Mustapha Jaa : 'Les infirmiers sont victimes d'une grande injustice … – Maroc Hebdo
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Le président du syndicat indépendant des infirmiers, Mustapha Jaa, tire la sonnette d’alarme quant à la situation dramatique des infirmiers au Maroc. Si rien n’est fait, cela provoquerait une fuite hémorragique dans cette profession profondément marginalisée.
Quelles sont, selon vous, les causes de la fuite des infirmiers vers l’étranger ?
Il y en a plusieurs mais deux me paraissent les plus importantes. Il y a d’abord le volet juridique matérialisé par le fait qu’il n’existe pas encore au Maroc un ordre national des infirmiers. L’absence d’une telle structure officielle créé un grand vide dans la profession et expose celle-ci aux risques de désorganisation. Il y a aussi le problème de chevauchement dans l’exercice des actes médicaux. Les infirmiers sont amenés à exercer certains actes médicaux comme le plâtre ou encore les sutures alors que ces derniers relèvent normalement de la compétence des médecins.
Qu’en est-il des problèmes de rémunération financière des infirmiers ?
C’est ce qu’on appelle la justice salariale. On sait que les infirmiers touchent des salaires qui sont bien en-deçà des volumes horaires exercés dans les hôpitaux. Contrairement aux agents de la fonction publique, les infirmiers, de par la nature de leur travail, sont amenés à travailler les jours fériés (week-end et jours de fête). Autre revendication financière des infirmiers : l’augmentation de la prime de risque, jugée actuellement très faible. Si la prime de risque des médecins est de 5900 dirhams, celle des infirmiers est seulement de 1400 dirhams. Une injustice flagrante par rapport à un corps médical très dévoué et qui consacre tout son temps et son énergie aux malades.
Avez-vous des statistiques concernant cette fuite des infirmiers ?
Il y a quelques années, ce phénomène ne touchait que les infirmiers en début de carrière. Aujourd’hui, il touche les infirmières et les infirmiers qui ont une longue expérience (15, 20 et 25 ans). Cela provoque certainement une grande hémorragie au sein de la profession, ce qui risque d’exposer le secteur médical à un problème très sérieux de manque des ressources humaines. Concernant les statistiques de départ, plus de 1000 infirmiers quittent le Maroc chaque année. C’est un chiffre énorme qui montre le niveau de ras-le-bol dans cette profession marginalisée.
A quoi ont abouti vos négociations avec le gouvernement ?
Alors que les autres corps de métier ont eu droit à une hausse des salaires dans le cadre du dernier accord du 24 février 2023 signé entre le gouvernement et les différents syndicats du Royaume, les infirmiers n’ont pas vu leur situation matérielle s’améliorer. Nous avons soumis nos différentes revendications au ministère de la santé avec lequel nous sommes en pourparlers avancés.
Nous espérons arriver à des solutions concertées d’ici quelques semaines. Mais d’ici-là, l’hémorragie des infirmiers et même des médecins continue de paralyser le secteur médical national. Une situation qui prévaut alors que le Royaume entreprend, depuis la fin de la pandémie, une profonde réforme du secteur de la santé.
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