Eau : Les barrages du Royaume résistent aux fluctuations climatiques – Hespress Français
Malgré le manque et la rareté des précipitations, au cours de cette année au Maroc, les taux de remplissage des barrages du Royaume « résistent » aux fluctuations climatiques, et ce malgré une hausse sans précédent des températures (5 à 8 degrés au-dessus des températures saisonnières moyenne). Ce qui, en ces circonstances particulières, augmente le besoin de consommation d’eau dans différentes activités.
Le volume total des barrages dans le Royaume, selon les chiffres de la Direction Générale du Génie de l’Eau du Ministère de l’Equipement et de l’Eau, est de 5212 millions de mètres cubes, avec un taux de remplissage de 32,3%, contre 4985,6 millions de mètres cubes et un taux de remplissage de 30,9% enregistrés au cours de la même période l’année dernière.
L’interruption de l’eau potable ou la réduction des débits continuent donc de menacer cet été dans certaines zones de sècheresse, ou celles qui ont reçu très peu de précipitations tout au long de l’exercice, ou marqué par un « rythme fluctuant » en termes de volume ou de régularité des pluies.
Les indicateurs du bulletin quotidien officiel sur la situation journalière des principaux barrages du Royaume, en ce mardi 27 juin, montraient une grande disparité et un net décalage entre les différents barrages du Royaume, en particulier ceux qui ont une énorme capacité de stockage.
C’est ainsi que le taux de remplissage du barrage « Bin El Ouidane » dans la région de Beni Mellal-Khenifra est de 14,4 %, (13,7% l’an passé), alors qu’al Wahda atteignait 54,2 % (51,5%). Le barrage Idriss premier (région Fès-Meknès) affichait 27,1 % contre 40,8% l’an passé. C’est là une situation bien critique que l’on retrouve au demeurant, dans le barrage « Ahmed Al-Hansali qui se limite à un taux de remplissage de 7,6% (9,4% 27 juin 2022).
Le barrage « Al-Hassan Al-Dakhil » est à 26,2 %, et le barrage Mokhtar Soussi , ne dépasse pas les 15,2 %. Alors que le taux de remplissage du barrage Sidi Mohamed Ben Abdallah, qui alimente la capitale Rabat et certaines villes environnantes, n’est que de 21,5 % à ce jour. Le taux de remplissage du barrage Al Massira dans le bassin de Tensift reste alarmant de ses 5,6% identiques à l’année dernière à la même période.
Benseghir Abdelfathallah, un expert des questions d’eau au sein du « sous-groupe de l’eau » formé par des diplômés de l’Institut Hassan II d’agriculture et des sciences vétérinaires de Rabat, a commenté les chiffres, décrivant « la situation actuelle de l’eau comme très critique« . Il a confirmé à Hespress que « ce que nous avons vécu au cours des derniers mois d’été (2022) ) se renouvelle cette année. Cependant, ce qui est principalement observé est une différence et un contraste entre les villes et les bassins versants“.
Benseghir Abdelfathallah a cité l’exemple du bassin du Tensift, qui alimente la plupart des régions d’Al Haouz, la ville de Marrakech et ses environs. Il a déclaré, que « sa situation reste généralement meilleure pendant cette période de l’année que l’an dernier« , rassurant que « la ville de Marrakech ne subira pas de problème majeur en général comme l’approvisionnement en eau potable de ses habitants « .
Dans ce contexte, il a mentionné que « les précipitations, malgré leur rareté durant la saison de pluie, ont tout de même permis de prendre la décision de réirriguer les grands circuits d’irrigation et branchement d’eau « urgent » du Maroc, qui s’étendent sur une superficie d’environ 700.000 hectares« . Il a alors souligné que, « l’urgence résidait dans des projets de liaison hydraulique entre les bassins connus pour être excédentaires et situés pour la plupart dans le nord du Royaume, et leurs homologues qui ont été touchés par de graves sécheresse dans le centre et le sud du pays“.
L’expert marocain de l’eau a déclaré à cet égard: « Aujourd’hui, il n’y a pas d’échappatoire à l’accélération des projets de raccordement à l’eau et à l’achèvement de l’autoroute de l’eau à la lumière de la crise de pénurie actuelle« , notant qu’ »il s’agissait de projets attendus« . Gérer la forte demande en eau en plus de « contrôler les données liées au volume des précipitations et des importations d’eau, et de suivre les barrages au sein d’un portail électronique pour le public et les chercheurs« , a-t-il encore souligné.
Les conséquences de « la surexploitation continue de toutes sortes de déchets aquatiques, sans responsabilité ni surveillance, peuvent être graves“.
Aussi, a-t-il a recommandé « d’améliorer l’approvisionnement en eau en s’appuyant sur des études approfondies et en s’assurant de la faisabilité de la chose, selon les spécificités de chaque région, ville, village… ».
Pour Benseghir Abdelfathallah, l’importance est “de diversifier les options entre la construction de nouveaux barrages, usines de dessalement de l’eau de mer ou de réutilisation des eaux usées“. Il a également appelé à « l’amélioration et l’entretien des réseaux d’irrigation et d’eau potable« , soulignant que « la demande en eau ne cesse d’augmenter avec la croissance démographique et les besoins économiques qui doivent correspondre au volume d’approvisionnement« . Afin d’atteindre une « bonne gouvernance de l’eau, a-t-il poursuivi, l’activation du rôle de la police de l’eau doit-être primordiale de l’eau et il faudra sanctionner sévèrement les pilleurs des ressources en eau“.
L’évocation de la « politique de construction de grands barrages au Maroc » n’a pas échappé au discours de l’expert de l’eau qui a, déclaré en conséquence : « S’il n’y avait pas les barrages, nous n’aurions pas garanti l’eau potable à tous les citoyens dans certaines zones, après deux années de sécheresse consécutives“.
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