu appelé “procédé Haber-Bosch”, le gaz est transformé en hydrogène, et c’est là seulement qu’il est combiné à l’azote. Il faut donc en importer, et cela n’est d’autant plus pas donné dans le contexte de crise énergétique actuel dû principalement à la guerre en Ukraine: comme l’ont relevé les derniers résultats du groupe OCP, révélés le 28 mars 2023, il a fallu décaisser au prix fort pour en avoir. Et ce n’est pas forcément demain la veille que les choses vont s’arranger.
C’est dans ce cadre qu’il faut donc apprécier l’intérêt que porte actuellement le groupe OCP à l’important chantier de l’hydrogène vert, dont le roi Mohammed VI avait donné le coup d’envoi officiel le 22 novembre 2022 au palais royal de Rabat en donnant ses instructions pour l’élaboration d’une offre Maroc qui, selon le communiqué du cabinet royal publié dans la foulée, se doit d’être opérationnelle et incitative et permettre de couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur afférente.
Grâce à ce potentiel hydrogène vert, qu’il est tout-à-fait possible de produire à partir de sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique, on peut réussir à obtenir de l’ammoniac vert made in Maroc. Et de fait, cela ne pourra que se répercuter sur la grille de tarification des engrais. Au demeurant, cela entre aussi pour le groupe OCP dans le cadre de son objectif d’atteindre, d’ici 2040, la neutralité carbone, qui est sans doute la grande ambition actuelle de son président-directeur général, Mostafa Terrab. Du moment que les agriculteurs en bénéficient…
Toute l’actualité du Maroc dans votre boite de réception
© Maroc Hebdo. Tous les droits sont réservés