Uncategorized

Au Maroc, l'opinion publique face à la normalisation des relations … – Le Monde

Consulter
le journal
Le « Journal du dimanche », une disparition annoncée
Microsoft-Activision Blizzard : « La revanche de la Big Tech sur les “bidenomics” »
Divorce sans juge : on peut prendre deux avocats d’un même cabinet… mais ce n’est pas conseillé !
« Il est faux de laisser croire que les inégalités territoriales s’accroissent de plus en plus depuis quarante ans »
Les incendies en Europe sont visibles depuis l’espace
« La consommation de viande est une des causes » des incendies, ce qu’affirme Sandrine Rousseau est-il vrai ?
Au Niger, des militaires affirment avoir renversé le président Mohamed Bazoum
De « Star Wars » à « Indiana Jones », la technique qui rend ces musiques de film inoubliables
En Océanie, le pari du volontarisme
Dans l’Indo-Pacifique, les armées françaises confrontées à leurs limites capacitaires
JO 2024 : « Un coup de canif au discours officiel sur des Jeux populaires »
Emeutes après la mort de Nahel M. : « Les quartiers populaires sont une “France profonde” qu’on ne reconnaît pas comme telle »
Daphné Patakia, actrice : « Les rôles féminins sont moins stéréotypés »
« Eloge de la plage » : Grégory Le Floch en bordure du monde
« Bullet Train », sur Canal+ : huis clos meurtrier mené à un train d’enfer
The Weeknd au Stade de France, un lumineux concert
La Belgique à vélo : cinq randonnées des mythiques pavés des Flandres à la ceinture verte de Bruxelles
Les groupes de luxe à l’offensive sur les parfums haut de gamme
Le gâteau à l’amande et aux fruits rouges : la recette d’Anne-Claire Héraud
Culpabilité et épuisement dopent le marché de la parentalité
Services Le Monde
Services partenaires
Service Codes Promo
Suppléments partenaires
Palestine, Sahara occidental, identité juive marocaine, répression en Cisjordanie, partenariats économiques : les Marocains restent tiraillés deux ans et demi après les accords d’Abraham.
Par (Casablanca, Maroc, correspondance)
Temps de Lecture 5 min.
« Je suis Rajaoui, je suis Palestinien, je ne vais pas te laisser seul à Gaza. » Cette chanson des supporters du Raja CA, l’un des deux clubs de foot de Casablanca, Younès Khaye, 20 ans, la connaît par cœur. Il l’a écrite sur sa copie du bac il y a trois semaines, en guise de réponse. Il la chante dans les tribunes des stades, exutoire de toutes les contestations de la jeunesse populaire marocaine. « Elle est la voix du peuple ! », assure le jeune homme rencontré dans le quartier de Derb Sultan, fief des green boys, les supporters dont les tags verts, couleur du club, recouvrent les murs de chaque ruelle.
« Au dernier match du Raja, on a sorti le drapeau palestinien pour montrer qu’on n’est pas d’accord avec le gouvernement qui collabore avec le régime sioniste », poursuit Younès Khaye, en référence à la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham – une entente entre l’Etat hébreu et plusieurs pays arabes négociée par les Etats-Unis. Depuis, les visites d’officiels israéliens dans le royaume se succèdent et des coopérations se nouent tous azimuts dans les domaines militaire, sécuritaire, économique, commercial ou encore touristique.
Plus loin, à la terrasse d’un café, Mustapha*, 69 ans, abonde dans le même sens. Voilà bien longtemps que lui ne brandit plus le drapeau palestinien au stade ni dans la rue, et pourtant : « Tous les Marocains défendent la Palestine, affirme-t-il. C’est une cause juste que je défendrai jusqu’à la mort ! » La célèbre photo de l’équipe marocaine posant avec l’étendard palestinien lors de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar reste gravée dans sa mémoire, tout comme les tribunes inondées des couleurs de la Palestine. Pour lui, « le gouvernement n’a rien à voir avec l’opinion du peuple ».
Seulement 31 % des Marocains seraient favorables à la normalisation, selon un sondage publié en 2022 par le réseau de recherche non partisan Arab Barometer. Avec l’accession au pouvoir en Israël de courants ultranationalistes, hostiles aux pourparlers avec les Palestiniens, et la répression en Cisjordanie occupée, ce fossé entre classe dirigeante et opinion publique pourrait encore se creuser. « L’actualité met mal à l’aise, elle raidit. Beaucoup de gens sont atterrés par la politique d’Israël », observe le journaliste Jamal Amiar, auteur de l’ouvrage Le Maroc, Israël et les Juifs marocains (Bibliomonde, 2022).
« Trahison » pour certains, la normalisation avec Israël n’est pas toujours perçue comme telle. Lorsqu’il en parle, sur une petite place de Derb Sultan, Samir Assoli, 18 ans, évoque d’emblée le rôle du roi, Mohammed VI, qui préside le comité Al-Qods chargé de veiller sur la Ville sainte de Jérusalem. « Il envoie de l’argent là-bas ; il soutient la Palestine », affirme-t-il. « Notre pays est un médiateur : il défend une solution à deux Etats », renchérit, plus loin, Zinedine Katim, la soixantaine. A ses yeux, s’allier avec Israël et défendre la Palestine n’est pas incompatible : « Et il est normal que le Maroc défende ses intérêts. »
Bien qu’une majorité de la population s’y oppose, le Maroc est classé au second rang des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient les plus favorables à la normalisation (après le Soudan) par l’Arab Barometer, qui explique cette relative adhésion par les « avantages stratégiques » que les Marocains peuvent percevoir de ce rapprochement. A commencer par la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – autre cause largement fédératrice – que Rabat a obtenue de Washington dans le sillage des accords d’Abraham.
