Logements et garderies recherchés pour des infirmières de l'étranger – Le Devoir
Près de 320 infirmières en provenance d’autres pays arriveront cet automne dans la grande région de Montréal et de la Capitale-Nationale afin de prêter main-forte au sein du réseau public de santé. Des organismes communautaires, chargés de les aider à s’installer, lancent un appel à tous afin de leur trouver des appartements et des services de garde pour leurs enfants. Un défi de taille puisqu’une crise du logement sévit au Québec et qu’il manque de places en CPE.
Le Carrefour le Moutier, situé à Longueuil, se prépare à accueillir une quarantaine d’infirmières de l’étranger, notamment du Maroc, du Cameroun, de la Tunisie et d’Haïti. Les soignantes, qui suivront une formation d’appoint au cégep Édouard-Montpetit, travailleront à l’hôpital Pierre-Boucher et dans des CHSLD du CISSS de la Montérégie-Est. La première cohorte arrivera au Québec vers la mi-septembre.
« On aura besoin de tout : des logements à une chambre, deux chambres, trois chambres, estime la directrice générale du Carrefour le Moutier, Héléna Roulet. S’il y a des logements qui sont déjà meublés ou semi-meublés, c’est sûr que c’est aidant pour l’installation. »
L’organisme communautaire mène actuellement une campagne auprès du grand public dans le but de trouver des appartements, des places en milieu de garde et des bénévoles pour aider ces professionnelles de la santé à déménager et à s’intégrer à leur communauté d’accueil. « On a quelques personnes qui ont déjà répondu à l’appel, dit Héléna Roulet. C’est beaucoup plus en [dons de] biens et de meubles. »
La Maison internationale de la Rive-Sud, basée à Brossard, accompagne pour sa part 40 futures infirmières qui travailleront au CISSS de la Montérégie-Centre. Le directeur général de l’organisme, Mame Moussa Sy, préfère les avertir : le marché locatif actuel est « assez difficile ». « La première année, on dit toujours aux gens de baisser leurs attentes et d’être réalistes », dit-il.
Les loyers étant élevés, les futures infirmières devront « se serrer la ceinture », selon lui. « Elles viennent d’abord pour étudier et se mettre à niveau, rappelle-t-il. La première année, elles n’auront pas des revenus monstres. »
Québec offre aux étudiantes de la formation d’appoint une aide financière hebdomadaire de 500 $ pour un maximum de 62 semaines. Pendant leurs études, elles pourront travailler à temps partiel à titre de préposées aux bénéficiaires, après avoir suivi « certaines formations », comme la réanimation cardiaque, précise le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) dans un courriel.
Selon Mame Moussa Sy, la recherche de places en service de garde sera plus simple que celle de logements. Le gouvernement octroie aux futures infirmières ayant de jeunes enfants une allocation de frais de garde de 40 $ par jour de formation. « Les CPE subventionnés, c’est quasiment impossible à trouver, affirme-t-il. Mais il y a toujours des garderies à 30 ou 40 $ [par jour] qui peuvent faire l’affaire la première année. »
La pénurie de logements complique le recrutement de soignants. Le CISSS de la Gaspésie devait accueillir au printemps une cinquantaine d’infirmières diplômées hors Canada. Il a toutefois dû reporter leur venue, notamment en raison d’un manque d’appartements. Interpellé à ce sujet, l’établissement de santé indique qu’il prévoit maintenant leur arrivée à l’automne. Elles seront 40 plutôt que 50, précise-t-on.
Le gouvernement québécois a mis en place un projet pilote de 5 millions de dollars pour loger des travailleurs de la santé dans des logements modulaires en régions éloignées. Deux modules ont été installés en juin dans la région de Charlevoix : l’un à Baie-Saint-Paul, l’autre à La Malbaie. D’autres le seront prochainement en Gaspésie.
La Société d’habitation du Québec (SHQ), qui travaille en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux dans ce dossier, a lancé un nouvel appel d’offres il y a deux semaines. Dix-huit logements modulaires, comportant chacune deux chambres, seront construits à Maria et à Gaspé.
« L’objectif est de fournir des unités d’habitations usinées afin de répondre à un besoin de logement rapide et propice à l’intégration initiale de travailleurs de la santé et de leurs familles [y compris leurs enfants] dans la région », est-il écrit. Dans un courriel au Devoir, la SHQ dit souhaiter que « les premières unités soient livrées et occupées dès cet automne ». Les soumissionnaires ont jusqu’au 25 août pour se manifester.
Selon le MIFI, une soixantaine d’autres infirmières de l’étranger atterriront cet hiver à Montréal, à Laval, en Montérégie et dans la Capitale-Nationale. Mame Moussa Sy croit que de nouvelles avenues doivent être explorées pour les loger. Par exemple, elles pourraient cohabiter avec des aînés qui le souhaitent et les aider dans leur quotidien.
« Ça peut permettre le maintien dans la communauté de certaines personnes âgées », dit le directeur général de la Maison internationale de la Rive-Sud, qui aide des réfugiés pris en charge par le gouvernement à trouver un lieu où habiter. « Après, ça amène d’autres questions, tout ce qui est confidentialité et sécurité des personnes. Mais ce sont des choses sur lesquelles on commence à travailler pour voir comment ça peut résoudre certains problèmes par rapport à l’accès au logement de nouveaux arrivants. »