Une sortie en jet ski vire au drame : les autorités algériennes tuent deux franco-marocains – Hespress Français
Une simple sortie en jet-ski a viré au drame pour trois familles marocaines qui viennent de perdre l’un de leurs membres dont l’un, toujours en vie, est retenu en Algérie. Deux jeunes Franco-Marocains ont été abattus, ce mardi, par les gardes-frontières algériens alors qu’ils s’étaient perdus en mer de Saïdia, et sont entrés brièvement et sans le savoir dans l’espace maritime algérien limitrophe de la côte marocaine. Selon Sabri Lhou, avocat, expert en droit international, et en migration, c’est un scénario qui représente une haine enracinée chez les gouvernants algériens. La réaction de Paris est attendue.
Tirer une rafale de balles sur deux jeunes Franco-Marocains perdus en mer, un crime abominable signé par l’Algérie et qui risque d’embraser les tensions entre les peuples des deux pays. Sur les réseaux sociaux, le sentiment d’injustice et de colère suite à la perte de deux compatriotes innocents tués de sang froid, se lit sur toutes les réactions.
Ce drame est survenu, ce mardi, quand des garde-côtes algériens opérant dans les lieux ont tiré des balles, tuant sur le coup deux Franco-Marocains venus passer des vacances à la plage en pratiquant du jet-ski. Bilal Kissi et Abdelali Mechouer, ayant perdu leurs repères alors qu’ils pratiquaient ce sport nautique, et pensant se trouver en mer marocaine, ils se sont retrouvés en l’espace d’un instant dans les eaux sous souveraineté algérienne, et cette mégarde leur a été instantanément fatale.
Smaïl Snabé, le plus « chanceux » des trois, également franco-marocain, a échappé à la mort, mais a été arrêté par les gardes-frontières algériens. Il a été présenté mercredi devant un procureur algérien, qui l’a placé en détention provisoire pour une durée de sept jours dans un commissariat de Port Say. Sa famille est depuis, sans nouvelles.
Aucune excuse ou communication de la part des autorités algériennes ne s’est faite entendre face à ce meurtre des plus abjects qui caractérise la direction de la politique algérienne prise sous l’impulsion de la présidence d’Abdelmadjid Tebboune.
Dans n’importe quel autre pays, les garde-côtes auraient simplement exhorté les individus à rebrousser chemin en leur disant qu’ils se trouvent en territoire étranger, sauf en Algérie, où les autorités sortent les armes face à des fans de sport nautique, juste parce qu’ils sont Marocains.
La réaction de la France, elle aussi concernée par la perte de deux de ses ressortissants, et qui doit réagir suite au meurtre de ces citoyens en pays étranger, est attendue de pied ferme au Maroc. Habituée à défendre ses citoyens à l’étranger et n’hésitant jamais à en faire les gros titres des médias, sa réaction sera naturellement scrutée à Rabat au vu des tensions existantes entre les deux pays et le tropisme algérien d’Emmanuel Macron.
La dépouille de Bilal Kissi, a été rejetée par la mer et repêchée près de la plage de Saïdia, alors que celle de Abdelali Mechouer, se trouve toujours du côté algérien du point frontalier, dans la commune de Port Say, relevant de la ville de Tlemcen.
Sur le réseau social X (anciennement Twitter), une vidéo filmée du côté algérien atteste des faits. Sur bande-son, 5 tirs retentissent, alors que les personnes de nationalité algérienne qui filment commentaient les faits : « Ils veulent les tuer. Mon ami dépasse cet endroit. Dieu, faites qu’il ne rentre pas dans la pierre (…) Oh non les pauvres, ils les ont ciblés ».
— Mohamed Yasino (@YasinoMohamed) August 31, 2023
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— Mohamed Yasino (@YasinoMohamed) August 31, 2023
Une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, montre le corps flottant de l’une des victimes, découvert par un pêcheur marocain au large de la baie de Saïdia. Le marin a aussitôt alerté les autorités marocaines.
Dans une déclaration à Hespress Fr, Sabri Lhou, avocat, expert en droit international, migration et conflit du Sahara, a affirmé que ce double homicide volontaire signé des autorités algériennes « est une concrétisation de la politique que l’Algérie a menée depuis la décision unilatérale de rupture définitive des relations diplomatiques entre le Maroc et le pays voisin ».
Cette rupture a ouvert la voie une série d’actes d’hostilité et de provocations décomplexées, à tous les niveaux du côté algérien. L’Algérie avait accusé le Maroc de feux de forêt en Kabylie, elle lui a imputé toute sorte de crimes, a souligné l’avocat en notant que c’est une tactique pour exciter le peuple algérien et pour attiser le feu sur des conflits historiques et créer une confrontation que refuse le Maroc qui observe silence et retenue vis-à-vis de tout ce qui a trait à l’Algérie.
Interrogé en conférence de presse à l’issue du Conseil de gouvernement sur cette tragédie, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, s’est contenté de dire que c’est normalement au pouvoir judiciaire de traiter le cas.
« Cette haine commence à être exprimée et extériorisée par le peuple algérien. Les agressions qui se passent dans les stades de football, ces crimes au niveau des frontières traduisent cette politique d’hostilité », réitère notre intervenant.
Selon Sabri Lhou, exporter cette crise vers les nouvelles générations qui n’ont pas connu l’ouverture des frontières et qui ne connaissent pas leur histoire est le but ultime du régime algérien.
« Ce qui se passe maintenant aux frontières ne représente qu’un scénario qui fait partie de cette haine enracinée et de cette politique globale », conclut l’expert.
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