INTERVIEW SPÉCIALE DE FERNANDA MELCHIONNA – CADTM
À la Cumbre de los pueblos, VUB, Bruxelles, juillet 2023 :
Députée fédérale du parti PSOL, marraine de l’audit de la dette au Brésil
14 août par Anne Theisen
Fernanda Melchionna, députée fédérale du parti PSOL, à la Cumbre de los pueblos, juillet 2023 ( AT)
Fernanda Melchionna, membre du parti de gauche PSOL et députée fédérale au Congrès brésilien, marraine de l’audit de la dette illégitime du Brésil, à été invitée par le CADTM à intervenir dans un atelier intitulé «La Crise internationale met le capitalisme hors d’haleine», à la Cumbre de los Pueblos, à Bruxelles, en juillet 2023. Elle a gentiment accepté de répondre aux questions d’Éric Toussaint, le porte-parole du CADTM, dans un entretien particulier, après son exposé public à la VUB. Découvrez cet entretien suivi d’une recontextualiserons du combat contre les dettes inacceptables au Brésil pour mieux en comprendre tous les enjeux.
Fernanda Melchionna, membre du parti de gauche PSOL et députée fédérale au Congrès brésilien, marraine de l’audit de la dette illégitime Dette illégitime C’est une dette contractée par les autorités publiques afin de favoriser les intérêts d’une minorité privilégiée.
Comment on détermine une dette illégitime ?
4 moyens d’analyse
* La destination des fonds :
l’utilisation ne profite pas à la population, bénéficie à une personne ou un groupe.
* Les circonstances du contrat :
rapport de force en faveur du créditeur, débiteur mal ou pas informé, peuple pas d’accord.
* Les termes du contrat :
termes abusifs, taux usuraires…
* La conduite des créanciers :
connaissance des créanciers de l’illégitimité du prêt. du Brésil, présente parmi nous, à la Cumbre de Bruxelles, a gentiment accepté de répondre aux questions d’Éric Toussaint dans un entretien particulier, après son exposé public à la VUB.
La dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics. extérieure du Brésil résulte de toute une histoire marquée par la colonisation, les efforts onéreux de modernisation des conservateurs et conservatrices, les dictatures militaires paralysantes et aujourd’hui, le maintien d’un système d’exploitation, de dépendance économique producteur de toujours plus d’endettement.
Fernanda Melchionna met l’accent sur le revirement de position ou l’ambigüité du premier gouvernement de Lula qui avait prononcé un discours d’opposition à la dette publique tout au début de ses activités politiques mais qui finalement au cours de son mandat a fini par adopter des mesures qui ont favorisé une internalisation de la dette extérieure et son aggravation dramatique.
La dette privée a explosé notamment en raison de l’imposition d’un taux d’intérêt Taux d’intérêt Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation. exorbitant : plus de 13,75 %, le taux le plus élevé au monde (même s’il a connu depuis une baisse de 0,25%) ! C’est donc le paradis pour les banques nationales et internationales, les parasites financiers, d’être rémunérés par un taux si élevé sur le dos d’une population modeste qui emprunte aujourd’hui pour survivre (c’est-à-dire pour accéder à un logement, acheter une voiture, un frigo, payer des études, consulter un médecin, faire des courses alimentaires, payer ses factures d’électricité) à un prix ou un taux d’intérêt hors de sa portée. La Banque Brésilienne s’enrichit tandis que la dette augmente et est émise sous forme de titres publics. La dette brésilienne interne avec intérêts et amortissements en 2022 s’élève à 1 879 milliards de réals brésiliens, soit environ 350 milliards d’euros (le taux de change en août 2023 : 1 euro = environ 5,4 réals brésiliens)
Beaucoup de capitalistes internationaux utilisent les titres étrangers moins chers pour acheter ensuite les titres de dette publique brésiliens pour faire des affaires.
En 2000, les forces de gauche se sont rassemblées au sein de nombreuses mobilisations populaires, des associations et syndicats et ont proposé un référendum au cours duquel 95% de la population ont déclaré vouloir refuser de payer la dette extérieure. Grâce à L’initiative pour une Audit Citoyen de la Dette Brésilienne de Maria Lucia Fattorelli, le débat de la suspension de paiement des dettes a été approfondi et élargi. Aussi bien la dette externe qu’interne ont été étudiées et dénoncées.
