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Séisme au Maroc : la déformation du sol vue par satellite – Futura

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• 10 Min
Grâce à la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures », les secours ont eu accès rapidement aux images satellitaires de la zone dévastées par le séisme au Maroc. Mais les satellites sont également capables d’observer très finement la déformation du sol. Des données essentielles pour mieux comprendre ce qui s’est passé dans la nuit du 8 au 9 septembre.
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[EN VIDÉO] La sismologie, le stéthoscope qui écoute le cœur de la Terre « La Terre est opaque mais elle est transparente aux ondes sismiques » nous explique…
Suite à la catastrophe qui a secoué le Maroc le 8 septembre dernier, de nombreuses données satellitaires ont été mises à disposition afin d'aider l'organisation des secours dans le cadre de la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». Cette charte assure que les observations réalisées par les satellites des différentes agences spatiales sont mises librement et rapidement à la disposition des autorités et des scientifiques en cas d'événement catastrophique.
Les dégâts occasionnés par le séismeséisme, de magnitudemagnitude 6,8, sont en effet bien visibles depuis l'espace et ces données précieuses permettent aux secouristes d'identifier rapidement les zones les plus touchées et de définir les voies d'accès praticables. Certaines routes desservant des villages isolés largement détruits ont en effet été coupées par des éboulementséboulements causés par les puissantes secousses.
Parmi ces données satellitaires, certaines vont également permettre de mieux comprendre ce qui s'est passé d'un point de vue géodynamique. Il s'agit des données d’interférométrie acquises par le satellite européen Copernicus Sentinel-1. Grâce à l'utilisation d'un radar, le satellite a en effet mesuré et comparé l’élévation du terrain avant et après le séisme. La différence entre les deux images, de l'ordre du millimètre, permet d'observer quelles sont les zones qui ont subi un mouvementmouvement du sol et de mesurer ce déplacement. Par endroits, le sol se serait ainsi surélevé d'une quinzaine de centimètres. Des données essentielles aux scientifiques pour identifier clairement la faille et comprendre son fonctionnement.
Grâce à l'analyse de ces données, les scientifiques sauront où se rendre sur le terrain afin de réaliser des observations, voire certainement de conduire dans un futur proche des études paléosismologiques. L'ensemble de ces résultats permettra de mieux estimer le risque sismique de cette zone et de prendre les mesures adéquates pour protéger les populations.
Tous les sismologuessismologues sont formels : il est impossible de prévoir avec précision les séismes. Pourtant, dans certains cas, il est possible d'avoir une idée de la duréedurée entre deux tremblements de terreterre et donc de mettre en place des mesures de prévention. Mais pas dans le cas du séisme survenu au Maroc. On vous explique pourquoi.
Article de Morgane GillardMorgane Gillard publié le 12 septembre 2023
Il y a quelques jours, le Maroc a été frappé par un puissant séisme. Tout comme en Turquie il y a quelques mois, les secousses ont entraîné de très importantes destructions et le bilan humain ne cesse malheureusement d'augmenter, heure après heure [plus de 2 800 victimes sont à déplorer à l'heure où ces lignes sont écrites, ndlr]. Il y a pourtant une différence fondamentale entre les deux événements. Alors que l'épicentre du séisme en Turquie était clairement localisé sur une limite de plaques tectoniquesplaques tectoniques, comme le sont d'ailleurs l'immense majorité des tremblements de terre, le séisme marocain a été causé par le mouvement d'une faille située à l'intérieur de la plaque africaine. On parle dans ce cas de séisme intraplaque.
Il faut en effet rappeler que, si des failles jalonnent l'ensemble de la croûte terrestrecroûte terrestre, toutes ne sont pas actives de la même manière. La plus forte activité se joue là où les contraintes sont maximales, c'est-à-dire au niveau des limites de plaques tectoniques. Le séisme en Turquie, en février 2023, est ainsi survenu à la limite entre la plaque Eurasienne et la plaque Anatolienne. Les plaques tectoniques sont en effet considérées comme des blocs relativement rigides qui se déforment très peu. Or, chacune se déplace par rapport aux autres. Ces mouvements relatifs sont donc principalement accommodés sur les limites de plaques, produisant des séismes de manière plutôt régulière, avec des cycles sismiques « courts ». La sismicité est donc un élément intrinsèque aux limites de plaques. Les épicentres des tremblements de terre permettent d'ailleurs de mettre en lumière les différentes plaques tectoniques sur l’ensemble du globe.
