Réveil Courrier du 11 septembre 2023 – Courrier international
Chaque matin à 6h, le meilleur de la presse étrangère
Société. Baiser forcé en Espagne : Luis Rubiales démissionne
Pendant que vous dormiez . Maroc, Vietnam, Soudan, Éthiopie, US Open : les informations de la nuit
Iran. Comment “Femme, vie, liberté” a bouleversé la documentation des violations des droits humains
Chili. Salvador Allende reste une “figure immortelle”, même s’il a échoué à déjouer le coup d’État
Reportage. Avec les passagers du “Bibby Stockholm”, symbole d’une politique migratoire en faillite
Société. Égalité salariale hommes-femmes : encourager la transparence ne suffit pas
Tendance. Au Japon, le street art obtient enfin droit de cité
Le patron du football espagnol qui avait embrassé la joueuse Jennifer Hermoso sans son consentement a fini par annoncer dimanche soir qu’il quittait ses fonctions. La Fédération espagnole va désormais entamer un processus pour désigner le remplaçant de Rubiales.
Au terme de trois semaines “qui ont défiguré l’image du sport espagnol”, Luis Rubiales a donc “fini par jeter l’éponge”, résume El Periodico.
Le patron du football espagnol qui a provoqué l’indignation internationale pour avoir embrassé de force la joueuse Jennifer Hermoso après le sacre mondial de la “Roja”, a annoncé dimanche soir sa démission, rapporte El País qui publie l’intégralité de la lettre adressée au président intérimaire de la Fédération (RFEF), Pedro Rocha.
Pourquoi Rubiales a-t-il finalement choisi de partir alors qu’il avait jusqu’ici refusé de démissionner malgré les pressions qui ne cessaient de se multiplier, s’interroge El Mundo. “Difficile de savoir ce qui se passe dans la tête d’un personnage aussi complexe que lui”, note le quotidien espagnol. Dans sa lettre, Rubiales dit avoir agi avec le souci de protéger le football espagnol mais se défend aussi de nouveau d’avoir agressé l’internationale, âgée de 33 ans.
“Suite à la rapide suspension de la Fifa et aux procédures ouvertes à mon encontre, il est évident que je ne pourrai pas retrouver mon poste”, a-t-il écrit. “Je ne veux pas que le football espagnol puisse subir les préjudices de cette campagne disproportionnée […]. J’ai confiance dans la vérité et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle prévale.”
“À propos de ma démission, oui, je vais le faire, oui, parce que je ne peux pas continuer mon travail”, a-t-il aussi dit dans un entretien accordé au journaliste de télévision britannique Piers Morgan.
L’affaire Rubiales a plongé le football espagnol dans le chaos en pleine candidature à l’organisation du Mondial 2 030 aux côtés du Portugal et du Maroc.
Pourrait-elle contribuer à transformer en profondeur le monde du football espagnol ? “Il existe un sentiment largement répandu selon lequel la réforme du régime clientéliste qui a conduit à cette situation ne fait pas partie des priorités du président intérimaire Pedro Rocha (qui, pour cause, est le dauphin de Rubiales)”, souligne le quotidien espagnol ABC.
“Maintenant que Rubiales ne fait plus partie de l’équation” la Fédération espagnole de football se “retrouve désormais face à une sorte de vide, avec l’obligation de convoquer des élections l’année prochaine, année olympique, mais presque avec le devoir moral de le faire le plus tôt possible puisque les dirigeants actuels sont issus du giron de Rubiales”, remarque La Vanguardia.
Noémie Taylor-Rosner
Séisme : le Maroc accepte l’aide de quatre pays, dont l’Espagne et la Grande-Bretagne. Des équipes de sauvetage espagnole, britannique, qatarie et émiratie “sont entrées […] en contact” avec leurs homologues marocains en vue de coordonner leurs efforts, a affirmé dimanche le ministère de l’Intérieur. Plusieurs autres États, notamment la France, se sont dits prêts à apporter leur aide après le tremblement de terre dévastateur qui a fait plus de 2 100 morts au Maroc. Tout en remerciant tous les pays qui ont proposé l’envoi de secouristes, le ministère a expliqué “avoir procédé à une évaluation minutieuse des besoins sur le terrain et en tenant compte du fait qu’une absence de coordination pourrait être contre-productive”. Selon le magazine TelQuel, les autorités marocaines n’ont “pas écarté le recours à d’autres pays en cas de besoin”.