« Une bonne partie des Marocains se rallient discrètement à la position officielle du régime qui fait de la normalisation un choix pragmatique servant les intérêts du pays : intégrité territoriale, mais aussi intérêts sécuritaires, dans un contexte régional tendu avec l’Algérie, et intérêts économiques, souligne Aziz Chahir, enseignant-chercheur en sciences politiques à Rabat. Cette frange de l’opinion n’est pas contre le rapprochement si cela peut avoir des impacts socio-économiques favorables. »
L’acceptation de la normalisation se nourrit également d’une histoire commune entre les deux pays qui n’a pas d’équivalent avec les autres Etats arabes. « En Israël, il y a près de 800 000 juifs originaires du Maroc qui ont gardé des liens forts avec la terre de leurs ancêtres et la culture marocaine y est très présente, souligne le journaliste Jamal Amiar. Dans le royaume chérifien, la présence du judaïsme, qui remonte à plus de deux mille ans, imprègne la culture marocaine. »
Cet héritage a été entériné par la Constitution de 2011, qui reconnaît « l’affluent hébraïque » de l’identité marocaine. Il est aujourd’hui très présent dans les discours officiels pour montrer que la normalisation s’inscrit dans une continuité historique. Mais non sans risque sur l’opinion, avertit Saadia Elouallous, militante propalestinienne : « Pourquoi rattacher à notre composante juive, qui est indéniable, la normalisation, sinon pour créer la confusion entre judaïsme et sionisme, donc entre antisémitisme et antisionisme ? C’est précisément sur ce terrain qu’on veut nous emmener, pour faire de nous de vulgaires antisémites. »
Il n’en reste pas moins que, dans l’imaginaire collectif, « les rois alaouites ont toujours été des amis privilégiés des juifs et d’Israël », analyse Aziz Chahir. L’idée selon laquelle le roi Mohammed V a été un « protecteur » des juifs marocains sous le régime de Vichy y est ancrée. En 1986, la rencontre entre Hassan II et le premier ministre israélien Shimon Pérès a marqué les esprits, comme les liens que le souverain entretenait avec la communauté juive marocaine, jusqu’à nommer un conseiller politique, André Azoulay.
« Hassan II n’a jamais cessé de jouer sur les deux registres, ne coupant pas les ponts avec Israël tout en défendant la cause palestinienne, rapporte l’universitaire. Sa politique de rapprochement à petits pas, comme autant de ballons d’essai lancés pour jauger l’opinion, a préparé celle-ci à une future normalisation. » Mais sans que cette ligne rouge, à connotation de trahison, ne soit franchie.
En 2020, les accords d’Abraham ont mis fin à six décennies de relations non avouées, au cours desquelles les rencontres et les coopérations, notamment militaire et commerciale, s’opéraient en catimini. Affichés au grand jour, et plus forts que jamais, les liens entre le Maroc et Israël mobilisent aujourd’hui un parterre de militants et sympathisants propalestiniens opposés à la normalisation.
Même si « leur capacité de mobilisation est bridée à cause de l’affaiblissement des partis politiques d’opposition et des syndicats, la propagande des médias officiels, le recul des libertés publiques », souligne Abdelmoughit Benmessaoud Tredano, directeur de la Revue marocaine des sciences politiques et sociales, auteur de plusieurs publications sur la Palestine. « Il est loin, remémore-t-il, le temps des manifestations millionnaires de soutien à la cause que le Maroc a connues dans les années 1980 et 1990, jusqu’au début des années 2000. »
Régulièrement, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation – coalition de 19 partis politiques, syndicats et associations – organise des sit-in de quelques dizaines de personnes dans le pays. Comme le 6 juin, devant le Parlement, où un groupe d’amitié Maroc-Israël venait de se former. Un mois plus tôt, devant le Salon de l’agriculture à Meknès, contre la présence d’un « pavillon sioniste ». Ou encore le 10 juin, devant un supermarché Carrefour à Casablanca, pour appeler au boycottage de la marque. « La répression est quasiment systématique, dénonce Saadia Elouallous, membre du Front. A chaque action, on nous retire nos drapeaux, comme s’il ne fallait aucun signe palestinien dans l’espace publicIl n’y a peut-être que dans les stades qu’il est toléré. »

Contribuer
Édition du jour
Daté du lundi 31 juillet
Le génie Chaplin
Personnalités, événements historiques, société… Testez votre culture générale
La fabrique de la loi
Boostez votre mémoire en 10 minutes par jour
Offrir Mémorable
Un cadeau ludique, intelligent et utile chaque jour
Culture générale
Approfondissez vos savoirs grâce à la richesse éditoriale du Monde
Mémorisation
Ancrez durablement vos acquis grâce aux révisions
Le Monde Mémorable
Découvrez nos offres d’abonnements
Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.
Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
Comment ne plus voir ce message ?
En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.
Y a-t-il d’autres limites ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
Vous ignorez qui est l’autre personne ?
Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Lecture restreinte
Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article
Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.
Newsletters du monde
Applications Mobiles
Abonnement
Suivez Le Monde

source

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

هذا الموقع يستخدم خدمة أكيسميت للتقليل من البريد المزعجة. اعرف المزيد عن كيفية التعامل مع بيانات التعليقات الخاصة بك processed.

زر الذهاب إلى الأعلى