En 2003, le nouveau parti du PSOL, le Parti du Socialisme et de la Liberté, a été créé, plus à gauche que la Parti Travailliste de Lula qui avait perdu son côté revendicatif originaire et qui avait déçu ses partisans et partisanes plus radicaux. La députée fédérale du PSOL, Luciana Genro, a introduit une demande d’enquête auprès de la Banque Centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. du Brésil pour identifier qui sont les détenteurs ou détentrices de la dette brésilienne, ce à quoi la Banque a répondu que l’identité des créanciers et créancières devait rester secrète.
Michel Temer ( 2016-2018 ) a congelé les dépenses publiques pendant 20 ans, diminuant les financements pour la santé, l’éducation, les pensions et limitant la croissance de ces secteurs. Lula n’a pas empêché le versement de plus de 50% du budget fédéral au service du paiement de la dette ! 33 millions de brésiliens et brésiliennes ont faim. Le secteur informel compte 40 millions de personnes qui travaillent dans des conditions indécentes. Les droits des autochtones ne sont pas respectés. La violence est endémique. La forêt amazonienne est dévastée, ses terres accaparées par l’agro-industrie et les agro-carburants.
Par chance, l’ancien président d’extrême droite, Bolsonaro n’a pas été réélu en 2022 mais de justesse et le pays est fortement divisé entre le Nord et le Sud, entre partisans et partisanes de Lula, le vainqueur des dernières élections, et son farouche opposant Bolsonaro qui a d’ailleurs contesté les résultats électoraux dans un climat d’hostilités. Il faut espérer que la gauche saura s’unir contre le paiement des dettes illégitimes. Dans cet objectif, Fernanda Melchionna soutient la création d’un Front parlementaire avec les partis de gauche, la société civile organisée (syndicats et associations) et la participation citoyenne pour la réclamation d’un audit de la dette. Pour l’instant 170 parlementaires sur 513 sont favorables et il faut atteindre au moins 198 représentant-es pour faire passer la demande. La lutte ne se fait pas seulement au sein du parlement, mais aussi dans la rue. C’ est un moment crucial pour la mobilisation contre la dette publique et la dette privée du Brésil. Fernanda Melchionna insiste sur le fait que ce combat n’est pas seulement national mais qu’il a une dimension internationale importante et c’est pourquoi elle participe aujourd’hui à la Cumbre et au réseau international du CADTM.
Sur le point de lancer un front parlementaire en août pour un audit de la dette brésilienne et la limitation du taux d’intérêt
Fernanda Melchionna est une jeune femme engagée de 39 ans, née à Porto Alegre, à Rio Grande do Sul, au Brésil. Elle est membre de la Chambre des députés du Brésil depuis 2019. Elle avait effectué un premier mandat de 2019 à 2023 puis elle a été réélue en 2023 jusqu’en 2027. Après ses études de bibliothécaire à L’UFRS, elle s’est spécialisée en histoire contemporaine du Brésil à la Fondation Bradesco. Elle a également un parcours d’écrivain et s’est investie très tôt dans des activités syndicales et comme représentante de classes associatives et conseils. Elle est devenue coordinatrice générale du directoire central des étudiants de l’UFRGS, à Porto Alegre, avant de s’engager en politique, comme militante féministe, socialiste et internationaliste, au sein du directoire de gauche du parti Socialisme et Liberté, le PSOL, fondé le 6 juin 2004. Luciana Genro est la présidente actuelle du PSOL. Fernanda Melchionna a remporté de grands succès politiques. En 2012, elle est la représentante du PSOL qui avait rassemblé le plus de vote parmi les femmes. En 2016, elle avait obtenu 14 000 votes ce qui est le plus grand nombre de voies pour la ville. En 2018 et en 2022, elle est encore la parlementaire femme avec le plus de votes et ceux-ci ont encore augmenté d’un mandat à l’autre. Depuis 2020, elle est aussi candidate à la préfecture de Porto Alegre. Son slogan : « O que no podémos conquistar juntos ! » (Que ne pouvons-nous pas conquérir ensemble !). Elle s’intéresse aux combats féministes, à la lutte contre la corruption des privilégiés, à la sécurité sociale, les services publics, la santé, l’éducation, la culture, la science et la technologie, à l’environnement, à la défense des droits LGTB, à la négritude … Elle soutient des amendements impulsés par des mouvements sociaux populaires, tels que des audits citoyens de dettes en vue de l’annulation de celles qui sont illégales, illégitimes et odieuses.
Voici la traduction des questions d’Éric Toussaint du CADTM International et des réponses de Fernanda Melchionna, députée fédérale au Congrès Brésilien, en tant que partisane du Front parlementaire en faveur d’un audit en vue de répudier les dettes privées et publiques illégitimes au Brésil, en août 2023.