En visite au Vietnam, Biden célèbre une coopération renforcée. Le président américain a annoncé dimanche avoir conclu un “partenariat stratégique étendu” avec Hanoï, le plus haut degré de proximité diplomatique possible, lors d’une rencontre avec le chef du parti communiste au pouvoir, Nguyen Phu Trong. Jusqu’ici, le Vietnam n’avait signé un tel partenariat qu’avec la Russie, l’Inde, la Corée du Sud et la Chine. Joe Biden a notamment bouclé un accord avec Hanoï sur les semi-conducteurs et les minéraux rares, une démarche s’inscrivant dans la volonté des États-Unis d’avoir des chaînes d’approvisionnement indépendantes de la Chine. Ce partenariat entre le Vietnam et les États-Unis “est autant dû aux faux pas de la Chine qu’à la persistance des États-Unis”, a expliqué Peter Mumford, analyste pour l’Eurasia Group, au Financial Times. L’expert rappelle que les navires vietnamiens ont fait face récemment à une “intensification d’actes d’intimidation” de la part de Pékin dans la mer de Chine méridionale. Un demi-siècle après une longue et brutale guerre, ce rapprochement américano-vietnamien montre “à quel point Hanoï souhaite contrebalancer ses liens avec la Chine”, souligne le quotidien britannique.
Soudan : 46 morts dans des raids aériens. Les bombardements ont visé “un marché” du sud de Khartoum, selon des militants locaux et des travailleurs médicaux, rapporte le site d’Al-Jazeera. C’est l’un des raids les plus meurtriers sur la capitale du Soudan, ravagée depuis près de cinq mois par une guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo. Selon la correspondante d’Al-Jazeera, l’attaque aurait été menée par l’armée soudanaise, la seule à posséder des avions de combat dans ce conflit. Cette dernière a démenti toute implication dimanche.
L’Éthiopie dit avoir terminé le remplissage de son méga-barrage sur le Nil. Complété dimanche, ce projet hydroélectrique doit permettre à Addis-Abeba de doubler sa production d’électricité à laquelle environ seulement la moitié de ses quelque 120 millions d’habitants ont actuellement accès. Mais la construction de cet immense barrage, lancée en 2011, a aussi ravivé les tensions avec l’Égypte, qui a condamné une opération “unilatérale” et “illégale”. Le Caire considère le projet comme “une menace en raison de [sa] dépendance aux eaux du Nil”, explique le Business Insider Africa. Le pays est “confronté à un déficit hydrique annuel et devrait connaître une pénurie d’eau d’ici à 2025, selon les Nations unies”, rappelle le site d’information. Le Soudan, autre pays situé en aval de ce méga-barrage, n’avait pas réagi dimanche soir. Ces dernières années, Khartoum et Le Caire ont, à plusieurs reprises, demandé à l’Éthiopie de cesser le remplissage du réservoir du barrage, en attendant un accord tripartite sur ses modalités de fonctionnement.
Tennis : Djokovic remporte l’US Open. Le Serbe a gagné dimanche son quatrième trophée à Flushing Meadows en battant en finale Daniil Medvedev 6-3, 7-6 (7/5), 6-3. Il a ainsi égalé le record absolu de 24 titres du Grand Chelem détenu par l’Australienne Margaret Court depuis l’US Open 1973. Il lui a tout de même fallu 3 h 17 d’échanges exténuants pour prendre le dessus sur Medvedev. Djokovic “semblait parfois chanceler d’épuisement après de longs points”, remarque USA Today. Il a “néanmoins construit un plan de match magistral que” son adversaire “a à peine cherché à contrer”. À 36 ans, le sportif serbe redeviendra numéro un mondial lundi et entamera une 390e semaine record à cette place.
Courrier international
Iran, un an après (2/7)– Si les manifestations se sont estompées à partir de décembre 2022, sous le coup d’une répression féroce et des pendaisons des protestataires, le soulèvement s’est poursuivi sous différentes formes et a changé la manière de documenter les violations des droits de l’homme commises par le régime des mollahs, raconte le média d’opposition “IranWire”.
Il y a déjà presque un an, le mouvement “Femme, vie, liberté” commençait à prendre forme avec des manifestations sans précédent, à la suite de la mort de Mahsa Amini [le 16 septembre 2022], assassinée par la police des mœurs. Depuis, les revendications de la société iranienne, les méthodes de lutte et les relations entre le peuple iranien et le régime en place ont été bouleversées.