Animation montrant les tremblements de terre depuis le XXe siècle. © NOAA/NWS
Pourtant, de nombreuses failles affectent l'intérieur des continents. Si certaines sont héritées d'un passé géologique très ancien et désormais considérées comme inactives, d'autres accommodent de très légers déplacements. Car les plaques ne sont pas totalement rigides. Elles se déforment légèrement, en réponse à diverses contraintes. Comme dans les autres cas, des séismes peuvent alors se produire, lorsque l’accumulation de la déformation devient trop importante et dépasse le seuil de résistance des roches. Ces séismes intraplaques sont cependant beaucoup plus rares que ceux survenant en limites de plaques. Et c'est bien ce qui les rend dangereux.
De fait, ils surviennent généralement sans prévenir dans des zones considérées comme plutôt calmes d'un point de vue sismique. C'est le cas par exemple du séisme du Teil survenu en France en 2019. Depuis 1974, on ne dénombre cependant, sur l'ensemble du globe, qu'une vingtaine de séismes intraplaques avec une magnitude supérieure à 6.
Le manque de données est donc criant pour ce type de séismes. Difficile alors d'estimer le risque sismiquerisque sismique d'une région et de mettre en place des mesures de protection de la population, notamment en adaptant les normes de construction. Les zones touchées sont donc souvent mal préparées face à la survenue d'un séisme se déclenchant à faible profondeur et dont la magnitude peut s'avérer parfois élevée.
Et c'est bien ce qu'il s'est passé au soir du vendredi 8 septembre au Maroc. « La région du Haut Atlas était cependant déjà connue pour son activité sismique, explique Jean-François Ritz, paléosismologue à l'Université de Montpellier. Plusieurs failles actives avaient déjà été cartographiées, présentant un potentiel pour générer des séismes de magnitude 6 voire 7. En ce sens, ce séisme n'est pas une surprise. Mais l'absence de données de référence et notamment d'études paléosismologiques ne permettait pas d'avoir une quelconque idée de quand pourrait se produire un tel séisme ».
Si une déformation est bien enregistrée dans ce massif montagneux, témoignant de sa lente élévation et donc de la présence de contraintes tectoniques, le taux de déformation est en effet extrêmement lent, de l'ordre de 1 millimètre par an. « À ce rythme, on peut s'attendre à un séisme seulement tous les 1 000 ou 2 000 ans », précise le chercheur.
On comprend donc mieux la difficulté d'estimer le temps de récurrence des séismes sur ces failles du Haut Atlas. Vendredi, il semble que le seuil de résistancerésistance ait été atteint. Sans crier gare, malheureusement.
À présent, les habitants vont devoir faire face aux nombreuses répliques sismiques qui vont s'enchaîner, avec le risque de voir de nouveaux bâtiments s'effondrer. L'incertitude demeure également sur le risque de déstabilisation d'autres failles dans la région. « Nous manquons cruellement de données, déplore Jean-François Ritz. Il est impossible de savoir comment les failles voisines vont réagir à ce puissant séisme ».
En attendant, les secours sont toujours à pied d'œuvre pour porter assistance aux habitants de nombreux villages très isolés et désormais totalement en ruine. Comme pour chaque catastrophe de ce type, toute aide est bienvenue. Vous pouvez bien sûr envoyer des dons via plusieurs organisations de confiance, comme la Croix-Rouge, le Secours Populaire, la Fondation de France, l’Unicef ou l’association Care.
Un violent séisme a secoué le Maroc vendredi 8 septembre 2023, causant d'innombrables dégâts et de nombreux morts dans cette région située dans le massif du Haut-Atlas, à proximité de Marrakech. Avec une magnitude de 6,8 à 6,9, il s'agirait d'ailleurs là du plus puissant tremblement de terre enregistré jusqu'à présent dans le pays.