1. Quelle est la situation de la dette publique extérieure et de la dette publique intérieure du Brésil ?
La situation de la dette au Brésil est très grave. Actuellement, le système de la dette consomme environ la moitié du budget public brésilien pour les paiements d’intérêts et d’amortissement, et la dette continue de grossir. En 2022, le montant dépensé pour la dette du système était de 1 879 milliards de réals, soit environ 350 milliards d’euros ce qui correspond à 46,3 % du budget de l’Union (budget fédéral). Autrement dit, dans un pays aussi inégalitaire, où plus de 70 millions de personnes souffrent de la faim et de l’insécurité alimentaire, près de la moitié du budget fédéral, qui est la richesse sociale produite par les travailleurs, a été utilisée pour financer les parasites du système financier. Selon les données de l’audit citoyen, en juin 2023, la dette publique fédérale interne s’élevait à 8 200 milliards de réals (environ 1 520 milliards d’euros). La dette extérieure brésilienne, qui comprend la dette des gouvernements fédéral, des États municipaux et du secteur privé, s’élève à 595 milliards de dollars (environ 2 800 milliards de réals ou environ 520 milliards d’euros ).
La dette extérieure brésilienne, qui a explosé sous la dictature militaire, où son montant s’est vu multiplié par 30, a été largement convertie en dette intérieure sous les premiers gouvernements du PT, à partir de 2003. Le gouvernement de l’époque contractait des emprunts auprès des banques nationales pour payer les créancières et créanciers internationaux, sans remettre en cause l’illégalité des dettes antérieures. Cela a amené le Brésil à internaliser la dette extérieure, désormais rémunérée par des taux d’intérêt encore plus élevés, et à maintenir l’engagement de payer des taux d’intérêt très élevés au service de la dette Service de la dette Remboursements des intérêts et du capital emprunté. extérieure, créant ainsi un excédent majeur.
2. Avec des taux d’intérêt très élevés au Brésil, la dette domestique est un excellent business pour les banques privées brésiliennes et pour les capitalistes qui achètent des obligations Obligations
Obligation Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire. domestiques, n’est-ce pas ?
C’est une bonne affaire pour les capitalistes et une tragédie pour le peuple. Le Brésil a les taux d’intérêt les plus élevés au monde, avec le taux Selic à 13,75 %. Chaque 1% d’augmentation du taux d’intérêt signifie 40 milliards de reais (7,43 milliards d’euros) de plus par mois pour les créanciers de ce scandaleux système d’endettement. Cela génère des profits astronomiques tant pour les banques nationales que pour les spéculateurs ou spéculatrices et les parasites du système financier international, qui ont souvent recours à des emprunts à des prix inférieurs dans d’autres pays, pour acheter des titres de créance brésiliens et profiter des taux d’intérêts plus élevés ici. Pendant ce temps, à l’autre bout de l’échelle, les familles de travailleurs sont entraînées dans une spirale d’endettement dont elles ont bien du mal à sortir, en raison des taux d’intérêts exorbitants expliqués précédemment. Les intérêts sur les cartes de crédit renouvelables, par exemple, peuvent dépasser 400 % par an, de sorte qu’une simple dette peut devenir quelque chose d’impayable en peu de temps.