Ce mouvement de colère, comme les manifestations de novembre 2019, a également profondément modifié d’autres aspects de la mobilisation en Iran, notamment en matière d’information sur les violations des droits humains.
L’ampleur inédite de ces manifestations a attiré l’attention du reste du monde sur la situation en Iran, et, peut-être pour la première fois, cet intérêt s’est porté au-delà de la situation politique et du travail des associations.
Des dizaines de milliers de contenus multimédias, souvent en langues étrangères, ont été produits par des citoyens et diffusés sur les réseaux sociaux, ce qui a fait connaître à des millions de personnes dans le monde la réalité de la vie sous le joug de la République islamique ainsi que l’ampleur des discriminations et de la répression en Iran.
Grâce à la participation plus active des citoyens, les histoires personnelles des Iraniens sont mises en avant. Les récits individuels d’expériences vécues de violations des droits humains, non seulement alertent sur la situation en Iran, mais la rendent plus concrète pour ceux qui connaissent mal le pays.
Dans les démocraties qui respectent le droit international, recenser et faire connaître les atteintes aux droits fondamentaux est un processus simple et balisé. Les associations des droits de l’homme et les médias, garant de la transparence et de la responsabilité des gouvernements, peuvent faire leur travail en toute liberté. Les gouvernements doivent leur fournir l’accès aux informations nécessaires pour mener des enquêtes en toute indépendance.
En Iran, où l’état de droit n’est qu’une coquille vide et où le gouvernement continue délibérément de violer ses obligations internationales, notamment en matière de droits humains, tout ce travail d’évaluation et de signalement se fait dans des conditions complètement différentes.
D’une part, le gouvernem
Omid Shams
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Ce lundi 11 septembre, le Chili commémore les cinquante ans du putsch contre le président socialiste Salvador Allende. Comment en était-on arrivé là ? Le sociologue chilien Eugenio Tironi, engagé à l’époque aux côtés du chef de l’État, évoque un pays au bord d’une “guerre civile” et met en avant les erreurs commises de toutes parts.
En vérité, le coup d’État militaire du 11 septembre 1973 n’a pris personne par surprise. Certains craignaient plutôt la division des forces armées et, avec elle, une guerre civile. Mais tous étaient conscients que dans un pays désormais si clivé, en proie à un tel chaos, une cassure était inévitable, sous une forme ou sous une autre.
Ce sentiment de fatalité diffus avait gagné Salvador Allende lui-même, qui dans les jours ayant précédé le putsch a flirté de plus en plus publiquement avec sa propre mort. Toutefois, la violence dans laquelle l’armée a basculé le 11 septembre au matin, ainsi que les jours suivants, a dépassé tout ce qu’on avait prévu, et même tout ce qu’on aurait pu imaginer.
Les militaires putschistes devaient donner un signal de sévérité propre à décourager toute tentation de dissidence dans leurs rangs, et c’est ce qu’ils ont fait. De plus, ils prêtaient à la gauche une capacité de résistance qui en fait n’allait pas au-delà de la fanfaronnade, mais contre laquelle ils ont décidé d’agir préventivement, en l’annihilant.
Mais la violence du coup d’État – qui avec le temps acquiert une physionomie encore plus monstrueuse – révèle un phénomène encore plus profond : l’intensité atteinte par le clivage et la peur réciproque des deux camps en présence. Sans oublier la demande autoritaire de la part de ceux qui percevaient le gouvernement de l’UP [Union populaire, coalition de partis de gauche] comme un point de non-retour. Pour eux, la menace avait commencé à se profiler avec l’adoption de la réforme agraire, dans les années 1960, et elle avait fini par engendrer un mélange de terreur et de fureur sans merci.
Au-delà du discours propre à la guerre froide et à son effervescence idéologique, Allende et sa coalition n’ont jamais fait qu’accroître trois tendances apparues au Chili des années plus tôt et faisant l’objet d’un consensus : industrialisation via la protection du marché intérieur, intégration sociale accélérée des classes populaires, élargissement de la démocratie. Il s’agissait d’avancer, par des moyens pacifiques et constitutionnels, vers un socialisme qu’Allende définissait comme “démocratique, pluraliste et libertaire”.
