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Après le séisme au Maroc, l'étonnante apparition de sources d'eau – La Croix

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Dans le Haut Atlas, d’innombrables sources sont apparues après le terrible séisme du 8 septembre. Le phénomène pourrait soulager les sinistrés, mais les scientifiques restent prudents sur sa pérennité.
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Après le séisme au Maroc, l’étonnante apparition de sources d’eau
Depuis le tremblement de terre du 8 septembre de nombreuses sources ont émergé dans le Haut Atlas marocain.
STEPHANE DUPRAT/SIPA
Sur la route R203, qui traverse le Haut Atlas, quelques kilomètres avant le village d’Ijoukak, impossible de la rater. Au détour d’un virage, une source émerge de la montagne et déverse son eau sur le goudron, forçant les voitures à ralentir. L’eau dévale ensuite la pente pour se jeter dans la rivière en contrebas, dont le débit est impressionnant. Tout près, Mahfoud et ses amis ont garé leur camionnette blanche. Accroupis, ils en profitent pour faire leurs ablutions.
« C’est une bénédiction de Dieu. À cette saison, il ne devrait pas y avoir autant d’eau. Et c’est comme ça un peu partout dans la région ! », décrit Mahfoud, venu de Marrakech. Après le terrible séisme du 8 septembre, dont l’épicentre est tout proche, d’innombrables sources sont apparues dans le Haut Atlas, tandis que d’autres ont vu leur débit augmenter, et quelques autres se sont taries. « Dieu dit dans le Coran que la vie a été créée à partir de l’eau. Ce phénomène va profiter à tous, aux humains, aux animaux… », poursuit Mahfoud, avant de reprendre la route.
Le séisme, d’une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, est le plus puissant jamais enregistré au Maroc. Il a provoqué la mort d’environ 3 000 personnes, et plus de 5 400 autres ont été blessées. Depuis la catastrophe, des dizaines de milliers d’habitants sont hébergées sous des tentes, dans des conditions précaires. Mais au milieu du drame, dès les premières heures après le séisme, les témoignages ont commencé à affluer sur l’apparition de ces sources. « Voilà au moins une conséquence positive du séisme !, constate Hassan, 18 ans, venu remplir ses bidons. Nous habitons un village tout proche. Nous sommes venus nous approvisionner. »
Alors que l’urgence est encore d’aider les sinistrés, aucune étude scientifique n’a pu expliquer le phénomène. « C’est très simple à comprendre, assure Mokhtar Bzioui, ancien haut fonctionnaire au ministère de l’équipement et de l’eau. L’eau de pluie ou issue de la fonte des neiges se charge dans le sol. Lorsqu’elle rencontre une couche imperméable en hauteur, on appelle cela une nappe perchée, dont l’exutoire peut être une source. Des sédiments peuvent boucher cet exutoire. Sous l’effet d’un tremblement de terre, le bouchon peut sauter, ce qui va provoquer l’apparition de sources. »
De son côté, Bouabid El Mansouri, président du comité marocain de l’Association internationale des hydrogéologues, met l’accent sur la géologie du Haut Atlas. « Ce massif est formé de roches carbonatées. Avec le temps, il s’y forme des fractures, qui peuvent créer des cavités souterraines. Celles-ci vont stocker de l’eau, et des sources peuvent alors apparaître », détaille l’hydrogéologue.
La puissance du séisme a pu provoquer une reconfiguration de ces cavités. « L’eau stockée va alors trouver des vides qui n’existaient pas auparavant, ce qui va donner de nouvelles sources, ou provoquer le tarissement d’autres », poursuit Bouabid El Mansouri. L’hydrogéologue prévient toutefois qu’il va falloir réaliser des études pour confirmer ces hypothèses.
Le phénomène est d’autant plus remarquable que le Maroc, en première ligne du changement climatique, subit une sécheresse historique depuis cinq ans, qui met ses agriculteurs sous pression. La région du Haut Atlas, particulièrement pauvre et agricole, va-t-elle profiter de cette nouvelle manne ? « Il faudra là aussi réaliser des études. Dans un contexte de sécheresse, c’est bien sûr positif, mais je crains que ce ne soit pas suffisant pour remplir les barrages. Et puis, les sources risquent de se tarir », anticipe Bouabid El Mansouri.
Selon Mokhtar Bzioui, de nombreux équipements ont par ailleurs subi des dégâts pendant le séisme. Pour le spécialiste, « dans tous les cas, il sera nécessaire de restaurer les canaux, fontaines, châteaux d’eau… qui ont été endommagés pour que les habitants tirent profit des ressources en eau de la région ».
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Le séisme qui s’est produit au Maroc dans la nuit du 8 au 9 septembre dans la province d’Al-Haouz au sud de Marrakech, a fait 2 946 morts et 5 674 blessés, selon le dernier bilan officiel de mi-septembre.
La catastrophe a endommagé quelque 60 000 habitations dans près de 3 000 villages, dans le Haut Atlas et ses environs.
Le Maroc a annoncé un budget de 120 milliards de dirhams (environ 11 milliards d’euros) pour la reconstruction. Il doit bénéficier à 4,2 millions d’habitants sur cinq ans.
Au total, 530 écoles et 55 internats ont été endommagés. Environ 6 000 élèves ont déjà été transférés dans des internats à Marrakech, selon les autorités.
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