3. Lula a-t-il apporté un changement positif par rapport au gouvernement Bolsonaro en matière de dette ?
Malheureusement non. L’élection de Lula a été fondamentale pour assurer les libertés démocratiques et permettre au pays de respirer un peu mieux à ce point de vue-là et de retrouver la force de se battre. Nous avons évité une catastrophe si le gouvernement Bolsonaro avait été maintenu car sa réélection aurait pu signifier une fermeture du régime de l’intérieur, un repli dangereux du système politique. C’est pourquoi nous avons considéré l’élection de 2022 comme la plus importante depuis 1985. Mais nous étions conscients de la nécessité de maintenir notre indépendance politique vis-à-vis d’un gouvernement qui incorpore des partis bourgeois, un gouvernement de conciliation de classe. Pour se concilier les élites économiques , il avance des politiques pro-marché et antipopulaire. Ce fut le cas avec « l’encadrement budgétaire » qui a limité les dépenses publiques de base, compromettant l’expansion des investissements dans la santé, l’éducation, les dépenses sociales, les services publics et d’autres domaines essentiels. En maintenant la logique du plafond de dépenses de Michel Temer et de Bolsonaro, « l’encadrement budgétaire » du nouveau gouvernement de Lula et de Haddad, a laissé le système de la dette intact, sans aucune limite au paiement des intérêts et des amortissements qui consomment illégitimement le budget public. Le Parti des Travailleurs ( PT) a initialement critiqué et combattu la dette extérieure. En 2000, il a participé activement au plébiscite au cours duquel 95 % d’environ six millions d’électeurs et d’électrices ont voté pour la répudiation de la dette extérieure. Cependant, après avoir gagné les élections en 2003, Lula et le PT ont opté pour un pacte avec le marché et le maintien des principes économiques de Fernando Henrique Cardoso, avec la Lettre au peuple brésilien, la réforme de la sécurité sociale et d’autres mesures néolibérales. Dilma Rousseff qui avait l’occasion de faire passer l’audit de la dette prévu dans le plan pluriannuel 2016, a pourtant opposé son veto à la proposition qui allait dans ce sens. Après le coup d’État parlementaire contre Dilma Rousseff en 2016, Michel Temer a ramené le tristement célèbre plafond de dépenses, à l’époque appelé le PEC ( amendement à la constitution) de la mort, qui étranglait tout le fonctionnement de l’État brésilien pour, entre autres, continuer à rémunérer le capital rentier. Afin d’« économiser » pour payer les rentiers, Bolsonaro a mené une réforme des retraites qui a retiré des millions de personnes de la sécurité sociale et fait baisser la valeur des retraites dans le pays. Le cadre fiscal du gouvernement Lula maintient la logique du Plafond, avec une limite d’investissement pour les domaines sociaux afin de continuer à rémunérer les rentiers nationaux et internationaux.
4. Lula défend-il l’indépendance de la Banque centrale ?
Lula a critiqué l’autonomie de la Banque centrale, mais n’a pas appelé à une lutte politique pour son abrogation.
L’impossibilité de changer la présidence de la Banque Centrale, la fameuse autonomie de la Banque Centrale, a été votée de manière absurde, à travers une session virtuelle pendant la pandémie. Celui qui présidait l’ Assemblée Législative et opérait cette approbation était Arthur Lira, toujours sous le gouvernement Bolsonaro.
Lira, d’ailleurs, a été un acteur clé dans le maintien du gouvernement génocidaire de Bolsonaro, et en 2023, pour sa reconduction à la présidence de la Chambre, il a été soutenu par presque tous les partis, y compris le Parti des Travailleurs. Le PSOL a fait face et a voté contre.
Cette prétendue autonomie de la Banque centrale est en réalité une prise d’otage de la politique monétaire par le système financier. Lula ne doit pas seulement dénoncer. Il doit aussi prendre des mesures concrètes, par exemple, en faisant passer une loi pour révoquer cette autonomie et en appelant la population à se mobiliser. Pour que le gouvernement reprenne le contrôle de la politique monétaire, il faut miser sur la mobilisation. 80% de la population est favorable à la baisse des taux d’intérêt. Lula a parié sur le fait de servir les intérêts de la bourgeoisie avec l’encadrement budgétaire et la réforme fiscale et de s’appuyer sur des secteurs physiologiques de la vie politique, qui étaient avec le gouvernement Bolsonaro, sont maintenant convoités et invités à entrer dans le gouvernement de Lula, comme Arthur Lira, le Parti Progressiste ou d’autres partis comme les Républicains.
5. Qu’arrive-t-il à la dette des classes laborieuses ? Avec les taux d’intérêt élevés, la situation doit être très difficile pour eux.
Les travailleurs et travailleuses sont de plus en plus endettés au Brésil. L’offre de crédit à des taux d’intérêt abusifs, ajoutée à des facteurs tels que le salaire minimum de 1 320 R$ ( 245,06 euros) , l’informalité accrue, l’ubérisation et la précarité des contrats de travail, la compression des salaires de la fonction publique et le chômage, produisent un problème d’endettement croissant.
78,3% des familles brésiliennes sont endettées, selon les données de l’enquête sur l’endettement et les défauts de paiement des consommateurs (Peic) de février de cette année, un nombre supérieur à celui du même mois de l’année précédente. Près de 30% de ces familles endettées ont des retards de paiement et 11,6% déclarent ne pas pouvoir payer leurs factures en retard.
L’intérêt moyen facturé par les banques sur les cartes de crédit renouvelables s’élève à 409,3% par an. Et la carte est le principal moyen de crédit pour 85,7 % des familles endettées. C’est le prix de plus en plus élevé que les classes laborieuses brésiliennes, la grande majorité de la population, ont payé pour rémunérer les intérêts d’une infime minorité de spéculateurs nationaux et étrangers.