Dans un premier temps, les résultats de cette entreprise se sont révélés positifs. Mais le système économique n’a pas tardé à montrer des signes de déséquilibre extrêmes, tels l’inflation et la pénurie de produits de première nécessité. Par ailleurs, le programme du gouvernement a connu des débordements, notamment en matière d’expropriation de terres et d’industries, sous la pr
Eugenio Tironi
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Un centre d’hébergement flottant a ouvert cet été à Portland, sur la côte sud-ouest de l’Angleterre. Il reflète les failles du système britannique, soupire cette journaliste sur place. Les demandeurs d’asile ont déjà dû être relogés après un problème sanitaire.
Dans le bus qui part du port, la première chose qu’aperçoivent les demandeurs d’asile, c’est un char. Son canon dirigé vers leurs vitres sans tain. Des restes d’épaves jonchent la route qui mène de la barge à la ville : des ancres, un canon, une mine marine. À l’extérieur du parking, une torpille attend son heure.
Ces vestiges jouent désormais un rôle décoratif. L’ancienne base de la Navy de l’île de Portland, sur la Côte jurassique du Dorset, a été vendue dans les années 1990. Les très riches Langham en ont fait un port privé. Ils ont été donateurs de l’Ukip [Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, promoteur du Brexit] à hauteur de 70 000 livres [81 000 euros], et désormais ils toucheraient environ 2,5 millions de livres [2,9 millions d’euros] du ministère de l’Intérieur pour héberger 500 hommes sur la première barge destinée à l’accueil des demandeurs d’asile au Royaume-Uni, qui s’est insérée dans le port à la fin de juillet comme une brique de Tetris.
Les 13 400 habitants de Portland n’ont pas été consultés et ne bénéficient pas de l’argent versé par le gouvernement aux Langham. “Ils se font des millions et la ville n’a rien”, soupire Pete Roper, un élu local indépendant qui était maire de Portland jusqu’en mai. Cet informaticien à la retraite de 68 ans vit ici depuis huit ans. S’il reste un étranger pour les habitants, il se fond parfaitement dans la masse avec son short et son polo.
Ici le conseil municipal est majoritairement travailliste, à l’exception de cinq élus sans étiquette. Il faut désormais embaucher des agents de sécurité pour ses réunions publiques. Roper reçoit des menaces par téléphone, les conseillers locaux sont agressés verbalement dans les supermarchés. Des courriers menaçants ont été envoyés aux entreprises locales pour les empêcher de travailler pour la barge.
Certains habitants ont accueilli les premiers arrivants avec des kits d’hygiène, des carnets et des fleurs, tout en condamnant ce centre fermé flottant, qui, selon le syndicat des pompiers, peut se transformer “en piège mortel” (conçue pour 222 personnes, la barge dispose maintenant de couchages pour en accueillir 506). D’autres vantent sa salle de gym, ses soins médicaux et ses repas gratuits. “Ils vivent comme des princes”, lance un manifestant à l’entrée du port. Quelques jours plus tard, le ministère de l’Intérieur a dû reloger provisoirement les gens à bord de l’embarcation après la découverte de traces de légionelles dans son système d’approvisionnement en eau.
J’ai rencontré Ali, 25 ans et Omar, 20 ans, à Weymouth, une ville côtière sur le continent où l’on déguste des spécialités à base de crabe et où les foules regardent des spectacles de marionnettes et font la queue pour les manèges. Ils se promènent sur la plage, appellent leurs sœurs mais n’ont pas grand-chose à faire. Ils n’ont pas le droit de travailler et touchent une allocation de 9,5 livres [11 euros] par semaine – ce qui ne suffit pas à se payer un fish and chips ou une glace à l’italienne, qui coûte ici 2,5 livres. Lors de leur deuxième nuit sur la barge, ils ont regardé le dernier Thor de Marvel et mangé du poulet avec
Anoosh Chakelian
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Obliger les employeurs à signaler les écarts de rémunérations, c’est bien. Mais il faut aussi sanctionner leurs manquements et s’attaquer à certains obstacles structurels, soulignent les experts consultés par “Bloomberg”.
Malgré les efforts des gouvernements, les inégalités salariales entre les hommes et les femmes persistent depuis des dizaines d’années. Mais de nombreuses lois et directives récemment adoptées afin d’améliorer la transparence en matière de rémunération semblent fonctionner là où d’autres ont échoué – même si les avancées varient nettement d’un pays à l’autre.