Article de Morgane Gillard, publié le 11 septembre 2023
Ce vendredi soir 8 septembre, alors que les habitants de la province d'Al Haouz, au Maroc, se trouvaient tranquillement chez eux, la terre a violemment tremblé, entraînant d'importantes destructions dans cette région située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Marrakech. À l'heure actuelle, le bilan humain est lourd : plus de 2 100 morts et autant de blessés, dont un grand nombre dans un état très grave.
Les fragiles maisons en pierre de cette région agricole n'ont pas résisté aux secousses de ce séisme particulièrement puissant. Sa magnitude est en effet estimée à 6,8-6,9 (Mw, magnitude de moment). Il s'agirait du plus puissant séisme jamais enregistré dans le pays. Une magnitude totalement imprévisible pour cette région plutôt habituée à des événements de magnitude 4 et qui n'est pas de loin la plus active du pays.
La vidéo montre le moment du déclenchement du séisme de magnitude 6-8 frappant le Maroc. © NBC News
L’épicentre est en effet situé dans la région montagneuse du Haut Atlas, sur le front nord de cette chaîne de montagnes qui représente le massif le plus élevé d'Afrique du Nord. Si cette zone connaît bien une activité sismique, les secousses étaient jusqu'à présent plutôt modérées, les grands séismes se produisant habituellement 500 kilomètres plus au nord. Le Maroc est en effet une terre de séismes, en raison de sa localisation bien particulière. Le pays se situe au niveau de la limite de deux plaques tectoniques : l'Afrique et l'Eurasie, représentée ici par le bloc ibérique. Deux plaques tectoniques qui s'affrontent actuellement et dont la convergence a donné naissance aux reliefs du Haut-Atlas.
Le nord du Maroc est ainsi sillonné par de nombreuses failles, qui accommodent cette rencontre entre les deux continents. Les séismes sont donc fréquents et ont déjà, par le passé, mené à d'importantes catastrophes humaines. Le séisme d'Agadir, en 1960, avait ainsi entraîné la destruction de la ville et fait environ 15 000 morts. Sa magnitude n'était cependant « que » de 5,7, soit 30 fois moins puissant que celui de vendredi. La puissance de ce dernier a donc surpris les spécialistes. La région touchée est en effet relativement loin de la limite de plaque qui représente la zone la plus active.
Même si l'événement est lié à la collision entre l'Afrique et l'Europe, dans le cas présent, il est plus juste de parler de séisme intraplaque. Or, les séismes de ce type sont généralement de bien plus faible magnitude. Un événement extrêmement rare, donc, mais pas impossible cependant. Tout dépend en effet de la quantité de déformation accumulée sur la faille au cours du temps. Or, les taux de déformation dans cette région sont très lents, de l'ordre du millimètre par an, voire moins. Il aura donc fallu beaucoup de temps aux roches, plusieurs milliers d'années peut-être, pour atteindre le seuil de rupture, ce qui explique certainement l'absence de données antérieures sur cette faille.
Quoi qu'il en soit, l'étude postérieure de cet événement devrait permettre de mieux comprendre le fonctionnement de ce type de séisme et d'actualiser le niveau de risque sismique de la région, permettant aux autorités marocaines de prendre les mesures adéquates, notamment en matièrematière de conception du bâti.
Les premières analyses laissent penser que la rupture de faille pourrait atteindre 40 à 50 kilomètres de longueur, avec un épicentre peu profond, de moins de 20 kilomètres. Le déplacement estimé est d'environ 1 mètre. Il n'est pas impossible qu'une rupture soit observée en surface, comme dans le cas du séisme en Turquie.
De petites répliques sont déjà enregistrées et les scientifiques appellent à la vigilance car même s'il s'agit de plus faibles magnitudes que celle du séisme principal, ces nouvelles secousses ont la capacité de faire tomber des bâtiments déjà fragilisés.
 
par Morgane Gillard
le 12 septembre 2023
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