6. Quelle est l’importance de l’Audit Citoyen de la Dette publique animé par Maria Lúcia Fattorelli ?
L’audit citoyen joue un rôle fondamental dans la politique nationale depuis des années. L’initiative a été formée à la suite du plébiscite de 2000, qui avait une large majorité contre la dette extérieure, avec des racines dans les syndicats et les organisations de classe. L’Audit a mené une lutte fondamentale, démantelant ce système de dette publique, révélant les mensonges de la bourgeoisie brésilienne et les capitulations de ceux qui refusent de toucher à cet aspect central de la vie national. Au cours des dernières années, dans les gouvernements de Temer, Bolsonaro et dans la transition vers le gouvernement Lula, ce groupe, avec Maria Lúcia et toute l’équipe de coordination, est resté combatif et a apporté des contributions décisives au débat national et international, face au plafond des dépenses, la réforme des retraites et le cadre budgétaire. Au niveau international, pour citer un cas, je me souviens de l’audit de la dette de l’Équateur, dans lequel Maria Lucia Fattorelli, d’Audit Cidadã, Éric Toussaint, porte-parole du Cadtm, entre autres collaborateurs, sont parvenus à un résultat qui a réduit de 70 % le montant de la dette nationale.
7. Participez-vous au lancement d’un front parlementaire pour l’audit de la dette ?
Nous voulons que le débat sur l’audit de la dette et la limitation des taux d’intérêt soit travaillé en permanence à la Chambre des députés, en collaboration avec les mouvements sociaux et d’une manière qui contribue à l’articulation des secteurs de la société. C’est pourquoi nous nous battons pour la création de ce front social et politique pour un audit citoyen de la dette et pour la limitation des taux d’intérêt. Les signatures de 198 députés sont requises, soit plus d’un tiers de la chambre. A ce jour, depuis le début de l’année, 171 ont signé, 27 manquent à l’appel pour que le Front soit mis en place. J’ai été invitée par Audit Cidadã à être la marraine et la porte-parole de ce Front parlementaire, ce qui me rend très fière et apportera certainement des défis pour suivre ce combat à l’intérieur de la Chambre et, surtout, à l’extérieur.
8. Il paraît que vous comptez venir à Marrakech pour participer au contre-sommet du FMI FMI
Fonds monétaire international Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
En 2022, 189 pays en sont membres.
Cliquez pour plus de détails. , organisé entre autres par le réseau international du CADTM et par ATTAC CADTM Maroc. Quelle importance accordez-vous à ce contre-sommet, qui aura lieu du 12 au 15 octobre 2023 ?
Je considère ce contre-sommet comme fondamental. Une occasion de rencontrer des militants et militantes , des dirigeants et dirigeantes ainsi que des entités qui remplissent avec le CADTM le rôle de dénonciation de ces dettes illégitimes et illégales. Des dettes qui ont été un mécanisme d’exploitation et d’ingérence dans la politique de plus de 100 pays. C’est un stratagème criminel pour défendre les intérêts de l’impérialisme et des banques internationales, et qui a été renforcé par la pandémie, l’invasion de l’Ukraine, entre autres facteurs qui ajoutent des difficultés économiques pour les pays. Qui paie pour ce système de privilèges pour les banques, pour l’ingérence dans les pays de la Banque mondiale et du FMI ? C’est la population, qui est de plus en plus victime des mesures d’austérité, du retrait des droits et de la surexploitation, comme par exemple des réformes du travail, de la sécurité sociale… Cette rencontre revêt donc une importance stratégique. Je me joins à l’appel lancé aux militants et militantes de la gauche mondiale, en particulier du soi-disant tiers-monde, à participer pour défendre la souveraineté des peuples et lutter pour l’annulation des dettes odieuses.
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Historique et contexte des audits de la dette au Brésil
Les années 60-70 sont bouleversées par des dictatures militaires autoritaires et dépensières en Amérique latine qui laissent derrière elles des dettes odieuses dont le paiement est remis en question.
En septembre 2000, le syndicat CUT, le Mouvement des Sans Terres (MST), Campagne Jubilée Sud, la grande Conférence des Évêques fort à gauche dans les années 80-90 et le Parti des Travailleurs organisent un plébiscite populaire pour réclamer une auto-convocation d’un audit citoyen de la dette brésilienne. 90% des 6 millions de brésiliens et brésiliennes qui ont voté, ce sont montrés favorables à la suspension de la part de la dette identifiée comme illégitime par un audit.
En 2000, les parlementaires du PT déposent un projet de loi dans ce sens et fondent l’organisation Audit Citoyen de la Dette du Brésil.