Obliger les employeurs à signaler les inégalités salariales dans leur entreprise et à indiquer la grille des salaires sur leurs offres d’emploi, et leur interdire de se renseigner sur l’historique de rémunération des postulants sont des mesures qui portent leurs fruits, selon les spécialistes. “Réduire les inégalités salariales nécessite d’agir sur tous les fronts”, explique Emanuela Pozzan, spécialiste des questions d’égalité de genre à l’Organisation internationale du travail. “L’élan actuel en faveur de la transparence des rémunérations est encourageant.”
Depuis l’adoption, en 2018, d’une loi exigeant “un salaire égal à travail égal”, l’Islande fait figure d’élève modèle. Les emplois dont les qualifications, les horaires et la pénibilité sont comparables doivent être rémunérés de la même manière, peu importe le secteur ou le poste. Cette mesure a contribué à réduire de moitié les inégalités salariales dans le pays au cours des dix dernières années, et elle a inspiré des initiatives du même ordre ailleurs dans le monde.
La dernière en date émane de l’Union européenne, qui a publié [en mai] une directive visant à réduire les inégalités dans les entreprises. Le Japon et l’Australie ont également promulgué plusieurs lois en ce sens. “Ces dernières années, plusieurs pays se sont inspirés du succès islandais et ont pris des mesures pour garantir la transparence des salaires”, souligne Ines Wagner, chercheuse spécialiste de la mobilité professionnelle et des questions de genre à l’Institut des recherches sociales, à Oslo.
D’après une étude de la Harvard Business School, 27 des 38 pays membres de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] ont mis en œuvre une pol
Alice Kantor
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Après d’autres villes dans le monde, Tokyo, Osaka ou encore Kawasaki cèdent à l’attrait des commandes de street art, un mode d’expression longtemps objet de préjugés dans l’archipel. Les habitants sont généralement partie prenante des projets, et les œuvres répondent à un esprit civique et communautaire, relate “Nikkei Asia”.
Dans le quartier résidentiel de Koenji, dans l’ouest de Tokyo, au beau milieu d’une allée bifurquant depuis la rue commerçante, un aigle déploie ses ailes immenses au-dessus d’arbres luxuriants et d’une rivière scintillante.
Plus grande que nature, la créature, toute rose, occupe le centre d’une fresque monumentale recouvrant le mur latéral d’un bâtiment privé de cinq étages. Signée WHOLE9, un duo d’artistes établi à Osaka, elle s’intitule SYNC et dépeint les habitants de Koenji sous la forme d’un aigle entouré de formes abstraites représentant la diversité de la vie.
“C’est une fresque avec beaucoup de couleurs pour évoquer la richesse et la pluralité du quartier de Koenji”, explique Simo, moitié de WHOLE9.
Commandée par le Koenji Mural City Project, un collectif d’artistes et de résidents supervisé par le directeur artistique Kenji Daikoku, SYNC s’inscrit dans une nouvelle tendance à Tokyo et au Japon, où le street art, notamment les grandes fresques, sert à apporter plus de vie dans les communautés.
Ces dernières années, de nombreuses fresques ont fleuri sur les murs de Tokyo, aussi bien dans les quartiers résidentiels, comme Koenji et Nakano, que dans les zones plus commerciales, telles que Nihonbashi, en plein cœur de la capitale. Et le phénomène fait tache d’huile dans d’autres villes, dont Yokohama, Kawasaki et Osaka.
Contrairement aux commandes commerciales faites pour le compte d’entreprises et de commerçants souhaitant faire connaître leurs produits ou services, ces fresques sont des œuvres publiques qui viennent orner les façades de gares, de boutiques et de bâtiments privés et publics. La plupart sont le fruit de la mobilisation de résidents animés par un esprit civique et convaincus que l’art peut contribuer au bien commun.
“Nous voulions mettre la créativité des artistes au service de la société”, résume Daikoku. Il espère que les fresques de Koenji seront des sources de joie et de fierté pour les habitants, qu’elles feront connaître le quartier des amateurs d’art et attireront des visiteurs.
On dénombre aujourd’hui onze fresques dans le quartier de Koenji, sur les murs de toilettes publiques, sur les rideaux de fer de commerçants ainsi que sur un mur longeant la rivière Momozono. “Ce n’est pas seulement une commande pour moi, je le fais parce que ça contribue à la richesse culturelle de l’endroit où je vis”, explique Daikoku.
À l’est de Koenji, l’arrondissement de Nakano voi
Michiyo Nakamoto
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