Maria-Lucia Fattorelli entame de cette manière une longue et enrichissante collaboration avec le CADTM.
En 2003, Lula est élu président du Brésil avec 65% des voix, un électorat diversifié et large. Malheureusement, une fois au pouvoir tout a changé. Lula annonce qu’il sera le président « de tous les brésiliens et brésiliennes » et contrairement à ses déclarations passées, il va sceller un pacte avec les élites. D’un côté, il s’assure que les classes populaires accèdent à un meilleur pouvoir d’achat, grâce à des aides sociales, mais d’un autre côté, il veille à ne pas s’attaquer au capital financier, à l’armée et au paiement de la dette. Il respecte les accords passés avec le FMI, impose en 2003 une réforme néolibérale au système de pensions de la fonction publique. Il se rend au sommet du G8 G8 Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002. à Évian présidé par Jacques Chirac. Il nomme à la tête de la Banque Centrale brésilienne, Hernique Meirelles, ex président d’une banque américaine, La Fleet Boston ! Il n’a pas supprimé, comme l’a fait l’Argentine en 2005, l’armistice protégeant les criminels et criminelles de la période de dictature militaire et il a même laissé l’armée brésilienne occuper Haïti. Aucune nationalisation d’entreprises privées n’a été décidée et par contre il a soutenu des grosses entreprises privées, qui, pour gagner des marchés publics, n’ont pas hésité à corrompre des fonctionnaires publics. C’est ainsi que lui-même empêtré dans un scandale avec la multinationale immobilière Odebrecht se retrouvera en prison à la fin de son mandat.
Bien sûr, il est important de préciser que son programme Bolsa Familia a permis au 20% des familles les plus pauvres (12 millions de familles) de recevoir des allocations sociales. Mais cet apport est limité par rapport à ce qu’une suppression de dette publique aurait pu apporter pour des dépenses sociales. Le grand capital, les banques internationales, les fonds d’investissements achètent des titres de la dette Titres de la dette Les titres de la dette publique sont des emprunts qu’un État effectue pour financer son déficit (la différence entre ses recettes et ses dépenses). Il émet alors différents titres (bons d’état, certificats de trésorerie, bons du trésor, obligations linéaires, notes etc.) sur les marchés financiers – principalement actuellement – qui lui verseront de l’argent en échange d’un remboursement avec intérêts après une période déterminée (pouvant aller de 3 mois à 30 ans).
Il existe un marché primaire et secondaire de la dette publique. publique, interne et externe, au Brésil avec des taux d’intérêt très rémunérateurs. Il n’y touchera pas. Avec la Bolsa Familia, tout le monde semble content : les plus pauvres ont accès à la consommation et au crédit et c’est bon pour les affaires.
Timothée Narring dans son article « La gauche brésilienne sur les braises du crédit » publié le 16 juin 2023, décrit bien comment Lula en instaurant le crédit comme une façon de lutter contre la pauvreté, en donnant l’illusion au 20% les plus pauvres de pouvoir avoir accès à la consommation comme tout le monde, et de pouvoir s’intégrer à une forme de citoyenneté, les a tout bonnement conduits au surendettement jusqu’à la suffocation …parce qu’il n’a pas accepté de limiter les pratiques usurières des banques privées, qui ont laissé le taux d’intérêt monter et le montant des dettes privées exploser !
Jusqu’en 2014, les ménages les plus modestes semblaient sortir la tête hors de l’eau. Mais, hélas, à partir de la récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres consécutifs. de 2015, accentuée par une politique d’austérité de plus en plus à droite dès 2016, et par la suite sous l’effet de la crise du covid, de la guerre en Ukraine, avec l’inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison. , la perte d’emploi, la récession, et de nouveau ce taux d’intérêt exorbitant, toutes ces personnes précaires se sont retrouvées piégées dans l’endettement à la consommation. Cela a fragilisé, en premier lieu, les pensionné-es , les veufs et les veuves, et tous les liens de solidarité intra-familiaux ont été fortement mis à l’épreuve. En effet, le système des crédits consignés, que Lula a également mis en place a permis des prélèvements automatiques de mensualités sur les pensions de retraite pour rembourser les banques puis avec Bolsonaro le prélèvement automatique s’est élargi aussi à l’Auxili Brasil (une allocation correspondant à 40% du salaire minimum). « Une allocation censée assurer la survie va maintenant alimenter les profits financiers avec un taux d’intérêt annuel de 50%. Si Jair Bolsonaro va renforcer cette tendance dangereuse par la suite, au départ, c’est bien la gauche de Lula et son parti, le PT, qui ont mis en place ce système dès 2003, pour conquérir l’aval d’un électorat précaire mais très nombreux. C’est d’ailleurs bien Lula qui en 2003 a supprimé le paragraphe 3 de la Constitution qui limitait le taux d’intérêt à maximum 12%/an afin de gagner le soutien des banques et des élites, comme le rappelle avec raison Timothée Narring. Or c’est ce taux élevé qui condamne les masses populaires au surendettement privé.
En 2004, d’anciens membres du Parti des Travailleurs, en désaccord avec les nombreux compromis de Lula décident de former un nouveau parti plus radical, le Parti pour le Socialisme et la Liberté, le PSOL.
En 2005, au cours du cinquième Forum Social Mondial, un Tribunal contre la dette est organisé à Porto Alegre avec 1000 participant-es de tous les continents. L’Audit de la dette brésilienne, Jubiléee Sud, MST et le CADTM sont dans son organisation. Puis MST rejoint Lula et se désintéresse de la dette tandis que l’Audit Citoyen de la Dette brésilienne poursuit avec le CADTM.
D’ailleurs en 2007, Maria Lucia Fattorelli, en tant que représentante de l’Audit de la dette brésilienne et Éric Toussaint, du CADTM International , deviendront membres de la CAIC, la Commission d’Audit Intégral de la Dette instituée par le nouveau président équatorien Rafael Corréa dont la mission est d’évaluer les dettes illégitimes contractées entre 1976 et 2006 en Equateur .
De la même manière, Lula est intervenu en 2009 contre la dette odieuse Dette odieuse Selon la doctrine, pour qu’une dette soit odieuse, et donc nulle, elle doit remplir deux conditions :
1) Elle doit avoir été contractée contre les intérêts de la Nation, ou contre les intérêts du Peuple, ou contre les intérêts de l’État.
2) Les créanciers ne peuvent pas démontrer qu’ils ne pouvaient pas savoir que la dette avait été contractée contre les intérêts de la Nation.
Il faut souligner que selon la doctrine de la dette odieuse, la nature du régime ou du gouvernement qui la contracte n’est pas particulièrement importante, puisque ce qui compte, c’est l’utilisation qui est faite de cette dette. Si un gouvernement démocratique s’endette contre l’intérêt de la population, cette dette peut être qualifiée d’odieuse, si elle remplit également la deuxième condition. Par conséquent, contrairement à une version erronée de cette doctrine, la dette odieuse ne concerne pas seulement les régimes dictatoriaux.
(voir : Eric Toussaint, « La Dette odieuse selon Alexander Sack et selon le CADTM » ).
Le père de la doctrine de la dette odieuse, Alexander Nahum Sack, dit clairement que les dettes odieuses peuvent être attribuées à un gouvernement régulier. Sack considère qu’une dette régulièrement contractée par un gouvernement régulier peut être considérée comme incontestablement odieuse… si les deux critères ci-dessus sont remplis.
Il ajoute : « Ces deux points établis, c’est aux créanciers que reviendrait la charge de prouver que les fonds produits par lesdits emprunts avaient été en fait utilisés non pour des besoins odieux, nuisibles à la population de tout ou partie de l’État, mais pour des besoins généraux ou spéciaux de cet État, qui n’offrent pas un caractère odieux ».
Sack a défini un gouvernement régulier comme suit :
« On doit considérer comme gouvernement régulier le pouvoir suprême qui existe effectivement dans les limites d’un territoire déterminé. Que ce pouvoir soit monarchique (absolu ou limité) ou républicain ; qu’il procède de la « grâce de Dieu » ou de la « volonté du peuple » ; qu’il exprime la « volonté du peuple » ou non, du peuple entier ou seulement d’une partie de celui-ci ; qu’il ait été établi légalement ou non, etc., tout cela n’a pas d’importance pour le problème qui nous occupe. »
Donc, il n’y a pas de doute à avoir sur la position de Sack, tous les gouvernements réguliers, qu’ils soient despotiques ou démocratiques, sous différentes variantes, sont susceptibles de contracter des dettes odieuses. réclamée contre des entreprises brésiliennes au Paraguay.
En effet, en 2008, Fernando Lugo, président progressiste, alors conseiller par un juriste ancien permanent du CADTM, Hugo Ruiz Diaz Balbuena, forme, 6 mois après son élection, une Commission d’Audit de la Dette Paraguayenne à Asuncion.
Elle dénonce les dettes odieuses contractées par les deux dictatures militaires qui se sont succédées à partir de 1970 : tout d’abord sous la junte militaire brésilienne et ensuite sous la dictature paraguayenne du Général Stroessner. Un des projets monstrueux remis en cause par l’audit paraguayen est le barrage d’Itaipu.
Un décret présidentiel devait créer une Commission d’Audit mais Lugo cède sous la pression du gouvernement de Lula ainsi que des entreprises brésiliennes qui sont les principales créancières du Paraguay qu’elles exploitent. En échange, Lula promet à Lugo des concessions minimes : il propose d’augmenter un peu la somme payée annuellement au Paraguay par le Brésil pour l’électricité fournie au Brésil par le Paraguay via le barrage d’Itaipu.
En 2010-2014, un audit de la dette du Paraguay a quand même eu lieu mais il est réalisé par la Cour des Comptes de 2010 à 2011. En 2012, Fernando Lugo, est renversé par un coup d’État parlementaire fomenté par la droite.
Néanmoins, au Brésil, l’aventure des audits de la dette se poursuit.
De 2009 à 2019, l’Audit Citoyen de la Dette du Brésil, qui a organisé un peu partout des sections locales composées d’activistes dynamiques, obtient une Commission parlementaire d’Audit de la dette grâce au PSOL mais les parlementaires du PT, les conservateurs et conservatrices, empêchent cette remise en cause.
Maria Lucia Fattorelli poursuit son activité en participant en Grèce à la Commission pour la Vérité sur la Dette Grecque au parlement grec en 2015 et elle coproduit un manuel sur l’audit de la dette traduit en Français, Espagnol et Anglais.
En 2011, Le CPI, la Commission Parlementaire d’Investigation de la Dette Brésilienne émet un bilan, en parallèle au rapport de Ivan Valente qui visait à identifier des illégitimités ou illégalités de la dette du Brésil au Ministère public. Un groupe de procureur-es fédéraux est chargé de la mission d’enquêter sur le sujet par le Ministère Public et à deux reprises Maria Lucia Fattorelli est invitée comme témoin. Deux rapports sont issus de cette rencontre.
Interrogée le 6 janvier 2012 par Stephanie Jacquemont du CADTM Belgique, Maria Lucia Fattorelli a partagé les résultats de ses premières enquêtes dans un article intitulé : « L’Audit des Dettes Publiques Locales gagne du terrain au Brésil » publié dans Les Autres Voix De la Planète, fin 2020. Elle raconte l’impact désastreux qu’a signifié la loi n° 9697, imposée par le FMI en 1997, sur l’endettement public des États fédérés et de l’union.
Dilma Rousseff succède en 2011 à Lula, emprisonné suite à l’affaire Odebrecht puis elle est démise de ses fonctions par un coup d’État institutionnel au Sénat, orchestré par son vice-président de droite, Michel Temer, placé par le PT en 2011, et qui devient président en 2016.
En 2018- 2019, Jair Bolsonaro, leader de l’extrême droite, proche des idées de Trump (raciste, sexiste, homophobe, climato négationniste) et antipopulaire, gagne les élections présidentielles. Il va essayer d’acheter l’électorat le plus pauvre, en 2019, en allant plus loin dans la politique initiée par Lula. Il va en effet accorder la Bolsa Familia à 13,5 millions de familles, 1/5 de la population, mais finalement, celles-ci ne gagneront que 40 euros par mois en moyenne si leur revenu est inférieur à 20 euros par mois, ce qui fait moins de 1 euro par jour ! Bolsonaro, lancera aussi « une purge contre le PT, contre les fonctionnaires communistes », comme le Brésil n’a jamais connu avant.
Finalement, la gauche s’est unie contre Bolsonaro et autour de Lula après avoir exigé sa libération en novembre 2019. Lula a remporté les élections de 2020 mais de justesse et le pays est fortement divisé entre ses partisans et partisanes et ceux de Bolsonaro.
En 2018, la campagne électorale du membre du PSOL, Guilherme Boulos, avait mis de côté l’audit de la dette dont le remboursement ne lui semble plus problématique. Il n’a pas remporté autant de voix que Luciana Genro, en 2014, du même parti, mais qui soutenait ouvertement l’audit citoyen. Tout dépend maintenant d’une dizaine de député-es PSOL plus radicaux.
Espérons que Fernanda Melchionna, députée fédérale du PSOL, réussisse à convaincre un front parlementaire suffisant pour faire adopter prochainement l’audit citoyen de la dette Brésilienne.
À la Cumbre de los pueblos, VUB, Bruxelles 2023 :
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